Tu es sûr que c’est une bonne idée, les alexandrins, c’est un peu daté, non ? demande l’illustratrice, Linda Jay, à Yves Exbrayat, dans la préface du livre. Et l’auteur de rétorquer tranquillement : Daté ? peut-être, mais j’aime bien la muscalité et le rythme que cela procure. Les Fleurs du mal c’est pas démodé, si ? Et Cyrano de Bergerac ?
Autant dire qu’il n’est pas courant de lire un récit en alexandrins, mais en voici un pas banal : le Kili vu par le regard amusé, parfois ironique, mais tendre et plein d’autodérision, d’Yves Exbrayat, et mis en image par les aquarelles de Linda Jay. Les deux nous emmènent dans une ascension sur le Toit de l’Afrique, un presque 6000 quand même, avec un groupe de trekkeurs. Au programme, socio de groupe et rituels : « l’immangeable porridge » du matin, et les rencontres, tels « les Yankees en pantacourt »…
Le récit à deux plumes d’un Kili pas loin de la réalité
Le récit à deux plumes – l’une pour les mots, l’autre en forme de pinceau – est une fiction pas si loin de la réalité : Yves a gravi le Kili en 2022, Linda en 2011. Si la faune des trekkeurs est bien le sujet d’examen de l’autoproclamé grand-père, lui veut avant tout « impressionner Lili ». Et amuser la galerie ! Il y la parisienne ultra-mondaine qui veut se dépasser, le guide-kapo aux « boss aux 300 Kilis » et tout ceux que les neiges du Kilimandjaro attirent, pour marcher sous les branches extravagantes des Sénéçons.
À quoi bon faire des « milliers de miles » pour « une semaine de grimpette » si ce n’est pour en ramener autre chose, justement, qu’une photo du sommet, le fameux Uhuru Peak ? Le Kilimandjaro est bien plus beau, plus marquant que la fichue pancarte sommitale. C’est une expérience, un voyage en Tanzanie sur une très grande montagne qui mérite les délicates aquarelles – celles de Linda – et les alexandrins de Yves.
Lili au Kili.
Carnet de voyage en Tanzanie, Kilimandjaro.
Le pinceau de Linda Jay, la plume d’Yves Exbrayat.