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L’interview thé ou café avec Vivian Bruchez : le matos !

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On a continué à prendre le temps avec Vivian Bruchez. Après avoir parlé longuement de sa vision du ski dans la première partie, on a quitté le salon pour prendre la direction de son garage. Là, on a pu découvrir les astuces du Maestro de la pente raide pour régler et entretenir skis et fixations. Mais on lui a aussi posé des questions sur le matos et la technique de terrain. Vous voulez en savoir plus ? Plongez-vous dans la 2e partie de notre interview façon « Thé ou café ».  Vous en reprendrez ? 
(Retrouvez l’interview résumée en vidéo à la fin de l’article).

 

Technophile ou minimaliste ? 

Plutôt minimaliste. Un peu comme une voiture sans électronique, une fixation minimaliste c’est quelque chose de mécanique : simplicité, fiabilité, légèreté.
Ca implique aussi un niveau technique et c’est ça que j’aime bien. Sur du matos léger, il faut que toi tu sois un très bon skieur.

On est là aussi pour parler de ton matériel et plus précisément de tes fixations Plum. Mais sais tu ce qui est le plus lourd, 1kg de Plum ou 1kg de plomb ?

Ha ha ! 1kg de plomb ! Plum sera toujours plus léger !

Fix à insert ou fix hybrides ?

Fixe à insert. Je sais même pas ce que c’est qu’une fix hybride.

je ne suis pas dans une recherche de plus,
mais plutôt dans une recherche d’esthétique.   

Direction le garage de M. Bruchez. ©Ulysse Lefebvre

La Plum race,
je l’utilise jusqu’à 99 sous le pied,
et j’ai jamais été inquiet avec ça

Plum guide ou Plum Oazo ?

Je suis plutôt fixe encore plus légère, fixation Race, la R150 ! Je suis un racer moi ! Je met des fixs Race pour descendre en pente raide parce que pour moi c’est ce qu’il me faut, étant donné que pour aller chercher des lignes, j’aime bien partir de la vallée. Je porte mes skis, je porte mon matos, donc partout ou je peux gagner en poids je le fais.
C’est aussi pour la praticité. A l’arrière tu as pas besoin de faire pivoter la talonnière, t’as juste besoin de débloquer un petit clapet. En fait, la manip’ elle est vite faite, c’est facile, rapide, efficace. 

Mon petit truc, c’est que je rajoute un grand rail, comme ça je peux changer vraiment ma taille de chaussure, parce que même en gardant la même pointure, la coque varie assez souvent d’une chaussure à l’autre et d’avoir un grand rail à l’arrière ça te permet d’avoir un meilleure réglage, sans prendre trop de poids. Le rail que j’ai est plutôt grand, il fait 4 cm il pèse à peine 50g de plus et l’avantage qu’il a c’est qu’il a 4 vis dans le ski et la butée arrière a 4 vis également, et ça j’y prête beaucoup d’importance. 

La Plum race que j’utilise, je l’utilise jusqu’à 99 sous le pied, et j’ai jamais été inquiet avec ça. Aucun problème du moment que tu as un rail. Si tu mets pas le rail c’est pour des skis vraiment plus légers. Jusqu’à 100 la Plum Race fonctionne très bien. Et moi ce que j’aime beaucoup, c’est la Plum race elle te permet d’être vraiment proche de ton.
Avec un modèle de ski un peu large sous le pied, le fait d’être proche de ton ski te permet d’avoir vraiment une connexion extrêmement précise avec la neige. J’aime ce touché de neige.

©Ulysse Lefebvre

je pars du principe que je tombe pas

Leash ou stop ski ?

Ni l’un, ni l’autre ! Alors le leash, grand débat. Y’en a qui vont te dire oui, d’autres non… moi je suis plutôt dans le non parce que je veux que ça soit propre, que mon ski soit propre, qu’il n’y ait rien qui pendouille. J’ai pris l’habitude comme ça, après, pas de leash ça veut dire qu’en pente raide je verrouille à le descente, et quand je skie dans un terrain plus facile, je déverrouille ma fixation. 

Cela veut dire aussi que je pars du principe que je tombe pas. Je suis tombé UNE FOIS en ski, à me mettre des tête-pied avec une fix verrouillée, et en fait c’est pas la fix qui a lâché, c’est la chaussure qui a cassé. Donc, quand c’est vérrouillé, c’est bien verrouillé une Plum ! Ça ne déchausse pas, c’est la godasse qui pète !

Ne pas utiliser de leash demande d’être très méticuleux sur le matériel, sur le fait de chausser en plantant le talon, planter les skis. En fait moi je m’en sers comme assurage de mes skis. Quand j’enlève un ski je le plante et je m’assure dessus. Donc pour moi, m’adapter au matériel c’est aussi une forme de sécurité.  

©Jocelyn Chavy

Pour chausser mes skis j’ai un vrai rituel, je l’ai vraiment « mentalisé » :

1/ j’ai mes skis qui sont plantés, je vais récupérer un ski je vais commencer par chausser le pied du bas. Je vais nettoyer mes inserts à l’avant et à l’arrière de ma chaussure avec un petit couteau, ensuite quand mon ski est stocké sur mon sac, la fixation elle est verrouillée, pour qu’il n’y ait pas de glace qui se mette sous les ressorts. 

