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Escalade sur glace : premiers championnats de France à Bessans

organisés par la FFCAM fédération délégataire

Louna Ladevant, champion de France ©Nils Paillard / FFCAM

Les premiers championnats de France d’escalade sur glace se sont déroulés à Bessans, et ont vu le sacre de Marion Salmon-Thomas et Louna Ladevant. Organisés par la FFCAM, fédération délégataire pour l’escalade sur glace, ces championnats symbolisent le début d’une nouvelle ère sportive pour la glace en compétition, avec des athlètes ayant un statut de haut-niveau, et surtout un format d’épreuve unique, basé sur la difficulté. Explications.

C‘était la fête de la glace (et du mixte) à Bessans ! En plus du Grand Parcours FFCAM, une nouveauté de taille : les premiers championnats de France officiels s’y sont tenus, couronnant Marion Salmon-Thomas et Louna Ladevant, champions de France d’escalade sur glace. Un bel événement qui consacre un travail de longue haleine de la FFCAM ayant permis que celle-ci devienne délégataire pour « l’escalade sur glace ». La FFCAM est désormais apte à délivrer des titres de championnats – car l’organisation de compétition, elle en a l’habitude – à Champagny. Mais comme on va le voir, il n’y a pas que la compétition dans ce contrat de délégation. Le weekend dernier, Bessans tenait ses promesses de frigo en ayant toujours de la glace, de la vraie, pour les finales comme pour les amateurs qui découvraient les ateliers glace.

©Nils Paillard / FFCAM

Le site englacé de Bessans ©Nils Paillard / FFCAM

La grotte des qualifs. ©Nils Paillard / FFCAM

Profitant de la tenue du Grand Parcours de Bessans, organisé par son comité de Savoie, les athlètes de la nouvelle Equipe de France d’escalade sur glace (anciennement « sélection nationale ») ont pu se retrouver sur le site des Barmettes pour une épreuve de difficulté. Cette première compétition officielle avait la particularité d’être ouverte à tous les prétendants, charge à eux de se qualifier pour accéder aux finales ! En effet, on se souviendra qu’en 2011 des championnats de France avaient été organisés, mais en dehors de la tutelle d’une fédération spécifiquement délégataire à l’époque, à Champagny, avec l’association Dry Tool Styl.

À Bessans le weekend dernier on a noté la présence d’anciens compétiteurs tels que Yann Gérome, Pierre-Alexandre Keller ou Stéphanie Maureau, mais aussi des alpinistes lauréats des Piolets d’Or comme Manu Pellissier et Pierrick Fine. Parmi les 25 hommes et 7 femmes inscrits, les ténors (Louna Ladevant, champion du Monde en titre, et Marion Thomas, 2ème à l’étape de Saas-Fee) ont survolé la compétition, « l’occasion de se rassembler et de clôturer la fin de saison » selon Louna Ladevant.

Une épreuve de difficulté où le facteur vitesse est intégré

La format de compétition

À Bessans, le choix de la FFCAM délégataire s’est porté sur une épreuve de difficulté uniquement, et au lieu des deux épreuves, vitesse et difficulté, comme en étape de coupe du monde. Directeur Technique National de la FFCAM, Luc Thibal explique ce choix : « Pour ces championnats on a voulu une épreuve de difficulté, avec des barrières horaires, où la vitesse est intégrée de facto. L’idée est de diminuer ou de supprimer les temps de repos potentiels : c’est une ascension à vue où il faut courir pour ne pas finir dernier ! » En gros, c’est du à-vue « a muerte » !

La vitesse et son matériel spécifique (engin type crochet, crampons-griffes) sont en effet très loin de la pratique « réelle » en milieu naturel. « Notre stratégie est de valoriser un format pour les compétitions nationales et peut-être un jour les JO, que ce format soit une épreuve de difficulté incluant un facteur de vitesse » ajoute Luc Thibal.

Désormais, la vitesse fait partie du jeu, il ne fallait pas camper sur les piolets sous peine d’être « time out » ! Manière de garder un lien avec le milieu naturel : d’ailleurs, nombre de prétendants au titre sont des forts grimpeurs en falaise ou forts alpinistes. 

Stéphanie Maureau, une habituée du dry – et guide de haute montagne ©Nils Paillard / FFCAM

©Nils Paillard / FFCAM

La FFCAM délégataire pour l’escalade sur glace

En décembre dernier, le ministère des Sports attribuait, par arrêté, la délégation sportive de haut niveau pour l’escalade sur glace à la FFCAM. « Ce n’est pas par hasard que la FFCAM a obtenu cette délégation » explique Luc Thibal. « Nous avons eu un rôle central sur l’organisation des compétitions internationales de l’UIAA depuis de nombreuses années ». Mais attention, prévient Luc, la délégation sportive ne concerne pas que la compétition, loin de là !

« La délégation sportive repose sur trois piliers, dont nous avons la charge. Le premier concerne le développement de la discipline auprès de la masse des pratiquants. Le second consiste en effet à organiser et à développer la compétition à tous les niveaux. Le troisième pilier concerne la promotion de l’activité auprès du grand public. » Illustration de ce dernier pilier, le soutien et l’implication importante de la FFCAM sur l’Ice Climbing Ecrins, événement populaire qui se déroule à l’Argentière-la-Bessée chaque mois de janvier. « Pour moi l’ICE a autant d’importance que le championnat de France » rassure Luc Thibal. 

La délégation sportive ne concerne pas que la compétition, loin de là. 

