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Comment se servir d’un DVA : révisez les bases de la sécurité et du secours avalanche avec le test du Mammut Barryvox S2

L’hiver est arrivé, et la neige est tombée en quantité ! Avec son lot de plaisirs et aussi le devoir se former et de s’informer sur la sécurité en montagne, et le secours en avalanche. Mammut vient de sortir la dernière évolution de son Détecteur de Victimes d’Avalanches, le Barryvox S2. Plus compact, plus léger et surtout plus intuitif, ce test de DVA est l’occasion de réviser vos connaissances avec Gary Ozeray, guide de haute montagne et formateur à l’ENSA.

Il a la trentaine et déjà un beau parcours. Ambassadeur Mammut, Gary Ozeray est guide de haute montagne, moniteur de ski et formateur à l’ENSA à Chamonix. Il travaille près de 150 jours par an sur la neige. Autant dire que le matériau, pour magique qu’il est, le concerne, d’autant qu’une bonne partie de son temps de formateur est dédié à la prévention des avalanches, et à la recherche de victimes.

« Les neurologues estiment que nous prenons environ 35 000 décisions par jour, dont une grande majorité se fait de manière inconsciente. Lors de notre journée de ski, il est inévitable que nous prenions des décisions influencées par notre inconscient, parfois biaisées. Il est donc primordial de réduire les risques dès le départ. Certes, la technologie progresse pour améliorer les secours en avalanche, mais il est essentiel de rappeler que le skieur doit d’abord réfléchir à sa manière de se déplacer en montagne afin de minimiser les risques » tient à préciser Gary Ozeray en préambule à cette session de formation avec le nouveau DVA Mammut Barryvox S2.

Gary Ozeray à Chamonix ©Jocelyn Chavy

C’est une manière de rappeler que ne pas se mettre en danger est la première des réflexions à avoir. Hélas, entre les mauvaises décisions, ou celles prises inconsciemment, l’accident arrive. L’avalanche balaie les skieurs, et ceux qui sont épargnés doivent réagir, et vite. Même si les secours peuvent être prévenus, le temps de survie enfoui dans une avalanche est de « quinze minutes en moyenne ». C’est court, très court.

Même avec un appel radio ou portable, les secours peuvent mettre plus d’une demi-heure à venir : le taux survie chute sous les 20% au-delà des 35 minutes. Si disposer d’un Détecteur de Victimes d’Avalanches fait partie du kit obligatoire en ski de rando avec la pelle et la sonde, savoir s’en servir est essentiel. Fabricant de DVA depuis 1968, Mammut sort cet hiver la nouvelle version de son DVA, le Barryvox S2. Cinq ans après sa précédente itération, jugée à l’époque comme la plus aboutie du marché, Mammut livre un nouveau Barryvox qui n’a qu’un seul objectif : rendre la recherche encore plus rapide et plus efficace !

Le temps de survie sous une avalanche ? 15 minutes en moyenne

Que l’on soit guide ou débutant en ski de rando, chacun va être soumis à un stress intense en cas d’accident. Alors oui : un bon DVA est d’abord un outil de secours que l’on connaît, avec lequel on s’est entraîné.

Lors de cette journée de formation partagée avec Gary Ozeray, nous sommes plusieurs à concéder être « rouillés » sur l’exercice de recherche. Nous faisons une série d’exercices avec un Barryvox S2 chacun. Gary va peu à peu reprendre les bases en pointant les différences et les avantages techniques du S2, qui est là pour nous simplifier la vie, tout en offrant le maximum de sécurité en cas de besoin.

La prise en main du Barryvox S2

Première surprise, le Barryvox S2 est très compact, plus fin et plus petit que le précédent, et plus léger. Son écran a été amélioré. Avec une taille de 2,3 pouces des une résolution de 300 x 240 px, il est conçu pour être lisible en plein soleil. Surtout, il est économe côté énergie, c’est-à-dire qu’il n’a besoin que deux piles AAA au lieu de trois pour la même autonomie.

Le premier réflexe en début de saison est le même qu’en fin de saison, rappelle Gary Ozeray. Il faut enlever les piles en fin de saison et en mettre de nouvelles en début de saison. Lui qui skie plus de quatre mois et demi par an change ses piles quatre fois dans l’hiver. Autant dire qu’un jeu neuf en début d’hiver fera la saison d’un amateur éclairé.

Le Barryvox S2, lui, informe directement le pratiquant en affichant dès l’allumage, et en permanence, le taux d’énergie dont il dispose. Si vous skiez plusieurs jours en montagne, ne partez pas avec des piles faiblardes, changez-les.

