Vous le connaissez forcément, ce ronfleur invétéré, celui qui est à vos côtés en refuge et qui donne le tempo d’une nuit déjà trop courte. Portrait.
Le ronfleur est un compagnon fidèle de l’alpinisme.
En montagne, une nuit sans vrombissement serait presque inquiétante.
L’habitat du ronfleur est plus volontiers le dortoir du refuge que la tente de bivouac, les bivouacs présentant cet atout suprême du choix, avec qui l’on souhaite les partager ou ne plus jamais les partager.
L’expérience aidant, il est des signes permettant de reconnaître avec un fort degré de probabilité un représentant de cette minorité audible.
Le ronfleur est ordinairement un homme. Si les femmes se sont récemment dotées des plus hautes qualités masculines dont le quad, le dimanche en survêtement ou le doigt dans le nez, elles n’ont semble-t-il pas fait du ronflement un terrain de haute lutte paritaire. Nous les en remercions.
Il a la quarantaine bien tassée, souvent cinquante. Au fur et à mesure d’une vie qui rétrécit, le voile du palais semble inversement s’épaissir. On trouve peu de jeunes ronfleurs. La Nature est bien faite, l’homme ne révèle ce talent nocturne qu’une fois la parade nuptiale derrière lui.
Sa nationalité oriente peu. Le ronflement est de tradition internationale ; sorte d’esperanto, il y a de l’universalité en lui. Il est un des rares sons émis par l’homme que l’on n’a pas jugé utile de traduire dans chaque langue, les xénophobes auraient pourtant adoré détester ceux « qui ronflent pas comme chez nous.
CET ARTICLE EST RESERVÉ AUX ABONNÉS Connectez-vous ou abonnez-vous pour avoir accès à tous nos articles.