Le développement des structures

Comme l’explique Louna Ladevant, avoir obtenu la délégation, « c’est un pas énorme pour la discipline, qui va connaître plus d’engouement. C’est un ensemble d’impacts positifs sur plusieurs points. » Il s’agit aussi de dire que la compétition est décorrélée de la pratique amateur sur les structures dites artificielles : « les structures sont différentes » souligne Luc Thibal. D’un côté celle de Champagny-en-Vanoise (73) et ses imposants dévers. De l’autre des nouvelles structures bien plus abordables comme la tour de Freissinières (05), disposant de vraies voies pour débutants et débrouillés. Et ça marche !

À Freissinières cet hiver il a été vendu plus de tickets glace que de forfaits ski de fond paraît-il. Ces succès en appellent d’autres : « nous allons à la rencontre de stations de ski, ou d’espaces nordiques pour les convaincre de faire de nouvelles structures pour accompagner le développement de l’activité » s’enthousiasme Luc Thibal, pour qui il y a un « alignement des planètes » alors que le ski perd de son attrait.

La glace est une niche qui permet la diversification de l’offre touristique. « C’est notre rôle désormais de promouvoir l’activité » Bonne nouvelle, une nouvelle structure comme celle de Freissinières va bientôt voir le jour en Haute-Savoie, grâce au lobbying de la FFCAM.

©Nils Paillard / FFCAM

Marion Salmon-Thomas, championne de France ©Nils Paillard / FFCAM

Podiums ©Nils Paillard / FFCAM

Podium hommes

1- Louna Ladevant 
2- Virgile  Devin 
3- Basile Fetet

Podium femmes 

1- Marion Thomas 
2- Stéphanie Maureau
3- Juliette Bergman

Le haut-niveau en compétition

Le haut niveau à quoi ça sert ? L’arrêté concernant la délégation sportive accordée à la FFCAM indique la reconnaissance du caractère de haut-niveau de la discipline en hiver : l’escalade sur glace devient la seizième discipline hivernale ayant ce statut. Ce qui ouvre le champ des possibles pour les grimpeurs. À l’heure actuelle sept d’entre eux ont le statut officiel d’athlètes de haut-niveau en glace, selon les quotas du ministère. Ces athlètes peuvent prétendre à des aménagements de temps, un mi-temps dans leur travail par exemple.

En tant que champion du monde, Louna Ladevant est le seul qui a le statut d’élite, mais il confirme que le statut d’athlète de haut-niveau sera une bouffée d’oxygène pour les grimpeurs impliqués : « il y a des aides pour les athlètes, c’est un confort de statut qui donne de la crédibilité face à des sponsors qui ne sont pas du milieu par exemple », explique-t-il. Il y aura des aides de l’Etat pour organiser des compétitions mais aussi au niveau des collectivités territoriales qui seront plus enclines à participer quand elles savent que ces compétitions nationales ont un enjeu sportif important. Grâce à tout cela, « nous allons voir la création de nouvelles structures d’entraînement, et cela va se répercuter à tous les échelons » s’enthousiasme Louna Ladevant.

« On a passé un cap » renchérit Luc Thibal. « On a fait notre boulot, il faut que le développement international suive » avec en ligne de mire les Jeux Olympiques. Avec le bon format d’épreuve tout de suite, c’est mieux. En attendant, Bessans devient le beau rendez-vous de fin de saison. Un rendez-vous qui permet aussi de voir émerger d’autres têtes en compétition, et pour tout.e.s les passionné.e.s de s’y retrouver !

Plus d’infos : FFCAM escalade sur glace et dry tooling

L’ÉQUIPE DE FRANCE ESCALADE SUR GLACE 2023, SÉLECTION A

Après un premier sacre en 2022, Louna Ladevant est le champion du monde 2023 en plus du titre européen acquis à La Plagne. La saison des compétitions terminée, il se consacre aux projets en falaise et bigwalls. 

L’aîné des frères Ladevant, Tristan, est lui aussi polyvalent, en témoigne l’ascension avec Louna des 3 étages de Gavarnie cet hiver. 3e au championnats du monde d’escalade sur glace en 2022. 4e en coupe du monde 2023.

Vainqueur du classement général des coupes d’Europe 2022, Virgile Devin est aussi un alpiniste capé : Hypercouloir, Cascade Notre Dame au mont-Blanc, Super Intégrale de Peuterey.

Étudiante ingénieure à l’INP de Grenoble, Juliette Bergman a commencé par de belles grandes courses en montagne avant de goûter au dry tooling. Elle a finit 5e en Coupe d’Europe 2022.

Ingénieur diplomée, Marion Salmon-Thomas s’est réinvestie sur la saison 2023. 3e sur une étape de Coupe du Monde en 2020, elle a obtenu deux médailles d’argent à Saas Fee cette saison.

L’ÉQUIPE DE FRANCE ESCALADE SUR GLACE 2023, SÉLECTION B

Basile Fetet a signé une 8ème place au classement général des coupes d’Europe en 2022 et une 3e place sur l’étape tchèque sur la saison 2022-2023.

Étudiant, Mathéo Migout-Gaillard a découvert le dry il y a 3 ans. Vice-champion d’Europe jeune (U19) en 2022.

Théophile Truchard s’est classé 11e en République Tchèque cette saison. Alpiniste, il a déjà la face nord de l’Eiger et des Grandes Jorasses à son actif.

Fan de sports de montagne, Milan Pelissier a débuté jeune avec son père Manu. Il a participé aux finales du championnat du monde jeunes.