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El Capitan : nouvelle voie en libre pour Tommy Caldwell et Alex Honnold

Tommy Caldwell © Austin Siadak

C’est le retour de la cordée magique, les enfants prodiges du Yosemite : Tommy Caldwell, l’homme du Dawn Wall, et Alex Honnold, le seul humain à avoir gravi El Cap sans corde. Cette fois-ci, ils ont inventé et réussi à enchaîner en pour la première fois en escalade libre une voie, New Dawn, sur les traces de celle imaginée par Leo Houlding. L’ouverture d’une nouvelle voie en libre sur le géant symbole du Yosemite reste un événement : rares sont encore les ascensions intégralement en libre de ce monolithe de granite. 

Cette fois-ci ils l’ont joué discret. Il faut dire que lors de l’ouverture du Dawn Wall en 2015, Tommy Caldwell et son partenaire Kevin Jorgenson avaient fait la une des médias, et peu à peu El Cap Meadows, la prairie au pied du monolithe de granite ressemblait à un champ de foire, attirant la foule. De son côté, Alex Honnold a signé le plus grand solo de l’histoire de l’escalade en gravissant Free Rider sans corde (ni baudrier) en 2018, ce qui a donné un très beau film, Free Solo. La cordée a donc oeuvré discrètement et vient seulement de communiquer, via les réseaux sociaux, sa réussite dans une nouvelle voie sur El Capitan.

 

El Capitan, kilomètre-étalon de l’escalade

A l’origine El Capitan, au coeur du Yosemite (Californie) ne se laissait gravir qu’à grand renfort d’escalade artificielle. Dans les années 80, puis 90, les pionniers ont défriché les voies existantes en ayant l’ambition de les réaliser en escalade libre. Le plus grand exploit fut celui de Lynn Hill qui libéra le Nose en 1993. Des américains comme Todd Skinner et Paul Piana s’employèrent dès 1988 sur Salathé, tandis que de rares grimpeurs européens investissaient les lieux comme Alex Huber qui libérait Freerider. Au tournant des années 2000, les frères Alex et Thomas Huber écument El Cap, signant la première du North America Wall, tandis qu’un jeune britannique, Leo Houlding, manque de peu de répéter leur ascension marquante à vue ! En l’occurence Leo Houlding est le premier, en 2001, à s’intéresser à cette zone d’El Capitan à droite du Nose, pour y tenter une voie en libre. Ce sera Passage of Freedom, une combinaison utilisant New Dawn, une variante du Early Morning Light (et donc pas si loin du fameux Dawn Wall). Houlding s’arrête à El Cap Tower, soit à mi-chemin. C’est là que le « meilleur grimpeur de big wall du monde« , Tommy Caldwell selon Alex Honnold, va se pencher sur cette demi-voie pour poursuivre New Dawn en libre jusqu’au sommet d’El Cap, ces dernières semaines.

Une nouvelle voie en libre sur El Capitan reste un événement rare : à l’heure actuelle les voies gravies intégralement en libre se comptent sur les doigts des deux mains (à peine). Et Tommy Caldwell n’y est pas pour rien : il est tout simplement le grimpeur le plus prolifique en la matière. Caldwell a ainsi gravi en escalade libre West Buttress en 2003 (première en libre), Dihedral Wall en 2004 (première en libre), le Nose en 2005 (3ème en libre), Magic Mushroom en 2008 (première en libre), et Dawn Wall (ouverture et première en libre) en 2015 ! Caldwell est non seulement un expert d’El Capitan, mais un expert de ce « mur de l’aube » où désormais il vient de créer une nouvelle voie en libre en suivant New Dawn sur les traces de Leo Houlding, et encordé avec son plus grand partenaire : Alex Honnold.

N’oublions pas en effet que la cordée Alex et Tommy a signé l’incroyable record d’ascension du Nose en moins de deux heures (1h58 et 7 secondes !) – en alternant libre et artif… et bien sûr, la cordée s’est rodée au fil des années. Honnold et Caldwell ont ainsi été les premiers à réussir la traversée intégrale des aiguilles du Fitz Roy en Patagonie, en 2014. Ces deux-là continuent à montrer la voie vers ce que l’escalade dite trad a de plus pur… et de plus extrême : concernant New Dawn en libre, Alex Honnold évoque simplement « des dièdres en 5.13 », soit autour de 8a minimum. Détail pour le moins original : dans le bas de la voie, Leo Houlding avait spité un insigne Alfa Romeo et s’en était servi comme prise… Dix-huit ans plus tard, les Américains ont, semble t-il, trouvé le moyen de faire sans l’emblème de la voiture italienne !