2/ je déverrouille ma fixation, je pose ma chaussure dessus, je chausse l’avant, et je verrouille l’avant. Je fais quelques mouvements en avant/arrière et je chausse mon talon. Une fois que j’ai chaussé ce premier ski, je le teste et en même temps, je peux me faire une plateforme. J

3/ je récupère ensuite mon deuxième ski et je fais la même manœuvre. Je nettoie mes inserts, je chausse, je verrouille, je bouge, je clipe. 

4/ et après avant de partir j’ai encore un dernier check, une fois que j’ai les deux skis : je fais des appuis deux pieds, en avant, en arrière, je secoue tout mon matériel, et là dans ma tête je suis bon !

L’airbag je ne l’ai jamais pris. 
Je ne saurais pas dire si c’est bien ou pas bien.

Airbag ou DVA ?

DVA, c’est sûr. Un airbag j’en ai un à la maison mais je ne l’ai jamais pris pour le poids je pense au départ, par habitude aussi. Je ne saurais pas dire si c’est bien ou pas bien.
Après je trouve qu’on fait beaucoup de chose autours du DVA et des fois on se réconforte en se disant « ouais j’ai un DVA je suis équipé » et je pense ce qu’il faut au plus possible c’est apprendre à lire la montagne, et à lire le terrain et interpréter les pentes, les conditions et savoir qu’après une chute de neige, avec du vent, des précipitations, et bien le lendemain de cette chute de neige c’est dangereux de skier.

Le DVA c’est très très ancré pour tout le monde, tu fais du ski hors piste t’as un DVA, après je trouve qu’il y a beaucoup de formations qui se font autours du DVA, c’est bien de le faire quand tu découvres ton appareil, te réentrainer souvent pour être vraiment dispo au cas où.
Mais par contre on parle assez peu d’interprétation des pentes, lire le terrain etc, enfin pour moi c’est le maître mot de la montagne, savoir s’y adapter, trouver un chemin, et ça c’est de l’entrainement.

J’ai pas de couteaux

Couteaux ou crampons ?

Crampons. J’ai pas de couteaux. Même avec des clients je ne les utilise pas.
Dans les sorties que je vais faire en montagne, sur glacier etc, quand t’enlèves les skis tu vas mettre les crampons. Dans les itinéraires où je vais, quand j’enlève les skis c’est pour mettre les crampons, pas pour mettre les couteaux. Avec les clients, sauf pour vraiment du confort parce que je sais que la neige est dure, peut-être que je vais leur dire de les prendre et ça m’a déjà sauvé, mais je les ai très rarement dans mon sac. Un jour je me souviens, je les avais sortis. J’avais pris une paire de couteaux, j’étais avec Mathéo (Jacquemoud) et il m’avait dit : « oh mais ça sert à rien ça ! » et ça m’avait marqué. Après effectivement dans certaines configurations, neige dure, traversée etc, tu te mets vraiment une galère sans les couteaux, mais ça c’est un choix moi j’aime bien me mettre des missions !

Graines de chia ou saucisson ?

Mentalement j’ai toujours un bout de saucisson et un bout de fromage dans le sac. Ça me requinque. C’est ton confort mental. A force de manger des barres énergétiques, à un moment donné t’as quand même besoin de croquer dans quelque chose. 

Je fais 1m80
et j’utilise globalement des 172cm
tout au long de l’hiver.

©Ulysse Lefebvre

Affûtage 89° ou 88° ?

88° degrés les carres. Parce que j’ai toujours affuté comme ça, déjà en compétition en alpin. Et vu qu’après j’ai toujours affuté mes skis comme un coureur alpin, comme si j’allais faire Kitzbühel, je suis resté à 88°, je ne suis jamais descendu plus bas. J’ai jamais essayé d’ailleurs.

La chaussure sur les skis : centrée ou pas centrée ? 


Ma chaussure number one c’est la Scarpa F1, ma chaussure la plus polyvalente avec laquelle je fais le plus de sorties en hiver. Donc c’est là dessus que je vais me centrer, sur la chaussure la plus polyvalente. Et je centre ma chaussure sur mon ski. Effectivement lorsque je vais passer sur un modèle en carbone, plus court, je vais être un peu avant, et avec une chaussure plus lourde type Maestrale, je vais plutôt être un peu arrière. Ca se sent un petit peu mais c’est fin.

85mm ou 90mm au patin ?

Je skiais vraiment étroit au début. En tous les cas entre 85 et 90 sous le pied, aujourd’hui la tendance c’est plus 90, voire un peu plus large, entre 90 et 100. Plus de largeur sous le pied, plus de confort, plus de tolérance dans toutes les neiges, des skis qui te permettent de jouer beaucoup plus avec la neige. Un ski étroit sous le pied c’est un ski beaucoup plus technique, c’est beaucoup moins tolérant.

Et la longueur des skis : 170cm ou 180cm ?

Je fais 1m80 et j’utilise globalement des 172cm tout au long de l’hiver. Enfin, j’utilise plutôt toutes les tailles et toutes les largeur de ski. J’ai cette chance d’avoir le choix. 

Donc au coeur de l’hiver je vais skier un 178 ou 184 cm parce que j’ai plus de longueur, plus de largeur sous le pied, je vais mettre plus de glisse.
Et plus je me rapproche du printemps ou à l’automne en début de saison pour aller faire du volume, et plus j’ai des skis courts. Soit 172cm, voire des fois je descends à 164cm. Ce sont des skis courts mais par contre je ne perds pas du tout en puissance, c’est ça qui est incroyable.