Louis Didelle est parti à pied, début septembre, pour une traversée des Pyrénées en solitaire. De cette longue marche sont nés des poèmes qui racontent la solitude, les saisons qui passent, la faim, le mouvement, la montagne, l’océan. Une traversée d’un mois et demi résumée en 7 étapes et autant de poèmes de Banyuls-sur-mer à Hendaye. Septième étape de son carnet de voyage. Le baiser !
Je me suis baigné. Simplement. J’ai posé mon sac, mon bâton. J’ai enlevé mes chaussures sales et mes chaussettes trouées. J’ai retiré mon short et mon t-shirt et je me suis avancé en marchant vers l’océan. Puis quand mes pieds ont touché l’eau j’ai couru jusqu’a devoir lever les genoux puis j’ai plongé. J’ai joué un peu et je suis sorti. C’était terminé. Le paysage était vide de relief, vierge de chemin. Assis dans le sable, les yeux dans la vague, j’attendais que le soleil se couche et fasse tomber avec lui le rideau.
Le petit frère du ciel,
aux nuages d’écumes,
à la pluie d’embrun,
récupérait au crépuscule
le jouet usé de l’ainé.
Ses troupeaux de brebis,
qui avancent et se pressent
pour brouter la plage
comme une pâture,
laissaient à chaque bouchée
un miroir.
Un portrait renversé du ciel qui brûle.
L’océan, cerné par l’amour fraternel,
se retrouvait embrasser par deux lèvres roses.
J’avais devant moi la bouche de l’horizon qui s’endort.