Un éloge de la cabane : Frédéric Desfrenne nous partage son concept… ou plutôt son art : celui de l’ensauvagement. Avec ce livre, celui qui s’est fait connaître sur Instagram, vient « mettre un point final à ce que l’on pourrait appeler la trilogie des cabanes ». Il se questionne alors : « Cette quête de dépouillement et de simplicité est-elle une esquive ou un retrait de cette société qui travaille à notre confort ? Ce besoin de trouver refuge, de renouer avec le sauvage est-il une forme de consolation ? ».
Dans cet ouvrage presque initiatique, à mi-chemin entre récit et essai, Desfrenne parcourt les différentes étapes de l’ensauvagement à travers plusieurs chapitres : l’appel, le retrait, la sagesse, l’échappée. Il nous parle avant tout de nature, mais aussi d’aventure, de philosophie et de simplicité.
L’ensauvagement associé à l’encabannement est un appel à l’aventure, un retour à l’essence humaine, à la nature… C’est une introspection au fond des bois. À travers ce concept, Frédéric Desfrenne propose de renouer avec le sauvage, et de s’exiler. Cet isolement permet alors de se réconcilier avec le silence et la simplicité, et de faire taire le flot constant d’informations qui nous irrigue au quotidien.
Tout quitter pour une cabane
au fond des bois
« Nous avons gardé un rapport particulier avec le « sauvage ». Ce mot est parfois utilisé pour stigmatiser l’étranger, l’incivilité. Pour ma part, il évoque surtout un appel à rejoindre les lisières de la société pour gagner l’inconnu, le préservé. Mais s’ensauvager c’est aussi renouer avec sa part de sauvage, ses pensées inexplorées, ses peurs inavouées. Renouer avec certains instincts, retrouver l’éveil des sens et lâcher prise ».Â
En parcourant les pages, on trouve également les mots de John Muir qui ont un sens particulier pour Desfrenne : « Le gout de notre époque à s’ensauvager dans la Nature est savoureux à observer. Des milliers de personnes épuisées, éprouvées, sur-civilisées, commencent à comprendre qu’aller dans les montagnes c’est rentrer chez soi ; que l’état sauvage est une nécessité. »Â
Ses réflexions et questionnements sont étoffés avec la photographie de multiples cabanes dans les différents massifs Français : la Cabane du Burat en Haute-Garonne, le Chalet du Léat dans le massif de Belledonne en Isère, la Cabane d’Artigussy à Parolle dans les Hautes-Pyrénées ou encore la Cabane du Vallon d’Âne, dans le massif du Devoluy. Nichées, perchées ou enneigées, toutes sont présentées comme des refuges pour le corps et pour l’âme.
Sur ces territoires préservés,
des massifs possèdent bon nombre
de cabanes non gardées
L’un des chapitres établit un guide de ces cabanes non gardées qui sont listées et commentées. Les coordonnées GPS sont renseignées ainsi que le nombre de couchages et l’équipement mis à disposition. Il nous balade de cabane en cabane entre les Alpes du Nord, les Alpes du Sud, la Lozère, les Pyrénées et les Vosges.Â
En fin d’ouvrage, dernier chapitre, l’auteur conte diverses anecdotes et aventures dans son parcours de « cabaneur ». Dans un registre presque épique, il manie jeu de mots, humour et nostalgie afin de nous plonger avec lui dans ses expériences les plus marquantes. C’est peut-être là la partie à la fois la plus personnelle mais aussi la plus originale. Son ouvrage sonne alors comme une invitation à l’ensauvagement.