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Les courroux du Queyras

Rando Photo

Avec les Rando-Photo, nous allons nous concentrer sur le paysage. Les images servent ici de fil conducteur à une plongée dans les plus beaux itinéraires.
Jetons un oeil autour du Queyras, idéal pour goûter aux premières couleurs d’automne. 

Il est des jardins reclus où la nature a gardé toute sa force et sa superbe. Bastion montagneux, le Queyras est de ceux-là. L’itinéraire qui le traverse (que les adeptes de référencement chiffré ont poétiquement appelé GR 58) alterne entre vallées et cols, villages et lacs de montagne. Un joli tour du proprio du PNR avec en permanence deux sommets iconiques en toile de fond, le Pic de Rochebrune et le mythique Mont Viso. Pour les numérophiles encore et ceux en manque d’inspiration pour le Loto, vous trouverez le 47 pour les heures de marche, le 15 pour le poids du sac au départ, le 120 (plus difficile à jouer) pour les kilomètres, le 8150 (ne cherchez pas sur la grille…) pour le dénivelé cumulé et le 6 puis 8 puis 6 pour le nombre de personnes (sans accouchement, ni décès).

©L’oeil d’Edouard

Au départ de Ceillac, les muscles et les articulations se chauffent à la douceur du dénivelé progressif qui nous conduit au Col des Estronques et la Tête de Jacquette (2757 m). En serpentant sur les Crêtes de la Blavette, une première vue panoramique nous présente l’envergure du projet. De la carte IGN à la réalité du terrain, il y a parfois plus d’un pas : « Donc, demain, on est là, et dans 4 jours, là-bas ». L’entreprise n’est pas titanesque et, suivant les conseils de Boris Vian, nous nous contenterons de par-dessus. La Pointe des Marcelettes (2900m) fait ensuite office de balcon sur le Pic de Rochebrune, le Péouvou et le Monte Viso. On s’auto-congratule alors, l’idée de ce trek promet d’être judicieuse. La descente sur Saint-Véran clôt l’étape avec les couleurs ocres et verdâtres des roches oxydées dignes d’un paysage islandais.

©L’oeil d’Edouard

Forts de cette première journée conviviale et de la tartiflette qui lui a succédé, nous nous remettons en route avec enthousiasme. Les marmottes nous font hommage au passage mais pas le temps de parler racine et corneille, nous avons deux « 3000 » pour objectif, la Rocca Bianca et la Pointe de Caramatran. Cela était sans compter sur la colère de Zeus qui nous fera renoncer à notre dessein et rejoindre directement le refuge Agnel. Dans sa pleine grâce miséricordieuse, il nous offrira tout de même une carte postale digestive. On arrête alors de râler. Restons bons amis, il faut jamais se fâcher avec les dieux.

©L’oeil d’Edouard

©L’oeil d’Edouard

©L’oeil d’Edouard

©L’oeil d’Edouard

Le lendemain, c’est à Ouranos de contrarier notre ascension du Pain de Sucre. Il faut dire que, chat échaudé craignant l’eau froide, il n’aime plus beaucoup qu’on se rapproche trop près de lui. Là encore, simples mortels oblige, nous nous résignons à abdiquer. La larme à l’oeil et le déluge lacrymal céleste sur la Gore-Tex, nous redescendons sur les Lacs Foréant et Égorgéou. Les courroux du Queyras sont ainsi redoutables. La bière et les cartes occuperont le reste de l’après-midi… au soleil. Ils ont aussi le sens de l’acrimonie.

Encore rêveuse au réveil, la Tête de Pelvas dans les nuages nous rappelle en ce jour à tout excès d’optimisme. Et aussi que les chaussettes ne vont pas peut-être réussir à sécher sur le sac ! La vue depuis la Crête de Gilly n’enthousiasme que partiellement et il faudra une promenade forestière à travers les mélèzes et les fleurs de montagne pour colorer l’humeur. Sylvain nous offre des tapis de renouées, bleuets, épervières, raiponces, épilobes, campanules, centaurées…

©L’oeil d’Edouard

Au départ d’Abriès, le chemin de croix laisse espérer une ascension paradisiaque. Après quelques raideurs, le Grand Laus apparaît alors comme un jardin suspendu, une palette aux couleurs acides, ravivées par le soleil. Désireux de noyer nos frustrations cumulées dans un bar la veille, Tyché avait attiré mon regard sur un cadre accroché au mur : les Lacs de Malrif se donnaient en enfilade dans une perspective menant au Mont Viso. Je m’étais donc mis en tête la quête de ce spot photographique pour lacs photogéniques. Le Lac Mézan et le Petit Laus n’étaient plus qu’à une portée de semelle, Petit Poucet Gaïa finissant d’indiquer l’itinéraire par une suite d’edelweiss.

Le Col de Malrif n’est ensuite qu’une formalité mais, l’homme étant ainsi fait qu’il ne peut s’empêcher d’aller sur le moindre gratton encore un peu plus haut, nous sacrifions à cette vanité pour nous offrir une vue imprenable sur le Queyras depuis le pic éponyme. Non sans regrets, ce sera finalement « que » lui notre olympe du trek. Après quelques expertises florales nous menant au Col de Pléa, nous reposons nos pieds usés à Souliers avant d’arriver à La Chalp. Marquée par l’étape du Tour de France de la veille, le jaune est encore de circonstance et orientera le choix de la chartreuse du soir.

En résumé, le tour du Queyras c’est :

– 8 jours
– 8 150 m de dénivelé + et – (moyenne de 1 000m D+/ jour mais entre 2 00m et 1 650m) sur 120 km
– Nuits et repas : gîte Les Gabelous, Saint-Véran – Refuge Agnel, Col Agnel – gîte La Monta – gîte L’Ancolie Bleue, Abriès – Refuge des Fonts, Cervières – gîte La Teppio, La Chalp – Refuge de Furfande.
– Pas de difficulté technique particulière, pas besoin de matos spécifique (sinon une paire de bâtons, un sac à dos 44 litres)
– Carte IGN : Guillestre 3537 ET – Mont Viso Saint-Véran 3637 OT
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