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Nos clichés, encore eux

Les choses de la montagne n’échappent pas à la règle. Petit à petit, immergés dans un univers commun, nous finissons par tous nous ressembler. C’est l’histoire de l’identité, ses bonheurs et ses travers. La photographie illustre cette tendance à l’uniformité. Nous faisons les mêmes. Il est ainsi, chez l’alpiniste-grimpeur en vadrouille, des images incontournables, des standards.
De ces photos clichés.

La lumière intérieure. Une fois lové dans notre tente de bivouac, enfin bien au chaud de notre duvet, nous ressortons, modestement vêtus, au sombre, au vent et au froid pour prendre en photo cette même tente, éclairée de l’intérieur.
C’est, sachez-le, un geste de délicatesse. Nous souhaitons par là nous assurer de l’opacité des parois afin de ne pas importuner visuellement nos voisins de palier. Les alpinistes sont des gens de pudeur, de nombreux indécents des plaines feraient bien de s’inspirer.
Souvent, on est déçu. On devine trop aisément, bien que gracieuse, la silhouette de notre colocataire. On lui demande de bouger les bras pour voir alors il fait le chien avec ses mains, en ombre chinoise ; régulièrement, il se trompe et mime le chameau mais en continuant à faire whouaf. C’est un moment du voyage où la perspective de dormir bientôt chez soi, à l’opaque abri de ses quatre murs, redevient séduisante.

©Ulysse Lefebvre

La mémoire trouble. Il n’y a pas voyage vertical sans qu’un jour ou plusieurs, les conditions de la montagne se crispent. Elle gronde. Vent, neige, visibilité réduite et autres réjouissances. Sur le