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Cap sur El Cap : Une aventure bas-carbone haute en émotions !

Paroles de réal'

Seb Berthe, Dawn Wall ©Julia Cassou

Entre tempêtes, pannes de moteur et coinceurs, le film Cap sur El Cap retrace l’aventure de Seb Berthe, Soline Kentzel et toute l’équipe de grimpeurs-marins qui traversent l’océan Atlantique (deux fois !) pour aller escalader le célèbre El Capitan aux États-Unis. Mais une formidable aventure fait-elle forcément un bon film ? Réponse avec Morgan Monchaud, l’un des réalisateurs du film, qui sera projeté au Chamonix Film Festival.

FODACIM : Peux-tu nous présenter Solidream qui réalise le film ?

Morgan Monchaud : Solidream est un collectif d’amis d’enfance. En 2013, en rentrant d’un voyage de 3 ans autour du monde, on a réalisé un film de 90 minutes. Ce film a rencontré un vif succès qui nous a permis de continuer à partir à l’aventure et d’en faire des films. Ce qu’on a fait jusqu’en 2017.
À partir de ce moment- là, on a commencé à avoir des demandes d’aides dans le travail de réalisation et production dans des films d’aventure. Nico Favresse et Seb Berthe nous ont sollicité pour leur film Alpine Trilogy. Seb est revenu vers nous pour Cap sur El Cap. On a assuré, sur ce film, tout le travail d’un réalisateur et d’un producteur.

Comment choisissez-vous les films que vous produisez ?

M.M. : On choisit les projets qui sont en accord avec ce que Solidream a toujours fait : des voyages aventure, avec un minimum de moyens motorisés, aucune motivation par l’exploit, une dimension collective originale. L’état d’esprit dans lequel les gens vont vivre leur aventure nous intéresse beaucoup plus que la performance.

Soline Kentzel ©Julia Cassou

Qu’est ce qui vous a donné envie de produire le film Cap sur el Cap ?

La première raison honnête c’était de travailler de nouveau avec Seb Berthe. On avait travaillé avec lui sur Alpine Trilogy et c’était vraiment fluide, simple, agréable…

Le deuxième point, c’est que c’est le film qui est le plus proche de notre premier film, Solidream, qui est un peu notre ADN. L’aspect collectif, le voyage au long cours et la dimension non motorisée sont les trois points qui nous ont beaucoup séduits dans le projet.

L’aspect collectif, le voyage au long cours
et la dimension non motorisée Nous ont beaucoup séduits

Vous n’étiez pas présents pour prendre les images. Comment s’est passé le tournage ?

On a fait une journée de formation pour leur donner les bases en tournage, les choses sur lesquelles se concentrer comme le son. Toute l’équipe était motivée pour faire le film. Julia Cassou, qui faisait partie de l’équipe, est photographe professionnelle et était intéressée pour faire des images.

Pour le pur scénario, on les a encouragé à ne pas scénariser mais à filmer les choses comme elles viennent. Le but était clairement qu’ils vivent leur aventure comme elle vient et qu’ensuite on essaierait de la raconter du mieux possible.

À la réception des images, comment avez-vous trié les rushs ?

Au tout début du projet, on écrit une histoire, une intention de ce qu’on aimerait faire dans l’idéal. On a fait cela par rapport à ce qu’ils nous ont raconté puisqu’on a été en contact avec l’équipe pendant tout leur voyage.
Ensuite, on regarde l’intégralité des rushs de leur voyage. Avec ça, on va chercher deux choses : la qualité du rush (son et image) et les rushs où il se passe des événements forts. Et on voit si on a la matière pour raconter ce qu’on veut. Il y a aussi un gros travail de remettre par écrit tout ce qui a été dit lors des interviews. Il faut trouver comment raconter l’histoire à travers leurs mots, sans mettre de voix off.

Les trois points qu’on recherche sont donc la qualité narrative lors des interviews, la qualité des images et la puissance des événements.

on veut raconter l’ascension de Soline sur Golden Gate
parce que c’est un événement fort
mais il nous manque des images de qualité

Et comment décidez-vous quels moments sont importants à montrer ou non ?

On décide ensemble des événements qu’on va essayer de raconter. Par exemple on veut raconter l’ascension de Soline Kentzel sur Golden Gate parce que c’est un événement fort mais il nous manque des images de qualité. En revanche on a des rushes où on entend Seb qui commente le projet de Soline, on a des images filmées au téléphone, on a des rushs avec de l’émotion véhiculée… On peut donc réussir à raconter cette ascension de façon touchante pour le spectateur. On veut construire des séquences qui correspondent à la quête des protagonistes et de notre histoire. Puis il faut qu’on arrive à les joindre les unes aux autres de façon fluide, logique dans la narration et avec un rythme qui tient le spectateur éveillé avec une alternance de rythme, d’émotions…

Le film est en co-production avec Ushuaïa TV, qu’est-ce que ça veut dire ?

Il y a un investissement financier de la part du co-producteur et quand la co-production est avec une chaîne TV, elle diffuse ensuite le film.
Ushuaïa TV connaissait le dossier de départ donc l’intention a été validée. Ensuite, quand on travaille sur le montage du film, on le leur envoie dès qu’on a une version « correcte ». Ils nous font un retour et de notre côté on essaie de répondre à leurs attentes. Jusqu’à présent, à chaque fois qu’on a travaillé avec Ushuaïa TV, ils nous ont rarement fait des retours difficiles à modifier.

L’aventure, c’est aussi acheter un van qu’il faut réparer… plusieurs fois. © Julia Cassou

Soline s’entraîne sur le voilier, en direction des États-Unis. ©Julia Cassou

Comment sait-on qu’une aventure peut donner un bon film ?

Honnêtement je ne connais pas la recette magique parce que je pense qu’il y a beaucoup d’ingrédients. Pour l’instant, on choisit les projets plutôt par rapport à notre ressenti sur l’aventure : Est-ce qu’on a envie de travailler avec ces personnes ? Est-ce qu’on partage les mêmes valeurs ? Si l’envie de faire le film est forte avec le groupe en question, on va sûrement faire un meilleur film.

Les questions liées à l’environnement sont importantes quand vous produisez un film ?

Dans nos films, on ne veut surtout pas parler d’environnement de manière frontale. On a envie que ce soit présent, mais sans en parler directement. Des gens font des films sur ces sujets-là qui sont très bons et, de notre côté, ce n’est pas notre domaine. Mais c’est quand même essentiel que ce soit présent dans l’ADN de l’aventure ou du projet en question.

Cap sur El Cap (52’), réalisé par Brian Mathé et Morgan Monchaud. Un film FODACIM.

Voir le film : le vendredi 16 juin au Chamonix Film Festival