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Nirmal Purja accusé de harcèlement et abus sexuels : la boite de Pandore est ouverte

C’est une affaire de harcèlement sexuel qui résonne comme un tremblement de terre dans le milieu de la montagne. Nirmal Purja, l’himalayiste népalais au sommet de la gloire, est accusé par deux anciennes clientes de harcèlement sexuel et d’abus sexuel. L’affaire est sortie le 31 mai dernier dans le très honorable New York Times. Les témoignages de la Finlandaise Lotta Hintsa et de l’Américaine April Leonardo sont crus et éloquents. Que ce soit au camp de base du K2 ou à l’hôtel Marriot de Katmandou, toutes deux rapportent des comportements qui relèvent du harcèlement ou de l’agression tels qu’irruption inopinée et forcée dans la tente personnelle, attouchements, propos explicites, masturbation, insistance après un refus clair… La liste est longue et détaillée. 

©UL

Les deux ex-clientes n’ont pas porté plainte, ni au moment des faits, ni à ce jour, alors qu’elles ont décidé de parler. Leur principal objectif est d’ouvrir la boite de Pandore des comportements déplacés voire condamnables de certains hommes dans le milieu des expéditions et de l’outdoor en général. Et du comportement de Nirmal Purja en particulier. 

On doit bien avouer que des bruits de couloir, ou de camps de base, résonnent depuis quelques temps, concernant ses comportements condamnables, moralement mais surtout légalement. Jusqu’à prendre forme aujourd’hui grâce à la persévérance des journalistes du New York Times, et au courage des deux témoins.

À ce jour, à la rédaction d’Alpine Mag, nous prenons acte des témoignages et des accusations relayés par nos illustres confères américains. Mais de notre côté, nous n’avons pas pu obtenir de témoignages, que ce soit lors de questions il y a quelques mois déjà, ou ces derniers jours. Souvent, la parole reste verrouillée par soucis de réputation ou crainte de représailles. 

À présent, les langues se délient aussi
au retour des expéditions

Lotta Hintsa, ici au sommet du Lagginhorn, est une ex Miss Finlande. ©Instagram Lotta Hintsa

April Leonardo est docteur en obstétrique. ©Facebook April Leonardo

À la rédaction, nous sommes aussi respectueux de la présomption d’innocence, qui reste primordiale en droit français en tous cas. C’est pourquoi nous avons choisi de vous expliquer ce contexte au travers d’un édito, et non d’un compte-rendu prenant pour argent-comptant les informations du New York Times. Nous continuons de mener l’enquête de notre côté sur ce sujet épineux et opaque. 

Les réactions dans le monde de la montagne n’ont pas tardé. Le principal concerné, Nirmal Purja a répondu pour l’heure par un unique post Instagram indiquant qu’il « nie sans équivoque tout acte répréhensible ». Et s’il faut trier la somme de commentaires sur les réseaux, la Finlandaise Lotta Hintsa déclare : « J’ai été contactée par beaucoup de femmes avec des histoires similaires ces derniers jours. Il semble surtout que beaucoup de gens s’attendait à cela depuis très longtemps. Il est évident que beaucoup savaient. Maintenant il est temps de parler ». L’affaire n’est pas sans rappeler les nombreux scandales, touchant notamment au milieu du cinéma. À présent, les langues se délient aussi au retour des expéditions. 

Capture d’écran de la story Instagram publiée par Nirmal Purja le 1er juin 2024.

Cette affaire survient dans un contexte de tourmente pour Népalais ex-champion des 14 x 8000 et star de Netflix. En mai dernier, il utilisait un hélicoptère pour se rendre au camp 2, ce qui est interdit par la réglementation, se justifiant par un secours. Juste après, il criait au scandale en déclarant que les cordes fixes avaient coupées juste avant le passage de ses équipes sous le passage du Balcony, vers 8300 m. Un geste qui selon lui serait un acte de malveillance pour retarder son travail. Contre feux ? L’affaire est maintenant entre les mains de la justice népalaise. 

la réputation de Nirmal Purja
a d’ores et déjà du plomb dans l’aile

Si le scandale de harcèlement sexuel et agression sexuelle qui vient d’éclater ne se réglera peut-être pas devant un tribunal, il est certain que la réputation de Nirmal Purja a d’ores et déjà du plomb dans l’aile. Sans plus attendre, son sponsor Osprey annonce officiellement qu’il ne fait plus partie de ses ambassadeurs. Reste à voir si Nike retirera  prématurément le panneau publicitaire gigantesque affiché sur le célèbre Madison Square Garden à New York. Sans parler des nombreux autres partenaires et sponsors de « Nims ».

Si le mouvement #metoo irrigue la société depuis 2017, le milieu de la montagne restait jusqu’à présent plutôt épargné par les affaires. Aujourd’hui, la boite de Pandore est ouverte à une échelle internationale, statut de l’accusé oblige. Comme dans d’autres milieux, on peut s’attendre à des répercussions en chaine dans les mois à venir.