Freerando en Isère : ski dans les beaux coins de Chamrousse

Saluons les choix de la station de Chamrousse vis-à-vis des randonneurs à ski. Non seulement la station ouvre et entretient un (parfois deux) itinéraires balisés pour les skieurs de rando débutants, mais elle garde une politique tarifaire accessible pour les randonneurs. Il en coûte ainsi onze euros pour le forfait randonneur (à skis), comprenant une montée en télécabine jusqu’à la Croix de Chamrousse et une montée avec le télésiège des lacs Roberts. Certaines stations, que nous ne nommerons point, demandent parfois près de la moitié du forfait journée pour ce type d’offre. Le combiné télécabine de la Croix – télésiège des lacs Roberts permet à de nombreux randonneurs de faire la classique des lieux, à savoir les Vans, avec un dénivelé réduit. Mais pour ceux qui veulent enquiller des lignes en freerando, non loin de la station, c’est aussi un forfait à choisir.

Si vous préférez assurer la quantité, prenez le forfait journée ! Et dans ce cas on vous recommande d’attaquer le matin par une descente du couloir de la via ferrata, en sachant qu’il faut un minimum de stabilité et d’expérience car le passage est raide : on démarre par une petite remontée où il n’est pas la peine de mettre les peaux, près de la toute nouvelle passerelle himalayenne qui surplombe le départ de la piste de Casserousse. Au point 2225 m, Casserousse sur IGN, le couloir s’ouvre à main droite, plein Est. Autre possibilité : descendre plein nord en pente douce sur quelques dizaines de mètres, avant de skier le court mais raide versant sud-ouest. Cette saison peu enneigée, nous préférons une autre valeur sûre pour qui veut enquiller plusieurs descentes et petites montées à Chamrousse : le versant sud-est du rocher de la Perche. Kezaco ?

Il s’agit de descendre la piste des crêtes, de dépasser le point 2152 m (qui s’appelle rocher de la Perche sur IGN). Avant celui-ci on peut descendre plein sud sous le téléski de l’Infernet, mais cette pente aimable nécessite un fort enneigement car parsemée de rochers. Alors qu’en avançant sur la crête, plusieurs couloirs versant sud-est attendent vos spatules. Cette mi-mars 2023, nous choisissons un petit couloir avant le point 2123, peu avant la petite cabane des pisteurs. De quoi faire quelques beaux virages soutenus. Soit on remonte et on se décale main droite (sud) : on peut ainsi cocher quatre ou cinq lignes différentes d’environ 150 à 200 mètres de dénivelé. Pas la peine de descendre jusqu’au lac Achard : mieux vaut remonter à travers les pins à crochets et pins cembros emblématiques des lieux jusqu’au col de l’Infernet. De là par une traversée on rejoint le pied de l’autre (re-)coin secret de Chamrousse : la Botte !

La Botte, le pied !

La Botte, c’est cette petite pyramide souvent oubliée malgré sa proximité avec le col du même nom, qui par une traversée extrêmement fréquentée conduit au col des Lessines et à la très grande classique des Vans, 2448 m. Pas la peine d’aller jusque là : comme souvent, les sommets moins connus sont dédaignés. Et pourtant il ne faut que quelques dizaines de minutes pour aller au sommet de la Botte : soit à pied depuis le col, soit en traçant sur une vague épaule dans sa facette ouest. Ce que nous faisons aujourd’hui. Des traces sont présentes de part et d’autre, il faut croire que cette facette ouest est de plus en plus prisée, mais il reste de la place un peu plus à droite, et surtout un peu de neige froide ! Libre à vous d’enquiller là encore deux fois cette facette de 250 mètres quand on descend jusqu’au petit lac sur IGN. 

Une fois remontés au sommet de la Botte nous préférons tenter sa facette nord : après la vague épaule du départ, face aux Grandes Rousses et à la Meije, la descente dans la facette est évidente en tirant main gauche. Mais on peut aussi aller chercher une option au milieu, main droite, qui par un couloir mène au pied des Escombailles. Il ne reste plus qu’à monter au col des Lessines pour poursuivre ce tour « anti-horaire » de Chamrousse… ou rentrer au bercail, par le télésiège des lacs Robert ! Les plus motivés peuvent au choix enquiller sur les Vans, le Sorbier. Ou, par bon enneigement, aller skier le Grand Eulier, qui n’est pas nommé sur IGN (point 2232 au nord des lacs Robert).

A ce petit jeu, à raison de deux descentes et une remontée (+200m) vers Achard, deux montées à la Botte (2 fois +250 m), un Vans (+350 m) si on ajoute un Grand Eulier on finit à +1200 mètres de dénivelée. Mais ce sera à la carte, au fil des descentes. La freerando ou la rando-station, c’est le plaisir pur : choisir sa ligne, en choisir une autre. Ne pas chercher les « grands » sommets ou les « gros » dénivelés (même si on peut arriver à en faire !), mais chercher l’esthétique, la qualité de la neige, la découverte. Parce qu’à Chamrousse, on aura eu le loisir de contempler le massif du Taillefer sous toutes ses coutures, le Trièves et le mont Aiguille au loin, les Grandes Rousses pas tant.