Il faut formaliser le test de groupe en début de sortie

Comme tout DVA, on a une position émission (« send »), et une position recherche (« search »). Dès la mise sous tension de l’appareil, le S2 propose une vérification de groupe. Histoire de vérifier que chacun a bien son DVA allumé, voici ce que conseille Gary. Il s’éloigne d’une dizaine de mètres et fait passer chacun devant ses spatules, avec son propre DVA en mode « test de groupe ».

En fait, le DVA a la capacité dans ce mode de chercher dans une sphère autour d’un mètre seulement, là où une recherche classique le ferait détecter tous les DVA dans un rayon de 70 mètres : vos copains et tous ceux qui sont sur le même parking !

Donc oui : il faut formaliser ce test en début de sortie et c’est facile avec le mode « test de groupe ». Tous les appareils sont compatibles quelle que soit la marque. Le bonus ? Le leader qui fait sa recherche test de groupe garde son DVA en mode émission pendant ce test. « Quand il va ranger son DVA, même s’il n’y prend garde, il sera en mode émission ».

La recherche de signal avec DVA, étape 1

Soyons direct : les progrès sont énormes depuis les tous premiers DVA qui indiquaient une indication de distance et une flèche à droite ou à gauche. L’interface de guidage est pourtant essentielle, car c’est le point de départ de la recherche de signal, première étape de la détection de la victime d’avalanche.

Sur le Barryvox S2, la portée atteint 70 mètres, ce qui est beaucoup. Dès qu’il passe en mode recherche, le DVA nous guide en nous indiquant le rythme à adopter avec un pictogramme. « Il faut se dépêcher au début, puis ralentir pour la recherche finale, puis être très précis et plus lent pour la recherche fine » précise Gary. Qui ajoute : pensez aux indications visuelles, gant ou bâton en surface, qui peuvent orienter votre recherche.

Au dos du S2 on a un rappel de la méthode : parcourir en « Z » la zone de la coulée.

La recherche de signal avec le Barryvox S2 ©JC

La recherche approximative avec le DVA, étape 2

Dès que le DVA capte un signal, il donne une indication de la distance et de la direction sur l’écran.

À partir de ce moment-là, on ne parcourt plus l’avalanche en zigzagant, mais on se fie aux indications fléchées de l’appareil. Gary a un conseil à ce sujet : une fois capté le signal de la victime, « il faut prioriser le chiffre, l’estimation de la distance, sur la direction ».

À partir d’une distance estimée de 10 mètres « il faut ralentir le rythme ».

La recherche large avec le Barryvox S2. ©JC

La recherche fine avec le DVA, étape 3

En-dessous de trois mètres, la recherche devient très précise. Un bon conseil quand le DVA indique moins d’un à deux mètres ? « Tenir le DVA au niveau du genou, horizontalement, ce qui va vous aider à obtenir la bonne estimation avec les variations de terrain » insiste Gary Ozeray.

On passe à la recherche en croix. C’est-à-dire que l’on se déplace sur une ligne tant que notre chiffre indiqué diminue, lorsqu’il augmente, on revient au point où il était le plus petit, puis on part perpendiculairement à droite ou à gauche, pour tenter de faire diminuer encore le chiffre. On répète l’opération autant de fois que nécessaire, sous forme de croix, afin d’obtenir la valeur la plus basse sur notre DVA.

Le but du jeu ? Trouver le signal le plus fort sur les deux axes. Une fois trouvé, on plante un bâton de ski.

On passe à l’étape suivante, le sondage.

Recherche fine avec le S2. ©JC

Le point d’ensevelissement est détecté et marqué de la sonde.

Le sondage

Gary Ozeray nous montre que toutes les sondes ne se valent pas. Sur celles de Mammut sont portées les distances en cm. Le contact ? C’est là qu’il faut, idéalement, s’entraîner avec un DVA dans un sac, enfoui dans la neige, pour comprendre la différence entre tapoter le sol dur à travers la neige et tapoter l’équivalent d’une victime. « Le sondage, c’est ni plus ni moins que valider l’étape précedente, à savoir, là où la distance est la plus faible. » explique Gary.

On procède à un sondage carré, illustré au dos du S2, qu’on reproduit ci-dessous. L’indication la plus faible trouvée, est matérialisée par la sonde de façon à garder avec précision le point de départ du sondage. Il s’agit de sonder tous les 25cm sous forme carré, comme sur le pictogramme ci-dessus, à partir du point d’éloignement de la victime le plus faible, que l’on a marqué dans l’étape précédente.

Le temps presse mais « c’est une étape cruciale qu’il ne faut pas négliger sous peine de pelleter trop de neige et de dépenser trop de temps, spécialement si on est seul à faire la recherche »  rappelle Gary.

