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Cogne Ice Opening : la saison de glace est lancée

Tanja Schmitt à Cogne ©JC

La saison de cascade de glace est bien lancée : en vallée d’Aoste, le festival Cogne Ice Opening a tenu ses promesses, avec des rencontres, des alpinistes de renom, des ateliers complets pour tous niveaux, des fabricants qui prêtent piolets et chaussures, et de la glace déjà abondante. Et puis dès le tunnel du Mont-Blanc franchi, ce sont les vacances, avec les piolets qui démangent !

Ces rendez-vous sont rares, et précieux. En début de saison, les rassemblements de ski ou de glace comme ici à Cogne sont un pari – celui des conditions – et une promesse : celle de baigner pendant trois jours dans la culture de la cascade de glace, dans l’un de ses plus beaux lieux alpins : à Cogne dans la région d’Aoste.

Faut-il présenter Cogne ? Prenez de beaux villages – Cogne, Lillaz – encore préservés, des traditions, du vin local et du fromage (la Fontine) en quantité, la proximité du parc national du Grand Paradis, et bien sûr, des cascades de glace à profusion, Cogne étant situé à plus de 1500 mètres d’altitude. Ajoutez l’accueil chaleureux et en français des habitants, et vous obtenez l’un des plus beaux spots européens pour cette tranche d’alpinisme hivernal qu’est la cascade de glace.

C’est d’ailleurs à Lillaz, hameau au-dessus de Cogne qu’habite à l’année Matthias Scherer, qui organise le Cogne Ice Opening, trois jours de festival et d’ateliers dédiés à la cascade de glace. Ce jeudi 15 décembre débutait trois jours de rencontres, et de glace, puisque la vague de froid du début décembre a commencé à faire son oeuvre. 

Le mont Blanc depuis Lillaz ©JC

Cogne Ice Opening ©JC

Bienvenue à Cogne ! ©JC

Mise à jour de début de saison

Comme le raconte Benjamin Ribeyre, l’un des guides qui encadraient les ateliers du festival : « il y a une certaine hétérogénéité dans les groupes et finalement c’est une très bonne chose. Pourquoi ? Parce que les personnes plus expérimentées donnent des conseils et des astuces aux débutants, un échange qui offre autant de façons de se remémorer les bonnes pratiques ». C’est d’ailleurs tout l’intérêt des événements de début de saison, explique Benjamin, également président de la compagnie des guides Oisans-Écrins à la Grave.

« Comme l’événement Premières Neiges samedi dernier au Villar d’Arène, dédié à la découverte du ski de rando et à la prévention Neige, les ateliers du Cogne Ice Opening sont l’occasion de se remettre dans le bain en début de saison : technique, sécurité, sur tous les terrains, pour tous – et même pour les guides ! Au secteur Amphitheatro nous avons pu proposer aussi bien des lignes de glace pure que des voies en dry tooling ».

La veille, c’est séance affûtage des outils avec Petzl. Le soir, après une (ou deux) bières au Bar Cascate, c’est l’occasion d’échanger sur les différentes façons d’appréhender la glace : le débat fait rage entre les tenants de l’éthique « nord-américaine », selon laquelle aucune cordée ne peut s’engager derrière une cordée qui a déjà commencé une cascade, et les pratiquants plus …laxistes (ou français), pour qui, malgré les risques évidents de chutes de glaçons, cela reste possible. Heureusement, dans les classiques comme Lau Bij (deux longueurs), les quelques cordées prétendantes attendent leur tour. 

Sur le site de Molines. ©JC

Les stagiaires profitent du soleil matinal à Molines. ©JC

Le groupe sur le site de Molines, au frais ! ©JC

Pas de frontières pour Cogne

Pendant trois jours, les participants du Cogne Ice Opening ont pu tester les dernières chaussures Scarpa, les piolets et crampons que mettaient à disposition Petzl, Camp et Grivel, voire tester les sacs Samaya, avant de prendre la direction des ateliers : à Molines, un pan de cascades a été créé par arrosage, et se révèle un superbe spot d’une vingtaine de mètres de hauteur pour cent de large, de quoi mettre un paquet de moulinettes ! Autre secteur idéal : l’Amphitéâtre de Lillaz, juste au-dessus de la cascade éponyme, qui réserve piliers de glace et lignes de dry tooling, le tout encadré par les guides de Cogne et de Vallée d’Aoste, la guide Heike Schmitt, ainsi que deux guides français, B. Ribeyre et Aurélien Vaissière.

Pendant trois jours, les participants du Cogne Ice Opening ont ainsi baigné dans la culture de la glace, et de l’alpinisme, y compris de haute volée, avec la soirée du samedi dans le cinéma de Cogne. Trois réalisations y étaient présentées. La première à l’honneur fut celle de Matteo Della Bordella et David Bacci qui ont raconté leur première ascension sur le Cerro Torre (avec M. De Zaiacomo). Brothers In Arms a été la conclusion d’une longue quête, démarrée par les grimpeurs britanniques, et achevée par les italiens – la cordée des Ragni di Lecco de Matteo Della Bordella, une très grande réalisation assombrie par la mort de Korra Pesce, tué par des blocs de glace alors qu’il venait d’ouvrir une autre voie parallèle à celle des italiens. 

Benjamin Ribeyre ©JC

Matteo Giglio à Molines ©Jocelyn Chavy

Les guides de Cogne expliquent la technique ©JC

Matteo Della Bordella (à g.) et David Bacci (à dr.) avec Matthias Scherer.

Tanja Schmitt dans Lau Bij ©JC

Sous le beau soleil de Valeille ©JC

La soirée s’est poursuivie avec une séance ciné-glace avec l’Ultra Glace, l’intégrale de la Grave ou les 5 grandes cascades enchaînées par Léo Billon et Benjamin Ribeyre en 2021, 2500 mètres de glace en une journée !

Last but not least, la soirée se concluait par le beau récit de Jérôme Sullivan et Christophe Ogier à propos de leur aventure épique, la première du Pumari Chhish East dans le Karakoram (avec V. Saucède). Des images d’alpinisme très engagé plein la tête, de quoi être inspiré avant un lever très matinal et très frais (moins seize degrés !) pour les plus motivés, partis grimper les classiques telles que Patri.

Matthias Scherer dans son élément à Cogne ©JC

Glace italienne

Avec Matthias Scherer et Tanja Schmitt, nous sommes partis à la recherche d’une belle ligne dans le vallon de Valeille : mais celle convoitée, Coyote, n’était pas du tout en conditions : c’est le jeu en glace, celui de l’incertitude, un jeu qui permet d’être seul et de savourer quand ça marche. Sur le chemin du retour, Matthias eut une idée, en passant devant la haute épée de Hard Ice : « la première longueur est belle, avec d’énormes méduses, comme en Norvège ! » La glace fut belle, abordable quoique délicate et technique avec ces grosses formations, typiques des gros débits de la Norvège où Matthias et Tanja prennent leurs quartiers chaque hiver. Rendez-vous donc en Scandinavie en février prochain pour l’Arctic Ice Festival, organisé par le couple de passionnés avec la guide Heike Schmitt, pour les passionnés… de glace.