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Test Piolet Black Diamond Hydra

Black Diamond vient de sortir son nouveau piolet-traction pour la glace et le mixte, le Hydra, et c’est événement. Pourquoi ? Parce qu’il est finalement assez rare qu’un nouveau piolet-traction sorte sur le marché. Un marché qui pour la cascade de glace, le mixte difficile et de manière générale l’alpinisme technique ou le dry tooling, se résume à quatre ou cinq marques, qui proposent un outil et éventuellement une déclinaison de cet outil plus ou moins éloignée de l’original (poignée, etc).

L’année dernière, Simond a proposé avec le Mamba son premier piolet-traction (disons depuis l’historique Chacal de la marque, qui n’appartenait alors pas à Decathlon), avec un design et surtout un équilibre de frappe plutôt réussis. Sur le marché il y a l’ex-piolet de Cassin, désormais Camp, avec le X-Dream, un piolet au design très agressif et à la poignée très confortable qui le rendent très efficace en dry tooling. Quelques autres marques proposent leurs modèles phares pour la glace (Grivel bien sûr, DMM, et le petit nouveau Molecule Climbing).

Et puis restent les deux marques leaders du secteur, Petzl et Black Diamond. La première a sorti son best seller, le Nomic, (alors badgé Petzl Charlet !) il y a déjà fort longtemps, et l’a fait évolué par petites touches, principalement en ce qui concerne la poignée (puis le manche). Chez Black Diamond, après feu le Fusion, c’est le Fuel qui tenait le haut du pavé : un piolet parfait pour la glace dure, mais peu modulable. C’est pourquoi ce nouveau piolet Hydra n’a pas grand-chose à voir avec son prédécesseur. 

Le Black Diamond Hydra avec le mini marteau, et en gris, la demi-masselotte lourde (une de chaque côté de la tête).

La poignée réglable avec des entretoises (entre zéro et deux). Ici, il y en a une.

Disons-le d’emblée. Le shape de l’Hydra ressemble beaucoup à celui du Nomic. Et pour cause : hormis une poignée un poil plus longue, le design des deux piolets (angle de la poignée, angle du manche, distance lame-manche, etc) est à peu près le même !

Il faut croire que le piolet traction est arrivé, après trois décennies de développement, à maturation. Sur ce plan, et sur le terrain, il n’y aura pas de surprise. Le swing de l’Hydra est parfait, et en venant d’un Nomic, on ne sent pas la différence.

Hormis le design général, deux éléments clés sont à prendre en compte : le premier, c’est la tête du piolet. Si le Fusion était peu modulable (seule la lame était changeable), l’Hydra propose trois lames, mais aussi deux marteaux (un micro marteau, de série, et un marteau « alpin » pour taper des clous plus facilement). Le mini-marteau de l’Hydra est plus petit que celui du Nomic. L’idée – excellente – de Black Diamond est de proposer de moduler le poids dans la tête en fonction de l’activité ou du souhait du pratiquant avec des masselottes …modulaires. Le poids se module donc sur la tête du piolet.

Sur l’Hydra de gauche, on voit en noir la masselotte légère. Sur l’Hydra de droite, couleur argent, la masselotte lourde. Chaque piolet a deux masselottes. On peut mixer en mettant une lourde et une légère.

Le Black Diamond Hydra en test. ©Volodia Constant

Avec ce système innovant baptisé Integrated Component Exchange (I.C.E.), on choisit quelles masselottes on veut (des Head Spacer), celles-ci étant intégrées à la tête et non pas fixées sur la lame (comme sur un Nomic). Livré monté avec une demi-masselotte lourde (Heavy Head Spacer) de chaque côté de la tête du piolet, on peut changer en mettant deux demi-masselottes légères (Light Head Spacer).

