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Le blues du berger

Du rap pour dénoncer leur mal-logement

Depuis une dizaine d’années, elles ont fleuri dans les parcs nationaux : les cabanes de berger format mini. Héliportées, ces cabanes ne font que quatre mètres carrés. Les bergers y passent parfois la saison entière entre les croquettes et les sacs de sel. Pastor X and the Black PatouX, c’est le nom du collectif qui sort un premier single de rap, Niche à Chien, pour dénoncer « les logements indignes de 4m² déployés par les parcs nationaux dans les alpages ».

Dans ce « clip pastoral » tourné en Vanoise, Félix Portello, berger d’Aussois, raconte son expérience dans sa cabane posée à 2 400 mètres d’altitude pour la saison. Cette cabane ne dispose pas de gaz pour cuisiner, pas de chauffage, pas d’eau potable, pas de toilettes. Une cabane utilisée pour deux personnes, sans compter les chiens de troupeau, le tout héliporté au milieu de la montagne pour dissuader les loups. Des conditions de logement indécentes dans ces cabanes soi-disant temporaires mais qui durent. D’où le rap pour dénoncer cette situation.

 

Là-dedans on vit à deux sur 4 m2 / Y a une fenêtre pas deux, 40 cm2 / Pas de gaz pour cuisiner / Pas de chauffage sans incendier / Pas de place pour se relever / Un matelas pour tout plancher / Félix Portello.

Le Parc de la Vanoise l’écrit lui-même : « le manque de logements confortables en alpage constitue un des freins à l’efficacité du gardiennage des troupeaux ». La solution existe, le Parc l’a trouvée. Il a sollicité l’école d’architecture de Lyon pour concevoir une cabane temporaire avec plus de place et un minimum de confort, douche, WC, panneaux solaires, réserve d’eau. La nouvelle cabane, appelée Tatou comme le mammifère à la carapace solide, est un ensemble de 5 modules qui s’emboitent totalisant 20 m2 au sol et 12 m2 habitables. En 2018, le premier Tatou a été mis en place à 2500 m. au-dessus de Val Cenis en Savoie.

Mais il semble que depuis, les Tatous soient si craintifs que seule une poignée d’entre eux ait été installés. Un manque de financement ? Il y a évidemment une différence de coût : environ 6000 euros pour la cabane basique de 4 m2, et 64000 pour le Tatou, plus cher aussi à héliporter. Le résultat : des bergers clochardisés, des conditions de vie indignes pour ceux qui travaillent jour et nuit dans les alpages. Et un coup de gueule version rap : « y’a rien de romantique à vivre dans une niche. »