Si, sans nouvelles, vous avez déjà attendu un compagnon de cordée ou d’aventure, ne sachant comment il ou elle a négocié la rimaye ou la sortie du bar (rayez la mention inutile), lisez cette autobiographie de Jean Bourgeois qui est parue en 2012 chez le pointu éditeur Nevicata. Alpiniste belge, voyageur infatigable, Jean Bourgeois va être le héros, presque malgré lui, d’une effarante épopée en 1982 : rien de moins qu’une résurrection.
Parti avec une expédition franco-belgo-suisse pour réaliser l’ascension de l’Everest en plein hiver, depuis le Népal, Jean Bourgeois n’a pas la forme et finit par rebrousser chemin entre deux camps d’altitude. Pris de nausées, victime d’un début d’œdème cérébral, il choisit de descendre au plus vite pour perdre de l’altitude. Pour éviter une remontée et sauver sa peau, il bascule délibérément versant tibétain de l’Everest, où après deux jours de descente sans eau, sans sac de couchage ni visa chinois, il est recueilli par des tibétains. Survivant, mais clandestin, il ne peut donner de nouvelles à ses compagnons de cordée, de l’autre côté de la montagne.
Quelques jours plus tard, les Chinois lui mettent la main au collet alors qu’il tente de repasser clandestinement la frontière. Le temps que les choses s’arrangent, Jean Bourgeois est déclaré mort de l’autre côté de la montagne, et ses compagnons de cordée, qui n’ont pas vu sa descente imprévue, entament leur deuil, de même que ses proches en Belgique qui lisent la nécrologie de l’alpiniste dans les journaux.
Quand Jean Bourgeois, expulsé par les chinois, finit par regagner Katmandou, tous ses compagnons tombent de leur chaise devant l’improbable ressuscité de l’Himalaya. Et ils commencent par l’engueuler copieusement. Dans son livre, Jean Bourgeois revient sur cette épisode, mais aussi sur sa vie d’avant l’Everest, fait de voyages dans un Afghanistan encore moyenâgeux, dont un effectué au départ de Belgique …en Renault 4L. Une vie de montagnes et d’explorations préfacée par le regretté Robert Paragot.
L’équipe de la tentative hivernale à l’Everest 82-83, devant l’Ice-Fall. En haut : Michel Mabillon, René Ghilini, Emmanuel Schmutz, un visiteur, Alain de Blanchaud, Pierre Alain Steiner. Au premier rang de G à D : Jean Bourgeois, Louis Audoubert, Michel Metzger, Marc Batard et Michel Piola. Collection ©J. Bourgeois