C’est un post qui revient sur mon feed depuis hier comme un morceau de Modern Talking en fin de soirée (ou de Ninho dans une file de bagnoles) : celui de Bonpote qui cite le rapport de synthèse du GIEC *. À moins de vivre sur la planète B (celle qui n’existe pas) vous savez que le GIEC vient de publier son sixième rapport (depuis 2015). Et le post en question d’en afficher la punchline : « chaque dixième de degré compte ». En résumé : sans fermeture anticipée d’une partie des exploitations de charbon, gaz pétrole et sans une désaccoutumance à ceux-ci, nous dépasserons un réchauffement de +1.5°C. Pour atteindre +2°C, voire +2.7° (scénario intermédiaire), la cata totale, à l’horizon 2100.
Une photo de l’auteur de l’édito en contradiction avec lui-même. ©JC
Alors oui, nous prenons tous conscience de cette réalité. D’un côté on poste le rapport du GIEC, on like les posts de Camille Étienne. De l’autre, moi le premier, on va skier en Norvège – ou grimper en Patagonie. D’un côté on trie nos poubelles, de l’autre on achète une nouvelle paire de skis : un VTT aurait globalement été une meilleure idée, mais pour le même prix on n’a plus qu’une fourche !
D’un côté on culpabilise, de l’autre on passe en moyenne 5 heures (oui, cinq) sur notre smartphone par jour. Pour faire quoi ? Utiliser internet, et pas lire le Monde, mais principalement cet aspirateur à cerveau que sont les réseaux sociaux, Tiktok, Twitter, FB et Insta. Tous blindés de pub. En latin : panem et circenses. Bilan ? En France l’empreinte carbone du numérique a largement dépassé celle de l’avion et ne fait qu’augmenter.
Panem et circenses.
Rassurez-vous, j’ai bientôt fini la séance. D’un côté on va sauver notre monde avec de bonnes grosses centrales nucléaires. De l’autre on va tolérer les Jeux Olympiques d’hiver en Arabie Saoudite, et même tolérer les JO tout court (coucou à Auron et Isola qui rêvent de JO en 2034). D’un côté on prend le petit train pour skier dans la vallée de Chamonix, de l’autre le trafic routier du tunnel du Mont-Blanc n’a jamais été si important : +14% en juillet dernier par rapport à l’année précédente.
Pendant ce temps-là, heureusement, plein d’initiatives se montent pour penser la montagne de demain, la changer : des initiatives privées comme le Lama project pour les stations, associatives comme la montagne zéro déchet de Mountain Riders, et (heureusement) étatique comme le Plan Avenir Montagne, puisque comme le rappelle le GIEC, la thune est là. Ne manque que la volonté. Et les trains, dirais-je, quand la grève ou les pannes à répétition ne les stoppent point. Tout être humain a le droit d’être en contradiction avec lui-même, dit Amélie Nothomb. C’est bien là le problème.
* un autre article à lire ici