fbpx

Népal : un nouveau trek au Dolpo, Gyaekochen et Schaller Trail

Dans les champs avec une famille de Dho, vallée de la Tarap, Népal. ©Jocelyn Chavy

Ses longues vallées et ses rivières plongent des hauts plateaux du Tibet vers le sud, tandis que de hauts cols permettent de franchir ses montagnes d’ouest en est : c’est le Dolpo, le pays caché. Au Népal, cette vaste région de culture bouddhiste tibétaine voit son univers se transformer avec de nouveaux accès. Peu fréquenté, le Dolpo réserve des aventures en altitude sur une frange oubliée de l’Himalaya. Grand connaisseur du Népal et de ses massifs méconnus, le guide Paulo Grobel propose ici un nouvel itinéraire de trek, le Gyaekochen et Schaller Trail. De quoi rêver, le doigt sur la carte, à ces immenses montagnes.

Avant de devenir un véritable voyage, un trek au Dolpo est d’abord un simple trait sur une carte. La promesse esquissée d’un voyage exceptionnel, forcément unique, avec des superlatifs qui surfent sur nos représentations fantasmées du Pays Caché.
Mais comme beaucoup de régions du Népal, le Dolpo n’échappe pas à la modernité, pour le meilleur comme pour le pire, et avec une frénésie d’ouverture de routes, qui bousculent le paysage. Pour les Dolpopa, Il y a urgence à s’adapter à de nouvelles mobilités, à répondre à un besoin vital de connexion facilitée.

« Time is changing », à la fois à une vitesse effrénée et au rythme lent des contraintes immenses pour tailler des routes dans un territoire himalayen. Rien de plus « normal ». Dans très peu de temps, le chantier entre Dho et Dunai, dans les gorges de la Tarap va débuter, et comme d’habitude au Népal, en de multiples endroits et simultanément. Ce sera un chantier titanesque, les gorges de l’Arly puissance mille, avec les moyens du bord.

La Tarap, rivière et chemin d’accès au haut Dolpo. Encore préservée, pour combien de temps ?
©Jocelyn Chavy

Pour anticiper cette réalité et éviter bien des désillusions, autant prendre acte de cette évolution inéluctable et modifier dès à présent les itinéraires de trek, en s’éloignant des routes en construction ou existantes et en imaginant d’autres itinérances, en partageant d’autres possibles. Cet article s’adresse donc autant aux responsables de prod des TO Français, qu’aux chefs d’agences népalaises, ainsi qu’aux futurs voyageurs passionnés d’Himalaya. L’objectif est d’abord de valoriser l’ensemble du territoire du Bas Dolpo, un lieu de rencontre entre diverses ethnies et religions, entre divers modes de vie et d’habitats, d’une richesse culturelle incroyable avec le peuple Keike. Nul besoin de fantasmer encore et toujours sur le Haut Dolpo, où la présence des pistes est bien présente. Une route a été ouverte de Jomosom à Charka et, forcément, elle va rejoindre bientôt Bijer et Kakkot.
Marcher des kilomètres sur une piste poussiéreuse, dans une grande vallée désertique ne me fait pas vraiment rêver… Et vous ?

Dans la haute vallée de Dho, vers 4000 mètres.
©Jocelyn Chavy

Après bien des treks au Dolpo avec toute l’équipe d’Himalayan Travellers, voici une compilation d’itinéraires qui a permis d’imaginer un trek original, hors des sentiers battus et le plus éloigné possible des routes en construction. C’est une combinaison de trois itinéraires : les balcons de Tarakot, le Gyaekochen Trek, et le Schaller Trail. Aucune agence ne propose actuellement cet itinéraire et vous ne retrouvez ces noms nulle part, bien que le Schaller Trail, le plus beau de tous,  commence doucement à être fréquenté.

LE SCHALLER TRAIL COMMENCE JUSTE À ÊTRE FRÉQUENTÉ

Une idée du voyage

 Pour se rendre au Dolpo, il y a bien sûr l’avion pour Juphal ou Jumla au départ de Nepalganj. Mais il y a aussi la route, qui est maintenant ouverte entre le Terai et Dunai, la préfecture du district de Dolpa. Et il existe même une ligne de bus direct depuis Kathmandu. Ces bus de nuit au long court sont une spécialité népalaise, une expérience un peu traumatisante pour nous, mais qui facilite le déplacement des népalais et des équipes de trek. Cet axe routier est également très utile pour sortir du Dolpo sans la contrainte de l’aérien.

