Louis Didelle continue de nous conter sa traversée des Pyrénées en solitaire. Voici donc un troisième poème… frugal.
Mon sac de rando est un objet en plein dépassement de fonction. Il est à la fois : chambre, oreiller, bibliothèque, pharmacie, atelier, dressing, frigo, patère, cuisinière, lavabo… L’équilibre est pesant et précaire et le frigo…trop petit ! Trop petit pour les coins reculés des Pyrénées ariégeoises. Un mauvais calcul et me voilà confronté à l’angoisse du manque. J’ai faim, ou plutôt peur d’avoir faim, et cette peur fait des nœuds dans ma tête et mon bide. La ration est un noeud, un « ne », une négation de ma satiété.
C’est peu,
trois fois par jours,
c’est trois fois rien.
C’est trois fois
trois petits bouts de pain.
C’est trois fois
la peur du lendemain.
Et puis,
c’est vite fini,
vite oublié,
dans la fumée du tabac
batard de la satiété,
placard des assiettes léchées.
De pas à pas
en peu de peu,
je rêve
de néons blancs,
de rayons pleins,
d’opulence,
plus de lent.
Alors vite je cours
vers la fin des faims !
©Louis Didelle
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