Alors voilà, il est revenu le temps de la prudence. Ce 11 septembre 2022 sonne le début du Ground zéro annuel de la cohabitation entre pratiquants de la nature : l’ouverture de la chasse dans près de la moitié des départements français.
Alors je vous vois venir : non, il n’est pas question de se laisser à une diatribe anti-chasse de bas étage. Pas question de remettre en cause une pratique ancestrale, ancrée dans le patrimoine (non, on a dit qu’on ne parlait pas de corrida) et nécessaire à la régulation des espèces telles que les sangliers (ces animaux d’une effronterie telle qu’ils osent se goinfrer dans les champs de maïs qui pousse sous leur nez, en pleine inflation et guerre en Ukraine. Et la sobriété en pleine canicule, merde à la fin !)
Randonnée en cours dans les Bauges. ©Ulysse Lefebvre
Alors non, qu’il ne soit pas dit que cet humble édito émane d’un bobo-écolo végan à tendance sans gluten, ascendant rat des villes hors sol qui n’y comprend rien à la chasse. La chasse oui, pourquoi pas. Mais où et quand ? Parlons-en.
Oui, chers amis de la gâchette, pourquoi la jouez vous si perso ? Près de quatre mois par an (un tiers de l’année donc), vous utilisez des armes à feu sur le même terrain de jeu que celui des randonneurs, coureurs et autres vététistes armés de leurs seules chaussures crottées. Et en plus, vous ne vous privez pas de pratiquer votre « activité de loisirs (…) millénaire qui se distingue par son rôle en faveur de la biodiversité » (sic*) les jours où tous ces imbéciles heureux ne travaillent pas et se permettent de parcourir la nature sans but ! Pas très fair-play de votre part malgré tout vous ne trouvez pas ?
Parlez très fort
en un lieu où l’on recherche
justement le calme ?
Et puis entre nous, petits blagueurs, vous inscrivez sur de petits panneaux à l’entrée des chemins : « Chasse en cours, soyez prudents. » Mais que doit-on faire ? Porter un gilet orange fluo comme pour se signaler en bordure d’autoroute ? Parlez très fort en un lieu où l’on recherche justement le calme ? Chercher l’information du où et du quand a lieu une battue dans le labyrinthe des applications propres à chaque département, pour savoir où ne pas mettre les pieds, pardon : où être « prudents » ? Ou tout simplement faire-demi tour pour ne pas risquer de plomber l’ambiance d’une rando, voire se faire plomber tout court ? A moins qu’il ne faille entrer dans une sorte de ralenti spatio-temporel, façon Matrix, pour éviter les plombs ou les balles ?
on ne demande pas au bifteck
de prendre soin du couteau !
Allons, bon, vous êtes bien trop malins pour ignorer que toute cette pseudo prévention relève de l’hypocrisie la plus totale. Que vous êtes taquins. Un bipède quel qu’il soit est quand même bien différent d’une biche ou d’une perdrix. Et puis on ne demande pas au bifteck de prendre soin du couteau !
Tout cela prêterait à rire si on ne comptait pas déjà deux accidents, dont une randonneuse blessée, en ce premier jour de chasse en Isère, d’après nos confrères du Dauphiné Libéré. La saison dernière, ce sont 80 accidents de chasse qui étaient recensés (2).
allez le faire ailleurs.
Vraiment, ailleurs.
Le plus ailleurs possible.
Alors s’il vous plait, continuez à chasser si vous le souhaitez mais allez le faire ailleurs. Vraiment, ailleurs. Le plus ailleurs possible. Loin des secteurs fréquentés par les amateurs de nature, même si ces derniers la connaissent mal, même si vous les jugez trop urbains, même si vous connaissez mieux telle forêt ou tel versant de montagne. Peu importe ! Personne ne mérite de se faire shooter en se promenant un dimanche matin après une semaine au turbin. Pas même un foutu bobo-écolo.
Et puis franchement, il y quand même plus glorieux dans la vie que de tirer un cerf en plein rut, pendant le brame. Tirer un coup en toute sécurité, on en parle ?
- Source : Fédération nationale des chasseurs
- Source : Office français de la biodiversité