Voytek Kurtyka est l’homme du Shining Wall au Gasherbrum IV, la plus belle ascension himalayenne de tous les temps. Le polonais est un mythe à la silhouette tranchante, venu à bout de six 8000 en style alpin, capable de faire du 7c+ en solo à presque cinquante ans – il en a 20 de plus aujourd’hui. Un samouraï stylé et inspirant dont la passion pour l’escalade passe aussi par le travail mental qu’il a fait sur lui-même. Grâce à la montagne, l’objet de son affection, qui ne l’a jamais trahi, précise t-il.
Kurtyka n’aime pas répondre aux emails. Moi non plus. Dans la biographie que lui consacre la journaliste Bernadette McDonald, on a la confirmation qu’il se méfie comme la peste des honneurs. Il a répondu par la négative à la proposition, réitérée année après année, de recevoir un Piolet d’Or pour l’ensemble de sa carrière, jusqu’en 2016. Voytek Kurtyka est sans doute l’un des plus grands alpinistes vivants, mais s’exprime peu, ou pas, en public. Chaque bribe de phrase que prononce l’alpiniste polonais vaut son pesant de pitons en titane. Au printemps 2016, Voytek Kurtyka est venu à la Grave recevoir le Piolet d’Or carrière, et l’occasion fut belle d’écouter le samouraï Kurtyka et sa parole rare, en anglais quelque peu haché. Le visage fin comme une lame de couteau, une chemise indienne et un élégant foulard arabe contrastent avec une grosse montre au poignet. Signe de réussite discrète, loin des affres des débuts de l’alpinisme polonais
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