Le pelletage

Ensuite, il s’agit de pelleter. Gary rappelle que seules les pelles en métal sont aujourd’hui sur le marché, si vous avez une pelle en plastique changez-là : non seulement les plastiques vieillissent mal, mais en plus celles-ci ne sont pas suffisantes pour découper de la neige gelée ou des blocs de neige durcie. Ensuite, si vous êtes plusieurs, Gary conseille d’avoir une personne qui pellette, et une qui évacue la neige plus loin, en se relayant.

Conseil de Gary : il ne faut pas pelleter directement à même la sonde, on se décale d’environ un mètre à un mètre cinquante, afin de creuser une plateforme plutôt qu’un puit et ainsi évacuer la victime sur du plat. C’est l’étape la plus énergivore et sur laquelle on peut également gagner du temps si l’on est efficace. Elle n’est surtout pas à négliger.

En exposant les durées nécessaires pour que les secours arrivent sur zone, « en une demi-heure ou moins sur Cham, et souvent plus ailleurs », et en admettant que la couverture réseau soit présente, Gary Ozeray énonce une vérité simple : en ski de rando ou alpinisme hivernal, dans le cas d’une avalanche, ce sont d’abord les personnes présentes qui doivent secourir les personnes ensevelies pour que celles-ci aient le plus de chance de survivre. C’est une question de temps, simplement. Le Mammut Barryvox S2 a tout pour guider et aider cette recherche dans les meilleurs délais.

À savoir, le Barryvox S2 est aussi vendu en pack avec la sonde 240 et la pelle Alugator Peak.

Les interférences

Les smartphones, mais aussi les GoPro, les montres connectées, plein d’objets sont susceptibles de créer des interférences avec le DVA. Gary Ozeray rappelle qu’il ne faut surtout pas mettre son DVA à proximité de son téléphone, a fortiori dans la même poche. Lui porte son DVA dans la poche de cuisse du pantalon, ou dans la poche de poitrine de la salopette. C’est un marqueur de génération plaisante-t-il : « les anciens sont toujours partisans du holster, mais les jeunes préfèrent sans ! »

Si vous optez pour la poche pantalon, pensez à vérifier que votre DVA est bien attaché par un clip au pantalon (les « bons » pantalons disposent d’une boucle ou d’un clip dans leur poche dédiée). Le Barryvox S2 dispose d’un système baptisé « Interférence Guard » pour diminuer les interférences. Mais lors de notre essai, nous voyons apparaître sur l’écran un pictogramme smartphone barré, pour nous rappeler d’éloigner notre smartphone pendant la recherche ! Plutôt malin.

La recherche multi-victimes

Lors d’une recherche où l’on suspecte plusieurs victimes, il s’agit en fait d’utiliser la touche « drapeau » du Barryvox S2 pour marquer l’emplacement des victimes une après l’autre (jusqu’à 16 victimes..).

Comment marche cette fonction ? Quand on détecte une première victime, dont le signal est le plus fort par rapport à notre propre position, on « marque » la victime en appuyant sur la touche Drapeau, et on marque au sol avec un bâton ou une sonde. Le DVA garde en mémoire cette victime mais va automatiquement baisser ce signal pour en détecter d’autres.

Après un deuxième marquage, le DVA va également baisser ce deuxième signal pour détecter un éventuel troisième signal, et ainsi de suite. « Cette option change tout » insiste Gary Ozeray. « En trois minutes on peut trouver trois victimes. Pas les sortir aussi vite, mais savoir où elles sont. C’est un gain de temps énorme ». Ne pas penser qu’une fois marqué, le signal de la victime 1 serait effacé. Le Barryvox S2 garde en mémoire chaque marquage, et « on peut scroller avec des flèches pour passer de la victime 2 à la victime 1». 

Rappelons que le DVA possède la fonction Rescue-Send qui, en fonction du paramétrage de l’appareil, fait qu’au bout de 2, 4 ou 6 minutes d’inactivité, le Barryvox S2 repasse en mode émission de lui-même. Ceci protégeant l’utilisateur en cas de sur avalanche et lui permettant d’être retrouvé à son tour.

Le Barryvox S2 version connectée

Mammut a lancé une application qui permet de paramétrer, personnaliser, et mettre à jour le firmware du Barryvox S2. L’app est dans les stores. L’apairage ne prend que quelques minutes. Une interface vraiment intuitive qui apporte un plus au Barryvox S2. D’ailleurs les professionnels peuvent avoir sur leur propre Barryvox S2 les infos des skieurs, y compris vitales puisque les Barryvox S2 sont équipés d’un capteur de mouvement ! Chaque mouvement dans un laps de temps donné est interprété comme un signe de vie et sera transmis au sauveteur. Rappelons que le mieux, que l’on soit débutant ou amateur éclairé, est de s’entraîner. Et si possible au moins une fois avec un guide de haute montagne !