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Arctic 12 : Les hauts et les bas d’une expédition

Jackie Paaso during the trip ©Martin Olson

26 jours avec des conditions météorologiques et d’enneigement particulièrement difficiles : skier les 12 plus hauts sommets de Suède en avril dernier, au-delà du cercle polaire, n’a pas été facile pour Jackie Paaso et son équipe. Entretien avec l’athlète Jackie, qui est aussi la productrice exécutive du film.

Dans le film, le groupe (Jackie Paaso, Erin Smart, Reine Barkered, Benjamin Ribeyre, ndlr.) est très honnête sur les enjeux de cette expédition. Était-ce une décision difficile de montrer ces aspects du voyage?

Oui et non. Au sein du groupe, nous avions des avis différents sur ce que nous voulions montrer des défis de ce voyage. Ceux qui ont participé au voyage ont peut-être été un peu plus sur leurs gardes que l’équipe de production qui a suivi le voyage en arrière-plan. Nous voulions être prudents avec ce que nous présentions, mais aussi vrais. Il n’est pas rare d’avoir des ennuis lors d’expéditions comme celle-ci, mais il n’est pas fréquent que les gens montrent cette facette de l’histoire. Et plus on y réfléchit, plus on se rend compte qu’il fallait être honnête.

Le matériel, deux hommes et deux femmes pour une randonnée de 26 jours sur les 12 plus hauts sommets de Suède. ©Martin Olson

A tout moment, un ou plusieurs membres du groupe pouvaient décider de se retirer

Les scènes finales montrent le groupe revenant sur les hauts et les bas du voyage. Qu’en pensez-vous maintenant, alors que de nombreux mois se sont écoulés ?

Des mois ont passé, mais j’ai encore un peu revivre l’expérience. Je suis très fière de toute l’équipe d’avoir terminé malgré les défis, mais j’aurais quand même aimé qu’on soit plus sur la même longueur d’onde. J’en garde des sentiments partagés.

Malgré les difficultés, comment vous sentez-vous d’avoir atteint votre objectif de cumuler les 12 sommets lors de ce voyage ?

Je suis très heureuse que nous ayons réussi cette partie du projet. C’était une grande mission et, malgré les défis, nous avons fait ce que nous avions l’intention d’accomplir pour la plupart. Jen suis vraiment reconnaissante.

Dans le film, vous dites que « la vraie aventure commence quand les choses tournent mal. » Qu’est-ce qui a permis à chacun de continuer malgré les tensions ?

Je ne sais pas ce qui a fait avancer tout le monde. C’était une grande crainte pour moi, qu’à tout moment un ou plusieurs membres du groupe puissent décider de se retirer. J’étais tellement engagée qu’il aurait fallu une blessure grave pour m’en sortir. Je suppose que les autres auraient pu abandonner à tout moment, surtout vers la fin, quand nous étions plus proches de la civilisation. Je suis vraiment contente que ce ne soit pas arrivé et je félicite tout le groupe d’être resté tout le temps.

©Martin Olson

©Martin Olson

©Martin Olson

Reine et vous êtes tous les deux des skieurs professionnels, cependant dans le film vous mentionnez que vous n’avez pas fait beaucoup de voyages comme celui-ci ensemble. Comment c’était, d’entreprendre une telle expédition avec votre partenaire ?

Les quatre premiers jours ont été durs pour nous deux. J’ai eu une dure journée le deuxième jour, donc je m’appuyais un peu sur lui pour avoir de l’aide. Le troisième ou le quatrième jour, j’ai remarqué que ça l’impactait et je pense que c’était en grande partie au fait qu’il s’agissait de sa première vraie expédition. J’ai eu peur pendant un moment qu’il ne s’adapte pas. J’allais mieux, et peu après il a trouvé son flux et s’est vraiment senti à l’aise avec l’inconfort qui peut venir des expéditions hivernales. Au final, c’était génial. On se chamaillait un peu de temps en temps, mais c’était un énorme bonus de l’avoir à mes côtés.

©Martin Olson

©Martin Olson

©Martin Olson

nous n’avons eu que deux mois pour nous adapter et nous préparer

Combien de temps de préparation a-t-il fallu pour un voyage de cette envergure ? Avez-vous réussi à vous en tenir au plan original ?

Je travaillais sur ce projet depuis quelques années avant notre départ. Cependant, le plan initial était une expédition en Alaska avec une équipe différente et une approche légèrement différente. Malheureusement, en raison de problèmes d’autorisation puis avec la pandémie, la décision a été prise de changer de site et les 12 plus hauts sommets de Suède sont devenus le nouvel objectif. Au moment cette décision a été prise, nous n’avions que deux mois pour nous adapter et nous préparer. Il fallait donc s’occuper du matériel différent, des problèmes de logistique et trouver de nouveaux coéquipiers. Une fois enfin sur la route, nous avons continuer à nous adapter en raison de la météo et des conditions de neige difficiles.

Il était évidemment important d’avoir une pulka la moins lourde possible, tout en se préparant à des conditions incertaines. Quelles décisions avez-vous prendre ? Comment avez-vous choisi les skis à utiliser ?

En Suède, il y a beaucoup de montagnes. Mais les approches intermédiaires sont souvent longues et plates. On a donc décidé d’utiliser des skis de randonnée nordique et des chaussures en cuir quand nous ne grimpions pas de sommets. C’est une pratique courante dans cette partie du monde. Cela nous a permis de prendre les skis de randonnée de notre choix en plus, et, pour la majorité d’entre nous, on a pris le Scott Superguide 95.

©Martin Olson

©Martin Olson

©Martin Olson

Le film montre certaines des difficultés de filmer un voyage comme celui-ci. Quels sont les plus grands défis lors du tournage d’un film de ski ?

La neige ! La qualité de la neige et la sécurité de la neige sont les plus grands défis lors du tournage d’un film de ski. On voulait bien sûr de la poudreuse sans risque, mais ce n’était malheureusement pas toujours le cas, loin de là.  Pendant ces 26 jours, on a eu des mauvaises conditions de neige pendant plusieurs jours.