Il y a 40 ans jour pour jour, Reinhold Messner foulait l’Everest pour la seconde fois. Mais en pleine mousson, le jeune italien avançait sans oxygène complémentaire et seul sur la montagne déserte. Depuis ce jour d’août 1980 où il réalisa l’impossible, le toit du monde s’est transformé. Ou plutôt : les hommes l’ont transformé. Rencontre avec le fervent défenseur d’un alpinisme exigeant.
Monsieur Messner est un homme pressé, plutôt business class comme nous vous le décrivions dans ces pages. C’est pourquoi, lorsque le téléphone sonne à 20h30, mieux vaut y répondre sans attendre pour ne pas laisser échapper l’interview espérée depuis des jours. Alors qu’il tient une réception dans l’un de ses châteaux du Trentin-Haut Adige (Süd Tyrol pour les germanophones), celui qui est devenu homme d’affaires et de conférences répond aux questions entre deux petits fours, avec toujours la même verve. Trop de verve ? Peut-être et le discours est quelque peu rôdé. Pensez : cela fait plus de 50 ans que Reinhold Messner raconte, s’explique, se justifie, défend, observe, analyse et critique.
C’est peut-être d’ailleurs cette dernière activité qu’il développe beaucoup ces derniers temps, étant de plus en plus exigeant dans sa manière de considérer l’alpinisme qu’il dit « traditionnel » par opposition à d’autres pratiques émergeantes, sportives ou mercantiles. Et il ne mâche pas ses mots.
Exigeance ou élitisme ?
Pourtant, cet œil critique est peut-être un rempart nécessaire aux dérives commerciales de la montagne, qu’il s’agisse des expéditions guidées à l’Everest ou plus
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