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Enfermés dehors : ni résine ni rocher

Où allons-nous grimper ?

Les temps sont durs pour les grimpeurs. Malgré l’essor de l’activité et un business qui ne connait pas la crise, notamment les salles privées, la pratique de l’escalade est de plus en plus compliquée pour les amateurs de verticalité, sur résine ou rocher.

La semaine dernière, trois fédérations du département de l’Isère (FFME Isère, FFCAM Isère et FSGT38) ont tiré la sonnette d’alarme dans un communiqué commun, signé à l’heure actuelle par près de 300 personnes, dont plus de trente présidentes et présidents de clubs. Leur constat ? Une grande ville comme Grenoble, historiquement très connectée à la montagne et regorgeant de pratiquants de tous âges, ne dispose plus d’un nombre de salles d’escalade suffisant pour accueillir tout le monde dans de bonnes conditions ; salles publiques s’entend, l’accès aux salles privées et leur tarif d’entrée étant encore un autre débat déjà évoqué ici

©Jocelyn Chavy

Les détails et les demandes faites dans cette tribune adressée aux élus municipaux, départementaux et régionaux, sont à lire en fin d’article. Mais ce qu’il faut en retenir, c’est que la présence de 200 salles sur le territoire et l’ouverture de 40 autres cette année, ne suffit plus pour accueillir la communauté des grimpeurs dans certaines villes que l’on pourrait pourtant imaginer bien dotées. À part Grenoble ? Le constat de la sur-fréquentation des salles en France est général. La dérive ? Ce serait que les pouvoirs publics ne déléguent finalement le rôle de pourvoyeur de salles à la sphère privée ; lui délègue ou lui abandonne. 

C’est le grand paradoxe d’une discipline
dont on ne cesse de vanter les mérites

De l’autre côté, l’étau se resserre aussi sur les prétendants au rocher. La liste des falaises d’escalade autorisées se réduit peu à peu, depuis la fin du conventionnement des falaises, bombe à retardement lancée par la FFME fin 2022 et qui a commencé à exploser en janvier dernier avant de débuter sa  fragmentation à Presles.

Ce qui pouvait apparaitre comme un débat aride de spécialistes prend soudain une allure diablement concrète pour les grimpeurs. Envie de grimper à Presles sur le beau calcaire du Vercors ? Interdit, pour le moment. Au soleil des Goudes dans les Calanques ? Interdit. À Oriol-en-Royans ? Interdit depuis mi-mars. Et combien d’autres interdictions à venir ? Deux bonnes nouvelles quand même : la réouverture des falaises de Brison-Saint-Innocent (Savoie) et Saffres (Côte d’Or).

de moins en moins de rocher
pas assez de résine,
où allons-nous grimper ?

Autrement dit, il n’y a pas assez de salles pour tout le monde, ni publiques ni privées, et de moins en moins de sites extérieurs autorisés. Avec de moins en moins de rocher et pas assez de résine, où allons-nous grimper ? Certains comme Gilles Rotillon osent l’optimisme et proposent des solutions, comme récemment dans nos pages. Mais il faut bien admettre que le contexte est plus qu’inquiétant.
C’est le grand paradoxe d’une discipline dont on ne cesse de vanter les mérites, qu’ils soient hygiéniques, économiques ou olympiques, et dont la modeste pratique deviendrait presque un parcours du combattant. 

Pour conclure cet édito, un peu de Renaud :
« Quand à la fin d’une chanson
Tu t’retrouves à poil sans tes bottes
Faut avoir d’l’imagination
Pour trouver une chute rigolote. »

Tout l’enjeu maintenant est de ne pas laisser béton.