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Ouverture aux Bans par Vedrines, Détrie et Cruvellier De Luze

Bans Bino en face Est

Actif comme jamais, Benjamin Védrines a ouvert une nouvelle voie en face Est des Bans, dans les Ecrins, avec Mathieu Détrie et Julien Cruvellier De Luze. En cette fin d’été, le trio signe une nouvelle ligne exigeante entre la Giraud et la Cambon-Francou. Ambiance. 

Les 04 et 05 septembre derniers, nous avons ouvert un itinéraire en terrain d’aventure dans la face est des Bans, entre la voie Giraud et la voie Cambon-Francou, sur un pilier évident. Cette ouverture fut le fruit d’une coopération fraternelle entre trois guides locaux, Mathieu Detrie, un habitué des Premières, Julien Cruvellier De Luze, un hors cadre solide, et moi-même, jeune Diois émigré.

 Nous avons passé deux journées magnifiques là-haut, avec une météo incroyable, des moments de grandes rigolades avec une bande de potes imprégnés par la même passion. Avec le refuge des Bans et sa célèbre fondue comme camp de base, on ne pouvait pas mieux rêver pour clôturer cette belle saison d’alpinisme.

 La ligne est raide et suit un cheminement assez logique, sauf au milieu où nous avons un peu « forcé le passage », pensant que c’était la bonne option. Or il s’avérait plus facile d’opérer un contournement par la gauche. Mais c’est la ligne que nous avons suivie, elle a du caractère.
Certaines longueurs sont en rocher délicat, pour autant c’est bien grimpable. Si on sélectionne bien les prises, le rocher des Écrins est toujours bon !

Julien dans L2 (6b) ©Coll. B. Védrines

Julien à l’ouverture de L5 (6c). ©Coll. B. Védrines

Ambiance dans L6. ©Coll. B. Védrines

Mathieu dans le crux de L7, à froid, pas facile ! ©Coll. B. Védrines

Le plus intense des moments fut la première longueur en 6c, où Julien s’élance dans le un mur raide après avoir tergiversé longtemps, se posant la question de la faisabilité, ou non, de l’engagement physique que lui imposait la falaise. Les premiers mètres furent délicats, comme les suivants. Depuis le relais avec Mat, nous observions avec attention chacun de ses mouvements, espérant qu’il ne se retrouve pas coincé, si loin du dernier point qu’il avait installé. L’issue devait être par le haut, le retour en arrière étant trop difficile. Avec prouesse il parvient, après plus de 10 mètres de « run out » en 6c, à poser deux bons coinceurs, puis un relais. Ouf…

Dans cette longueur exigeante nous avons décidé de poser un goujon au tamponnoir afin que les répétiteurs puissent grimper « humainement ». Nous avons aussi trouvé des traces de retraite, à savoir un spit juste avant les premiers passages en 6c, ainsi que qu’un relais sur deux pitons dans la cheminée en 7a+.
L’itinéraire est intéressant pour qui aime bien grimper ce genre d’escalade engagée, en haute montagne, avec du rocher pas toujours bon, dans une ambiance magique.

Pourquoi Bans Bino ? Bambino signifie « enfant » en italien. Pour la petite histoire, Mathieu attendait une fille qui est venu au monde seulement quelques jours après cette première. Et puis, on voulait rendre hommage à nos amis disparus il y a bientôt un an, Pierre Labbre et Max Bonniot. Tous les deux étaient d’inconditionnels fans de Jean Dujardin et OSS117. 
Alors, lorsque vous grimperez cette voie, si un jour vous osez, pensez à eux, et mettez à fond la musique « Bambino » de Jean Dujardin accompagné par l’Orchestre Oriental (dispo sur toutes les plateformes !).
Bonnes rigolades !

Benj à l’ouverture de L8. ©Coll. B. Védrines

Mathieu sort de L8, superbe longueur ! ©Coll. B. Védrines

Mathieu part pour la dernière longueur dure, un superbe 6b. ©Coll. B. Védrines

Mathieu sinue dans ces immenses surfaces de gneiss. ©Coll. B. Védrines

Le glacier de la Pilatte, la Barre des Écrins à droite, l’Ailefroide, le pic Sans Nom et le Pelvoux. ©Coll. B. Védrines

Les trois compères sur l’arête faîtière ! ©Coll. B. Védrines

Le topo

L1 
20 mètres à droite de la Giraud, s’engager à l’aplomb d’une niche caractéristique. Démarrer par une fissure ocre, 3+. Au dessus de celle-ci on rejoint des gradins faciles. Les remonter jusqu’à la cheminée, puis faire relais au niveau de la niche, légèrement à gauche. 45m, 3+.

