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Une situation à coucher dehors

Malgré les privations et les souffrances générées dont nous n’avons pas fini de parler, cette crise aura eu le mérite de nous immobiliser, de nous imposer de ralentir.
Elle nous aura permis de nous interroger sur notre rapport à la mort dont nos sociétés sont parfois totalement coupées. De notre rapport à nos anciens et aux inégalités que le contexte aura exacerbé. De notre rapport à la nature que les plus chanceux auront pu ce printemps voir fleurir. Et enfin de notre rapport au temps qui aura été totalement modifié. Certains se seront mortellement ennuyés, d’autres, entre boulot et enfants n’auront finalement pas chômé. Mais pour tous, la réduction de nos déplacements en aura profondément modifié la perception, en mieux diront certains !

découvrir plus à partir d’un peu moins
et finalement voir beaucoup plus loin
en allant beaucoup plus près.

Si l’action et son cortège de contradictions vont très certainement repartir à fond, une partie des pratiquants et de leurs chefs de files s’interrogent sur la suite. Des réflexions, des initiatives et des communications jusqu’alors inédites sont en train de fleurir partout, nouvel espoir.

Pour l’heure, la situation évolue et un retour progressif à la nature semble se profiler pour les prochains jours, mais dans quelle mesure ?
Cet été, en France et dans une bonne partie de l’Europe, les vols en avion seront exclus, les frontières coupées et les lieux collectifs certainement fermés. Quant à l’ouverture des refuges, rien n’est encore très clair mais il est certain que les conditions d’accueil seront restreintes et complexes. Une nouvelle situation totalement inédite pour le monde de la montagne.

S’ils veulent continuer à travailler et à profiter de leur environnement privilégié, les alpinistes, grimpeurs, randonneurs, guides de moyenne et de haute montagne vont devoir se réinventer.

Est-ce que nos pratiques de cet été vont être à la montagne, ce que nous voulons que notre consommation soit à notre alimentation, en un mot : locales ?

Tous, autour de chez nous, avons pu découvrir la diversité des chemins, les différentes options à partir de la maison. Que dire de ce bout d’arc alpin qui traverse l’hexagone et s’ouvre à nous pour les prochains mois ? Un terrain d’expression sans fin dont une seule vie ne suffirait pas à en explorer le quart. Les possibilités sont innombrables.

Et si en plus des refuges, certaines remontées mécaniques sont fermées, cela peut être, encore une fois de manière forcée pour certains, l’occasion de changer de rythme, de changer d’approche (comme le propose l’association Mountain Wilderness). Une démarche volontaire pas si facile à mettre en place dans ce monde qui va si vite et dont la rapidité et l’efficacité en sont les premiers piliers. Là encore, l’absence de choix et des règles identiques pour tous sont une chance. Celle de découvrir plus à partir d’un peu moins et finalement, peut-être, de voir beaucoup plus loin en allant peut-être beaucoup plus près.
Un autre paradigme semble se profiler, une autre logistique s’imposer pour les pratiquants qui décideront demain, de profiter de la montagne et des sommets un peu plus que le temps d’une journée.

Pour bon nombre de montagnards et d’alpinistes, la tente est synonyme d’évasion mais aussi de contraintes. Poids et logistique supplémentaires, mais aussi montage, démontage ou encore défaut d’étanchéité et de condensation, les écueils sont nombreux.

À juste titre c’est un outil qui, au-delà de l’image exotique des camps de base et des ascensions engagées ne jouit pas que d’une réputation légère, surtout lorsqu’il faut porter.
Pourtant, cet été il est probable que bon nombre y découvrent de nouvelles vertus.

D’autant qu’aujourd’hui des produits qui compilent robustesse et extrême légèreté, grâce à des matériaux innovants tels que le Dyneema® ou l’utilisation de mono parois, apparaissent enfin. Des outils dont le style n’est pas sacrifié sur l’autel de la technique, de la légèreté ou du confort et que l’on imaginerait « détournables » en milieu urbain, comme certaines vestes ou accessoires alpins.

Des palaces d’un kilo et demi
avec lesquels aucun hôtel cinq étoiles
ne pourrait rivaliser

Ces produits vont permettre cet été aux pratiquants et aux guides de proposer des chambres avec vue. Des palaces d’un kilo et demi avec lesquels aucun hôtel cinq étoiles ne pourrait rivaliser, tant l’expérience d’un bivouac aussi simple soit-elle reste inimitable. Une proposition premium dans un contexte hors norme. Une porte entre le monde d’en bas et celui d’en haut, un trait d’union entre action et contemplation.

Maitriser son rythme d’approche et sa logistique, s’affranchir des horaires d’ouvertures, de repas et des contraintes de réservations, sont autant d’options susceptibles de convertir de nouveaux adeptes. Au-delà des rencontres, de l’accueil et du rapport à l’autre que seuls les refuges d’altitude peuvent favoriser (avec parfois l’apéro qui y est associé), il est possible que certains, grâce à la tente, fassent finalement l’expérience d’une incomparable liberté, croyant en avoir été privés.

les années passant, il n’est pas rare
que cela soit l’image du campement
qui prenne l’ascendant

Vivre en nomade, séparé de la morsure du givre par l’épaisseur d’un membrane nylon ou dyneema®, distillent des souvenirs qui s’inscrivent dans la mémoire en même temps que dans les cellules. Baignés dans l’intimité de la nature, loin des foules et des ronfleurs, pratiquants, guides ou clients gardent en tête, à souvenir égal, l’ascension et le bivouac qui s’y rattache. Parfois même, les années passant, il n’est pas rare que cela soit l’image du campement qui prenne l’ascendant.

Rêver de nuits à coucher dehors, imaginer des expéditions locales, se transformer en clochards célestes et goûter à un autre rapport au temps semblent être les troisièmes de cordée qui s’invitent pour cet été.
Des pratiques prescrites comme remèdes à la crise et dont la dépendance positive engendre des effets secondaires bénéfiques.
Je vous invite cette saison à en profiter à foison.