Alors que ce début d’hiver 2021 est particulièrement propice à l’escalade sur glace, vous êtes nombreux à nous demander si cette activité peut être accessible aux débutants. La réponse est OUI ! Même si des envolées telles que l’intégrale de la Grave font rêver, il y a un début à tout. Stéphanie Maureau est guide de haute montagne et ancienne compétitrice en cascade de glace. Avec ses casquettes de pédagogues et de championne, elle est en parfaite position pour vous expliquer comme bien mettre le pied à l’étrier… et la main au piolet.
Stéphanie, la première chose que l’on entend le plus souvent à propos de la cascade de glace, c’est que ce serait réservé aux gros bras, que ce serait un sport ultra physique. C’est vrai ?
Stéphanie Maureau : Pas du tout ! Je pense même que c’est plus simple que l’escalade rocheuse car en glace, tu crées tes propres prises en choisissant où tu veux ancrer ton piolet et tes crampons. Avec des débutants, on peut aller dans du plus ou moins raide et s’adapter à ceux qui ne grimpent pas habituellement sur cet élément particulier pour en faire une intitiaiton sympa. Comme en escalade, il y a différents niveaux de dififculté que l’on appelle les « grades ». Les cascades les plus simples commencent au grade 3 et les plus extrêmes au grade 7.
Faut-il tout de même un bagage technique pour débuter ?
S.M. : Pas forcémenet et j’ai même tendance à penser qu’il en faut encore moins que pour débuter en escalade sur rocher. En glace, il faut surtout êtr attentif à la pose des pieds. La règle de base est de se représenter dans un triangle avec les pieds écartés et les bras plus serrées. Ensuite, il suffit de se déplacer avec des ancrages efficaces, un peu éloignés les un des autres. Et après on enchaine ! Concrêtement, les débutants peuvent déjà s’amuser dans l’équivalent d’échelles de glace, dans du très facile et en moulinette.
Tout le monde est capable d’utiliser
des piolets et des crampons !
On associe souvent la glace à un milieu hostile. Et-ce une activité dangereuse ?
S.M. : Ce n’est pas complètement faux car la glace est un élément éphémère. Elle fond et il y a des connaissances à avoir pour savoir s’il est possible de grimper dessus. Sa couleur, son bruit, sa texture sont des informations que l’on obtient sur le terrain. Mais il faut aussi se renseigner en amont, suivre les conditions de froid, de neige, de pluie, les antécédents. C’est comme en ski de rando, il faut regarder la neige les 15 jours d’avant pour savoir ce qu’on a sous les piolets.
C’est là toute la complexité de la cascade de glace. Il ne suffit pas de regarder ce que les autres ont fait les jours avant. Il ne faut pas hésiter à poser la question aux gens sur place et leur demander leur avis afin de nous faire notre propre avis.
©Lara Delbos / Camp-Cassin
Le matériel peut effrayer ceux qui n’ont jamais manié d’objets si pointus ! Piolets et crampons sont des outils que les débutants peuvent apréhender ?
S.M. : Tout le monde est capable d’utiliser des piolets et des crampons ! Il faut bien sûr un temps d’adaptation mais il est très court. Encore une fois, je pense que c’est plus simple que escalade rocheuse. Au début, pas besoin de taper comme un sourd, il ne faut pas une force extrême, juste comprendre les bases du placement en triangle. En quelques minutes, les gens se font plaisir.
Personnellement, j’utilise une méthode empirique : tu prends t’essayes et ensuite on discute !
En tous cas, au début on grimpe en moulinette ou avec les broches en place pour les plus débrouillés, donc il n’y a pas de soucis à se faire !
Vous avez dit pointu ? Stéphanie Maureau s’entraîne ici dans le site de dry tooling de l’Usine, à Voreppe. A l’automne notamment, le dry permet de s’entraîner avec crampons et piolets dans des voies équipées et des trous parfois forés. ©Ulysse Lefebvre
La glace est-elle une activité à part entière ou une compétence nécessaire pour l’alpinisme « classique » en haute montagne ?
S.M. : La montagne est un vaste terrain de jeux. C’est agréable de jouer avec tous les éléments. On n’est pas obligé de faire de la cascade pour faire de l’alpinisme. C’est vrai qu’on utilise les mêmes outils pour grimper les goulottes mais ce n’est pas la même chose. On peut dire quand même que l’un complète l’autre, comme la salle peut compléter la falaise en escalade. Personnellement je ne ferais pas l’un sans l’autre car la saison glace est courte !
Stéphanie Maureau lors des championnats du monde d’escalade sur glace à Champagny-en-Vanoise, en 2014. ©Ulysse Lefebvre
Alors que la glace est une discipline hors normes, tu as su la concilier avec une vie de famille. Comment vis-tu ces deux mondes apparemment éloignés ?
S.M. : Avec la maternité, c’est compliqué de tout concilier. Il y a un temps pour tout. Mais j’ai voulu des enfants donc je ne regrette pas ! Je regrette quand même la compet’ mais j’avais fait le tour. Je vais connaître des choses avec mes enfants aussi, ça lisse le sentiment de manque de la compétition. En escalade, j’arrive à grimper avec les enfants, des session de 4 heures en falaise ça suffit. J’ai jamais aussi bien grimpé qu’avant ! Je grimpe moins mais plus dans la qualité. Mes voies les plus dures, je les ai faites après les enfants car je suis moins éparpillée, plus concentrée dans un créneau précis.
Il y a un temps pour tout.
©Antoine Mesnage / Camp-Cassin
Quels sont les 3 conseils que tu donnerais aux débutants, en particulier aux gagnants du concours photo #alpinecampcassin qui découvriront la glace avec toi ?
1/ Venez tranquilles ! 2/Ne stressez pas ! Inutile de vous entraîner avant. 3/En revanche, habillez-vous !