Depuis Dunai, les balcons de Tarakot

Dunai est généralement le point de départ de tous les itinéraires du Dolpo : vers le lac de Phoksumdo, Dho ou plus rarement Dhorpatan, le sentier historique. L’itinéraire classique remonte simplement la vallée. Une piste y a été taillée il y a bien longtemps, elle sera facilement dégagée et ouverte pour rejoindre Laisicap, l’entrée des gorges de la Dho Tarap. La solution alternative consiste à utiliser les sentiers balcons qui connectent les villages à flanc de montagne, Thalagaon, Sahartara, Gumbatara, Kolagaon, et enfin Tachingaon, qui permet de rejoindre la vallée de Kakkot.

Dans les environs de Dho Tarap ©JC

Le Gyaekochen trek, de Kakkot à Dho

Kakkot est un village surprenant, peuplé de tibétains. Le vieux village niché sous une falaise et menacé par des chutes de pierre a été re-localisé au bord de la rivière. C’est le point de départ pour l’ascension de la Putha Hiunchuli, le 7000 le plus abordable du Népal, et c’est une porte d’entrée vers le Haut Dolpo, vers Charka Bhot ou Mugaon, une vallée d’où descendra un jour une nouvelle route, connectée à Jomosom.

En dehors des sentiers battus, nous allons rejoindre les alpages de Kakkot par un trek très sauvage. Je vous conseille d’ailleurs de rejoindre le village de Pimri, pour sa vue splendide sur les Dhaulagiri et son ambiance bouddhiste très haut Dolpo. Ces trois étapes sont logiques et accessibles avec des mules pour rejoindre le Gyaekochen Pass, point de bascule vers la Tarap Khola. Dou Kharka est lalpage principal de la Tatu Khola qui commande les hautes vallées de Kakkot d’où il est également possible de rejoindre Klang ou la Barbung Khola.

A proximité du glacier, le Gyaekochen Pass à 5318 m n’est pas un lieu très confortable pour des trekeurs, mais c’est le camp d’altitude pour l’ascension du Gyaekochen, dont l’un des sommets à 6107 m est encore vierge. Le Seré La, du nom d’un de nos muletiers de Tarakot, est un peu délicat pour les mules mais il permet de basculer dans la vallée de Klang, où vous retrouverez un bout de route. Un dernier col, le Chhe La ouvre la descente sur Dho.

©Paulo Grobel

Pimri Gaon et sa nouvelle gompa. ©Paulo Grobel

Le camp de base du Gyaekochen ©Paulo Grobel

Le Schaller Trail, de Dho à Ringmo

C’est peut être l’un des plus beaux treks du Dolpo, tellement la vue du lac est extraordinaire. Il a été nommé en hommage à George Schaller, grand naturaliste américain  à linitiative du Parc National de Shey-Phoksundo et compagnon de Mathiessen. Il me semble important de le nommer ainsi, tellement sa contribution à la connaissance et la protection de la faune himalayenne est capitale. Les paysages sont exceptionnels et ces 4 journées de sentier en balcon permettent de quasiment faire le tour du Lac de Phoksumdo où, au village de Ringmo vous retrouverez le sentier classique et forcément beaucoup de trekeurs, surtout népalais.

Le plus beau lac de l’Himalaya ? Phoksumdo, 3800 mètres d’altitude. ©Paulo Grobel

Les montagnes cachées du Dolpo ©Paulo Grobel

De Ringmo à Juphal

En trois jours, il suffit de descendre le cours de la rivière, de passer devant le chekpost du Parc national et de l’armée pour retrouver la route principale de Dunai. Le voyage à pied se termine, mais je vous suggère de continuer l’aventure. Au lieux de prendre l’avion, l’expérience d’accompagner votre équipe jusqu’à Népalganj en descendant toute la vallée de la Thuli Beri en jeep ou en bus, sera une plongée radicale dans les réalités népalaises, avec une arrivée déconcertante dans la plaine du Terai, à deux pas de la frontière indienne. Et, avant de retrouver Kathmandu, pourquoi ne pas faire un dernier détour pour visiter le Parc de Bardia, tellement oublié des touristes ?

 

Pour plus d’informations, voici les topos de ces itinéraires :

Les balcons de Tarakot

Le Gyaekochen Trek

Le Schaller Trail

Un article Alpine Mag sur le Gyaekochen