L2
S’engager au dessus dans la rampe évidente. La suivre (4), puis passer un surplomb par la gauche. Se rétablir, puis faire relais quelques mètres au dessus, cinq mètres sous un toit, avant la prochaine longueur qui traverser à droite en empruntant une inversée évidente. 30m, 5+.

L3
Traverser en diagonale droite, 6a. Passer l’écaille, prendre pied dans un couloir facile, continuer en direction d’un surplomb. Négocier ce surplomb de gauche à droite. A la sortie de la partie raide, une petite marche avec bonne fissure, relais possible. Continuer 15 mètres au dessus, pour faire relais sur une vire confortable. 40-45m, 6b.

L4
De la vire, forcer le surplomb juste au dessus, puis continuer dans le dièdre évident. A la sortie du dièdre traverser vers la gauche sur une petite marche, en direction d’un autre dièdre. Faire relais dans le dièdre à gauche de la marche au pied du surplomb blanc friable, à gauche de l’aplomb d’une tâche verte très caractéristique. Une rampe se poursuit vers la gauche. 35m, 5+, rocher friable.

L5
Du relais, partir dans le rocher compact en ascendance droite, puis quasi à l’horizontale, jusqu’à un dièdre une vingtaine de mètres plus loin (spit). De ce dernier, continuer droit une dizaine de mètres à peine, puis basculer à gauche pour rejoindre un dièdre dans la partie raide, regardant vers la gauche. Très difficile à protéger, un spit au milieu. Relais 3 mètres à gauche de la fin du dièdre, un spit et un friend. 30m, 6c.

L6
Traverser à gauche, sur la rampe évidente Sur une plateforme on arrive au niveau d’un bon becquet, passer la courte dépression à gauche puis grimper en traversée ascendante gauche une partie compacte. Relais quasiment au pied d’une fissure, 10m après la plateforme. Relais 1 spit +0,3. 5c, 30m.

L7
Du relais, traverser à gauche, récupérer le fil fracturé. Laisser la première fissure flanc droit et basculer flanc gauche. Puis revenir dans la fissure initiale. Remonter la cheminée licheneuse, 2 pitons au milieu. Lorsqu’il y un dévers, s’échapper à droite, relais sur une bonne plateforme, deux spits. 30m, 7a, rocher délicat.

L8
Du relais, monter droit, rejoindre la fissure à gauche. Passer le petit dévers, continuer dans la cheminée qui suit. On arrive sur une rampe. Prendre celle-ci vers la gauche, faire relais au niveau d’un gros becquet, avant que çà ne devienne compact. 25m, 6a.

L9
Du becquet, partir à gauche en traversée horizontale, en direction d’un mur compact raide suivi d’un dièdre. Passer un dévers pour prendre pied dans un mur compact. Rejoindre le dièdre (un pas protégé par un spit). Poursuivre dans le dièdre, partir en légère ascendance droite. Sous un deuxième dièdre, on voit une rampe partir à droite. Ne pas la prendre mais s’engager dans le dièdre au dessus. Ce dièdre va de droite vers la gauche. A sa sortie, prendre pied à gauche sur une rampe en beau rocher orangé, relais sur un large becquet. 45m, 6c.

L10
Au dessus, un beau mur orange. Prendre droit, sans aller chercher la rampe bien à droite. Passer à droite d’une tour. Bonnes prises, se protège bien. Relais sur le fil qui se couche, becquet. 40m, 6b.

L11
Continuer à droite du fil dans des gradins faciles. Au niveau d’un ressaut raide, soit passer à droite, emprunter un couloir, et rejoindre une brèche entre les deux dernières pointes du Pilier Est (relais sur becquet), soit grimper ce ressaut, et rejoindre le becquet au niveau de la brèche par une très courte désescalade. 45m ?, 3+.

L12
De cette brèche, ne pas monter au sommet de la dernière pointe, mais traverser flanc gauche pour aller rejoindre une brèche très profonde. Petite désescalade impressionnante. 4+. De cette brèche continuer au-dessus puis faire relais à droite pour distinguer un couloir. Relais sur le fil de la rive droite du couloir. 4+, 35m env.

L13
De là, soit partir flanc droit du fil, par des ressauts en 3+ max (présence de neige possiblr). Soit à gauche du fil par un dièdre. Dans tous les cas rejoindre le flanc gauche. 3+, 40m.

L14
Remonter flanc gauche ou dans le couloir, on arrive à la crête sommitale, non loin du sommet. 3 max, 50m.

Aller au sommet ou entamer la descente, par la voie de descente usuelle, en passant par le névé oval (au total 3 rappels nécessaires).