
C’est une petite commune de 170 habitants étalée sur plusieurs hameaux. Située en rive du Parc National des Écrins, elle fait partie du club des 7 villages du label « villages d’alpinisme des Écrins », « lieux de départ historiques pour les grandes courses d’alpinisme vers des sommets emblématiques. » La commune en question s’étale de 976 mètres à 3564 mètres d’altitude, au sommet de l’Olan. Vous avez trouvé ?
Et bien Valjouffrey, en Isère, serait la pire commune de France. Sur les 34 795 communes françaises passées au crible d’une large enquête, Valjouffrey arrive en dernière position du palmarès 2025 des Villes et villages où il fait bon vivre, Biarritz figurant en première place.
Ce palmarès classe l’une des communes parmi les plus préservées des Alpes, labellisée, comme la lanterne rouge du pays.
Moi qui pensait que Feyzin, en région lyonnaise, sa raffinerie et ses polluants éternels auraient au moins mérité le bonnet d’âne : et bien non. Faut-il croire que Berre l’Étang et son fumet pétrochimique valent mieux que Valjouffrey ? Oui, selon ce classement.

L’Olan, sommet majeur des Alpes, dans le Valjouffrey, et la mairie, à la Chalp. ©Jocelyn Chavy
Résumons la méthodologie, complexe, de ce classement. Chaque commune est analysée sur 190 critères répartis dans 11 catégories à partir de données INSEE : qualité de vie, sécurité, santé, transports, commerces et services, éducation, protection de l’environnement, finances et impôts locaux, solidarité, sports et loisirs, attractivité immobilière.
Chaque catégorie permet d’obtenir des points : avoir un site Seveso en donne zéro, tandis qu’en être éloigné donne 100 points. Avoir un bon morceau de parc national ? Zéro point. Avoir l’Olan, sommet majeur des Alpes ? Zéro point, évidemment.
Le poids de chaque catégorie est pondéré par un sondage (le dernier en date est de seulement 1024 personnes) sur les thématiques qui définissent, selon les Français, une ville ou un village où il fait bon vivre. Avec en tête de gondole la « qualité de vie » et la « sécurité ». Peu connue pour son taux de délinquance, Valjouffrey finit pourtant à la dernière place.
Pour le classement, avoir l’Olan ou un bon morceau du parc national des Écrins donne zéro point
Illustration sans doute des difficultés d’accès aux transports et à la santé, plusieurs communes de montagne emblématiques et touristiques finissent dans les tréfonds du classement : citons la Grave (32619), St-Christophe-en-Oisans (34739). Pourtant épargné par les catastrophes naturelles (nouveaux critères du classement 2024), le plus haut village de France, Saint-Véran, dans le Queyras, finit à la 34577ème place !
Moins étonnant, Annecy truste la troisième place du podium, ses voisines Menthon St-Bernard (34ème) ou Saint-Jorioz (294ème) confirment l’attrait du lac haut-savoyard. Mais il faut croire que les hauts salaires et le tourisme ne suffisent pas au bonheur : Courchevel atteint seulement la 7180ème place.
Chamonix (1244) se fait griller d’une place par St-Jean-de-Maurienne (1243), qui l’eût cru ? L’ancienne ville olympique des JO d’hiver, Grenoble (205), est dépassée par Thionville (174), écrasée par Nanterre (64e) ou Issy-les-Moul’ (70e). Si si !
Chamonix se fait griller d’une place par St-Jean-de-Maurienne
Citée par le Dauphiné Libéré, une habitante de Valjouffrey, considère son lieu de vie d’un autre oeil. « Quoi de plus merveilleux que d’entendre l’eau qui coule » et de « ramasser des framboises » sauvages ?
Il y a quelques années, un petit pays de l’Himalaya, le Bhoutan, a mis en avant un autre indice que le fameux PIB (produit intérieur brut) : le bonheur national brut (BNB) qui sert à mesurer le bonheur et le bien-être de la population du pays à partir de critères autres qu’économiques.
Vous me direz : la proximité des montagnes sauvages des Écrins ne fait pas un cadre de vie idéal que ce soit en termes d’écoles ou d’emploi. Certes. Je répondrai simplement ceci : mettre le bonnet d’âne à Valjouffrey jette un discrédit certain sur ce genre de classement !