Mais on peut aussi – ce que nous avons fait – mettre une demi masselotte légère, et une demi masselotte lourde. Avec cette dernière configuration on a la même sensation en main qu’avec un Nomic et ses masselottes, tandis qu’un Hydra avec ses masselottes lourdes est plus …lourd que ledit Nomic et ses masselottes. Si vous avez suivi, cela fait donc trois configurations de poids possibles : léger pour du dry, et plus ou moins lourd pour la glace pure…

Test de l’Hydra en Oisans. ©Ulysse Chavy-Bellot

Deuxième élément-clé : la poignée. Un point crucial ! Sur le Nomic la partie inférieure de la poignée pivote sur un axe. Sur l’Hydra il s’agit d’enlever ou d’ajouter une à deux entretoises pour rallonger la poignée. Astucieux, mais il faut serrer fort pour bien « recoller » la partie inférieure de la poignée avec le reste du piolet. Sinon c’est top.

Contrairement au Mamba cité plus haut (et dont le principal défaut est d’en être dépourvu) disposer d’une poignée réglable sur un outil à 250 euros pièce est un must. Cela permet de prêter ses piolets, mais surtout de régler différemment la poignée en fonction des gants qu’on envisage d’utiliser. Face nord ou dry tooling, les mêmes mains n’ont pas les mêmes gants. Très bien, même si un petit détail est perfectible : le piolet est livré avec l’ICE pick, une mini pointe en métal, avec un petit trou dans lequel il est quasi impossible de passer une vraie cordelette pour leash. Il faut donc investir dans l’Alpine Pick, plus gros, pour pouvoir clipper des cordelettes de leashs. [Mise à jour 12/01 : on a réussi à passer une cordelette en 3mm – une fois démonté l’ICE pick. Du 4mm doit pouvoir passer, mais ça reste fin]

©JC

Sur le terrain

On l’a dit : dès la prise en main, le swing est excellent. Dès la première longueur, ce Black Diamond Hydra répond présent, avec une frappe précise, un ancrage parfait. L’équilibre du piolet a été travaillé, et il se plante tout seul. Avec une masselotte lourde en moins (et nombreux seront celles et ceux à mettre deux masselottes légères), on pourrait dire que le piolet flagship de Black Diamond s’est européanisé. Et en bien. C’est une réussite : que l’on soit débutant ou motivé par les tubes en 6, l’Hydra conviendra à tous les publics.

Deux détails sont à souligner. Le premier concerne la lame. Celle-ci est interchangeable : livré avec l’ICE Pick, la lame glace, on peut mettre à la place une lame Dry Pick, ou une lame Mixed, qui ressemble d’ailleurs plus à une lame universelle. L’ICE Pick, elle, a besoin d’un coup de lime : comme souvent (et chez d’autres fabricants), cette lame sortie d’usine a une entame trop raide, un bout de lame trop « vertical » si vous préférez, et les premières dents ne sont pas assez taillées en pointe. Tout cela induit un désancrage parfois difficile ! Mais une fois affinée, customisée par un coup de lime appropriée, tout peut rentrer dans l’ordre.

Deuxième détail, la poignée. La préhension est très bonne. Mais sur l’Hydra il n’y a que très peu de protubérance en forme de gâchette pour caler l’index. Celle-ci permet de faire swinguer le piolet plus facilement. C’est un petit confort supplémentaire que Black Diamond aurait pu ajouter sur l’Hydra. C’est un détail, mais à nos yeux le seul petit bémol de ce piolet bien né.

CONCLUSION

C’est l’heure de la maturité chez Black Diamond. Avec ce piolet Hydra, la marque américaine livre un outil presque parfait, à la frappe précise, agréable, qui permet de s’économiser un maximum, grâce à son excellent ancrage. L’équilibre du piolet est très bien étudié. Sa modularité complète permet de transformer l’Hydra en piolet de dry tooling, de glace pure, ou même de face nord (avec un vrai marteau si besoin), selon l’activité envisagée. 

Caractéristiques

POIDS : 610 grammes la paire avec masselottes légères PRIX : 300 € (prix officiel)