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Grande randonnée au Grand Paradis

Du Valgrisenche au Valsavarenche 1/2

Dans le Grand Paradis. ©Jocelyn Chavy

S’il y a un massif qui porte gaiement son nom comme une invitation, c’est le Grand Paradis. Embarquez pour une traversée de cinq à sept jours entre lacs et glaciers, en passant d’une vallée à l’autre par de hauts cols à plus de 3000 mètres sans difficulté particulière. Du Valgrisenche au Valsavarenche, le Grand Paradis est une des plus belles destinations de trek pour tout passionné de rando ! Et n’oubliez pas de lire notre topo jour par jour.

C

lassique parmi les classiques des hautes routes alpines, cette traversée du massif du Grand Paradis ne l’est pas pour rien. C’est un bonheur de jouer à saute-vallées grâce à des cols pas toujours faciles, loin de là. Certains se méritent plus que d’autres, et le randonneur habitué au large sentier du TMB par exemple sera surpris par certaines sections de hauts cols, qui s’en requérir des compétences alpines, nécessitent toutefois un bon pied montagnard ! Et puis autant le dire tout de suite : l’accueil dans les refuges italiens, même en haute-saison, reste la plupart du temps de qualité. Une bonne humeur que n’altère sûrement pas la réputation justifiée de bonne chère : ici, les pasta, ce ne sont que l’un des deux plats servis le soir. L’image du Grand Paradis, en l’occurence celui des bouquetins, n’est pas non plus un hasard. Là où le plus haut massif d’Europe etde France n’est toujours pas protégé correctement par un Parc (tri-)National, celui du Grand Paradis  a été créé en 1922. Détail, dès 1856 le roi d’Italie Victor-Emmanuel II avait déclaré Réserve Royale de Chasse le secteur, sauavntde l’extinction les bouquetins abondamment tirés à l’époque par les montagnards locaux. En l’occurence, le Parc National du Gran Paradiso a servi de modèle à la création du premier parc national français, celui tout proche de la Vanoise, en 1963.

Une réserve royale de chasse en 1856 protège le Grand Paradis, qui devient Parc National en 1922, bien avant le premier parc français.

Commençons dans le vif du sujet : vous aimez la rando, le trekking, voir le trail en mode petites foulées, et vous souhaitez vous immerger quelques jours dans un itinéraire où chaque journée apporte son lot de nouveaux paysages : le Grand Paradis est fait pour vous. Cela ne doit pas faire oublier l’altitude moyenne relativement élevée de cette grande randonnée. Plusieurs cols dépassent les 3000 mètres. Ce qui veut dire : en short et manchons de compression ça passe les journées de beau et sans vent, sinon c’est vite la bérézina. Et pour ceux, qui plus tranquillement seront en mode découverte, sans pour autant traîner un sac hivernal, prévoyez doudoune et vraie veste de protection. Difficile en effet de se lancer dans cette traversée de cinq étapes minimum (jusqu’à 7) en ayant une météo absolument sûre. Encore actuellement, certains cols sont encombrés de neige, qui ne posent pas de problème spécifique à conditions de prévoir des chaussures à semelle relativement rigide, plutôt à tige haute du moins cette saison, et à nos yeux, une paire de bâtons (type Z pole de Black Diamond) qui sortent de bien des situations sur des névés durs le matin.

Premiers jours dans le Valgrisenche © Jocelyn Chavy

J3, La Granta Parei. © Jocelyn Chavy

Sieste au lac de Saint-Martin, dans le Valgrisenche, avant le refuge Mario Bezzi. © Jocelyn Chavy.

De cinq jours à sept jours de rando, au choix

En cinq à sept jours, vous allez traverser toutes les vallées constituant le massif du Grand Paradis. Orientées nord-sud, ces vallées ont une disposition qui rend compliquée la composition d’une boucle, c’est pourquoi il faudra prévoir une navette à un bout et à un autre. Dans l’ordre, vous franchissez le Valgrisenche, dont le fond de vallée et les hauts cols sont sans doute les plus sauvages du massif, presque austères, d’une beauté très minérale, et des glaciers qui la plupart du temps, vu d’en face, sont déserts. Par le col de Bassac Deré à 3082 m, vous basculez dans le Val de Rhêmes. Attention à prendre son temps si on arrive direct de la plaine, un col à 3100 sans être acclimaté peut être cause d’un mal aigu des montagnes. Du Val de Rhêmes plusieurs options permettent de basculer dans la troisième et plus fameuse vallée du Grand Paradis, celle où domine le sommet qui donne le nom au massif. Entre Rhêmes et Valsavaranche, notre préférence va au col de la Nivolettaz, 3130m. Forcément, c’est le plus haut du secteur, le plus sauvage, et celui dont la vue est tout simplement stupenda. Bon, soyons honnêtes, le col Rosset est nettement plus facile et beaucoup plus fréquenté pour atteindre la vallée suivante. Tout dépend du niveau de votre groupe, car la montée au col de la Nivolettaz est parfois un peu paumatoire, mais l’ambiance est hors du commun.

