C‘est le PGHM de Corse qui s’en amuse : dans la soirée du 19 septembre « le record du randonneur le plus rapidement évacué du sentier a certainement été battu » écrit le PGHM sur facebook. Un jeune homme est parti de Conca pour faire le GR20. Au bout « d’environ 300 mètres » il décide de s’arrêter pour installer son bivouac, en l’occurrence un hamac dans un arbre. La branche cède, « il culbute par l’avant et vient s’embrocher la cuisse » sur une autre branche. Ouille ! La tête en bas, retenu par la maudite branche, il s’en dégage. « Aussitôt du sang sort par jet de la blessure. L’infortuné randonneur se saisit de sa ceinture et stoppe l’hémorragie par un garrot. » Notre randonneur n’a pas la main coincé sous un bloc comme Aaron Ralston dans 127 heures, et il tape le 112 sur son smartphone. C’est l’avantage d’être à 300 mètres du départ du GR20, il y a encore du réseau ! À 23 heures, le PGHM de Corse le récupère, et l’évacue par hélitreuillage. « Espérons que son rétablissement sera aussi rapide que sa randonnée ! » conclut le PGHM.
©PGHM Corse
Dans les commentaires du post facebook, c’est la fête. « Digne du Gorafi ! » ; « c’est Pierre Richard ? » ; « C’est Perrin dans La Chèvre ! » ou encore « Bientôt le film ? », bref, c’est la fête à l’infortuné touriste, dont l’aventure a de quoi faire marrer, car elle finit bien. Mais la dictature du trolletariat se réveille, les trolls dont facebook est le repaire, se déchaînent : « On aura tout vu ! » ; « Il n’aura pas fait long feu celui-là » ; « Pinzutu ! » commentaires qui dérivent rapidement vers les classiques populistes : « Il fait un bivouac interdit à 300 m. du départ, dans quel but ? Économiser un gîte ? » ; « Crétin » ; « merde y a un gîte au départ ? Des touristes tous juste bons à aller se promener au zoo ! » et bien sûr les inévitables qu’on entend à chaque accident en rando ou en montagne, mais un peu moins quand il s’agit d’accident de moto ou de chasse : « qui paie les secours ? » et « Vive nos impôts ! »
La dictature du trolletariat se déchaîne
Alors oui, il faut être couillon pour s’embrocher l’artère fémorale à quelques décamètres du départ du GR20. Mais il faut être malin, et avoir un chouïa de sang-froid quelque part pour penser à faire un garrot avec sa ceinture. Pas sûr que tous les auteurs des commentaires y pensent, quand ils seront témoins d’un accident de voiture ou de vélo.
Personnellement, je rêverais de faire le GR20 pour ne plus lire Facebook pendant une ou deux semaines, mais je prendrais une ceinture. Au cas où.