fbpx

Festivals et VOD : même plus peur ?

Que ça nous manque ! Des rassemblements, des rencontres, des découvertes partagées en des lieux avec un toit et des murs, des salles obscures, des salons garnis de livres que leurs auteurs signent sourire aux lèvres et que leurs futurs lecteurs reçoivent émus. Ou encore ces doigts levés après une projection pour poser des questions auxquelles les réalisateurs répondent avec gourmandise, heureux que leurs films et documentaires attisent la curiosité.

Je vous parle d’un temps qui ne connaissait pas le mot présentiel, la présence étant peut-être la définition la plus simple et complète d’un festival. Se retrouver ensemble, un moment donné en un lieu devenu pour un temps, le centre de notre monde.

Les deux chaines VOD d’Alpine Mag. ©Ulysse Lefebvre

Cette année 2020 a été rude pour le milieu de la culture en général et celui des festivals de films et livres d’aventure. Le modèle économique du film d’exploration, de ski, d’escalade, de kayak, de voyage à vélo, de highline ou d’alpinisme ne repose pas sur des bases solides, la distribution dans les cinémas relevant de l’exception, voire de la rareté (quelle belle prouesse de Poumon vert et tapis rouge de Luc Marescot qui a réussi cette gageure !). La durée de vie des œuvres est donc très limitée et la projection en festivals constitue souvent le climax d’une diffusion éphémère. Mais comment faire lorsque les festivals ne peuvent avoir lieu ?

Partenaires de plusieurs festivals tels que les Rencontres Ciné-Montagne de Genoble, le Festival du Film et du livre d’Aventure de La Rochelle, du festival Aventure et Découverte de Val d’Isère ou encore du Grand Bivouac d’Albertville, nous partageons régulièrement les questionnements de leurs organisateurs. Cette année en fut riche et la principale question tourna essentiellement autour d’un thême aussi envié que redouté : le streaming, ou diffusion en ligne sur Internet en bon français. Tous, sans exception, se sont posés la question de transposer les projections de leurs millésimes 2020 sur une plateforme de diffusion, en tâchant de conserver au maximum l’esprit de leurs festivals respectifs, que ce soit grâce à des présentations, des échanges en ligne ou encore des interviews. Que ce soit en plan B ou en solution principale, tous y sont venus et tous on proposé tout ou partie de leur sélection en ligne, de façon payante ou gratuite.

Et tous songent très fortement à conserver une partie de diffusion en ligne pour 2021. Si si.

Les coulisses d’un duplex en streaming avec Alpine Mag, après la diffusion en ligne du film The last mountain. ©FIFAV La Rochelle

Ce qui était une crainte est devenu un atout, un outil. Compléter un festival « physique » par une partie « digitale », « virtuelle » ou « visio » ne fait plus peur. Qui peut encore croire que le public, lorsqu’il le pourra à nouveau, préfèrera rester chez lui devant son écran plutôt que de rencontrer en chair et en os d’autres passionnés et les auteurs des livres et films qui l’emmènent en voyage ? L’essor depuis quelques années des chaînes télé consacrées à l’aventure n’a pas fait baisser l’affluence en festivals. Tout comme il y a longtemps la création de CANAL+, initialement spécialisée dans le cinéma, n’a pas nuit aux salles obscures. Mieux, la chaine a aidé le cinéma en subventionnant la production des films. Les festivals font de même, à leur échelle, en payant la diffusion des films aux réalisateurs (et s’ils ne le font pas, il faut y penser rapidement !)  ou en attribuant une aide financière aux lauréats de leurs prix, à l’aide de leurs sponsors.

Car oui, on peut se déplacer à un festival et dans le même temps, pour une soirée, opter pour un diffusion en ligne. Sans parler de tout un public nouveau qui peut-être touché grâce au streaming : les plus jeunes, les plus fauchés, les plus éloignés… Et toujours ces pépites qui surgissent, d’une salle ou d’un écran d’ordinateur, comme ce Piano to Zanskar, époustouflante révélation du Festival de La Rochelle version digitale.

Le Grand Bivouac 2020 est l’un des rares festivals à être passé entre les gouttes de la crise sanitaire. Les spectateurs ont pu assister à la projection d’une partie des films, masqués bien sûr. ©Ulysse Lefebvre

En relation étroite avec notre festival partenaire le plus proche que sont les Rencontre-Ciné Montagne de Grenoble (le plus proche par l’histoire, Alpine Mag ayant fait sa première sortie officielle aux RCM 2017, mais aussi par la géographie puisque nos bureaux grenoblois sont à deux pas de ceux des RCM), nous sommes heureux de lancer une chaîne VOD dédiée, proposant une sélection des films de la dernière édition des Rencontres. Cette diffusion est le fruit d’un travail avec les réalisateurs afin que chacun y trouve son compte, tout comme nous le faisons depuis près de deux ans avec le FODACIM (Fonds d’aide au cinéma de montagne) et la vingtaine de films déjà en ligne. Ou comment prolonger la vie de tous ces films qui nous font rêver. Ou comment renforcer un peu plus l’économie du film d’aventure. Quitte à prendre des risques et modifier le paradigme économique du secteur. Et laisser l’essentiel des revenus aux réalisateurs.

La VOD sur notre ALPINE.TV, ce sont à l’heure actuelle plus de 30 films à voir ou à revoir. Laissez-nous le temps de mettre en ligne tous les autres qui nous arrivent et profitez de cette formidable fenêtre sur le monde, en attendant de repartir vous-même l’explorer.