Haut-lieu marquant, le col de la Nivolettaz, entre Rhêmes et Valsavarenche.

Une fois atteint le Valsavarenche, tout dépendra de votre envie de prolonger la traversée, sur les balcons du sommet du Grand Paradis, 4061 m, de flâner sur ses flancs verdoyants. Mais aussi de la forme des nuages et de celles des matelots. Concernant la fin de l’itinéraire, classiquement plusieurs options sont envisageables mais l’une d’entre elles, souvent choisies par les agences, n’a pas notre préférence : en toute logique, la traversée devrait finir par la longue et pour le moins pénible montée au col Lauzon, 3296m et presque 1700 m de dénivelé positif, pour basculer versant Cogne. Mais cela rendant la logistique plus compliquée, beaucoup de ceux qui veulent absolument « cocher » le dernier col, le Lauzon donc, le font en aller-retour pour revenir sur le Valsavarenche. Et franchement, ce n’est pas la plus sympa des options. Mais si vous y tenez…

© Jocelyn Chavy.

Le Grand Paradis, point culminant du massif © Jocelyn Chavy.

En montant au très sauvage col de la Nivolettaz.  © Jocelyn Chavy.

Une destination haute randonnée (ou trail) idéale

Jour après jour, les paysages défilent, et la vue embrasse les massifs alpins parmi les plus sauvages : Vanoise côté français, Valpelline côté italien. Dans l’article suivant, le topo de la Traversée du Grand Paradis, on vous donne les dénivelés, les refuges, etc. Mais souvenez vous qu’à l’exception du col Lauzon les dénivelés sont relativement raisonnables, par contre il y a souvent quelques bonnes distances à faire… sans oublier l’altitude, souvent entre 2500 et 3100. N’attendez pas les premières chutes de neige d’octobre pour y aller, sans parler de la fermeture des refuges. Mais la période fin août début septembre peut être tranquille et propice niveau météo.

Depuis le lac Leytaz (jour 4), à 2700m, vue sur le seigneur des lieux, le Grand Paradis © Jocelyn Chavy

Le Grand Paradis, le 4000 le plus facile des Alpes ?

Il est sans doute vrai que le Grand Paradis, 4061m, est l’un des 4000 mètres les plus faciles des Alpes (avec ses cousins suisses comme que le Breithorn, entre autres 4000 suisses facilités par les remontées mécaniques). Problème, le sommet du Grand Paradis est souvent très fréquenté. Victime de son succès, les guides de la vallée ont même instauré un sens de circulation (montée et descente) ! Pour limiter le temps d’attente, car seuls les dernières dizaines de mètres de l’ascension sont un peu techniques. Revers de la médaille pour le randonneur, le refuge Victor-Emmanuel II est le préféré des prétendants au sommet du Grand Paradis. Souvent bondé, on vous conseille de l’éviter pour passer plutôt une nuit (la dernière ou l’avant dernière selon si vous franchissez le col Lauzon ou si vous vous arrêtez au village de Valsavarenche) au refuge Chabod. Il est souvent moins prisé par les summiters. Évidemment, les alpinistes d’entre vous qui emmènent ami(e)s, enfants, sur cette traversée en randonnée du massif se demandent s’il ne serait pas possible de finir en beauté en gravissant le sommet. Réponse ? C’est une bonne idée car l’acclimatation, via deux cols à plus de 3000, sera bonne. Mais c’est soit un gros sac à traîner pendant toutes les premières étapes (crampons, piolet, baudrier, corde en matériel commun et matériel de sécurité sur glacier), soit un souci logistique. Mais si par exemple vous laissez une voiture au village de Valsavarenche avec le matériel technique dans le coffre, c’est jouable (oubliez le parking de Pont, 1860m, au pied du refuge Victor Emmanuel, le tarif est prohibitif pour plusieurs jours). En tous cas, l’affaire est possible, mais il s’agit de bien prévoir la logistique. Bref, randonnée au long ou sommet, il vaut mieux choisir au départ, ce sera plus simple.

Immersion dans le Valsavarenche, le fantastique Piano Del Nivolet. © Jocelyn Chavy

Infos et conseils

  1. Le site officiel tourisme de la vallée d’Aoste, vraiment plein d’infos : https://www.lovevda.it/fr
  2. Le site officiel du Parc National du Grand Paradis : http://www.pngp.it/fr
  3. Lisez notre article suivant : le topo de la traversée du Grand Paradis !
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