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UTAC ou l’ultra traversée Alpes Corse pour Benjamin Védrines

Il y a à peine une huitaine, il bouclait le tour de Serre Chevalier par les crêtes. Certains pourraient croire qu’il se serait reposé mais ce serait mal connaître le personnage. Fuyant le mauvais temps qui sévit sur les Alpes depuis plus d’une semaine, Benjamin Védrines avait un objectif clair en tête : le GR20 « by fair means » sans moyen mécanique, au départ des Hautes-Alpes. Fini les « Zig Zag’neaux » et autres tricotages haut-alpins : il s’agissait cette fois de tracer une belle ligne droite nord sud jusqu’à la pointe de Corse. Une inspiration « à la Lionel Daudet » version Insubmersible, le carton de Jimmy Chin sur Netflix. On y reviendra. Benjamin Védrines a enfourché son vélo à Briançon pour une balade de 293 km jusqu’au port de Nice, soit 6950 mètres de dénivelé, en deux jours. Une formalité pour celui qui a fait la Meije Orientale à la demi-journée en vélo.

Benjamin Védrines avait besoin de prendre l’air après avoir reçu un nouveau prix d’alpinisme, trouvant « étrange d’être élevé à ce statut-là ». Le début de ce véritable ultra triathlon mer-montagne a été dur, avec deux jours de vélo sous la pluie battante qui a failli ramollir sa motivation. Certains pourraient croire qu’il abandonnerait, mais ce serait mal connaître le personnage. Il a ensuite enfilé une combinaison de nage pour la partie la plus périlleuse de son périple : la traversée de 180 km à la nage jusqu’en Corse, avec un bateau suiveur barré par Eric Loizeau, navigateur basé lui aussi à Serre Chevalier. 7 jours à nager 12 heures par jour, « pire que la qualif’ canyon du diplôme de guide » selon Benjamin. Il ne lui restait plus que le plat de résistance, le GR20 corse. Extrême ? Pas tant.

Védrines bat le record du GR20 en moins de trente heures. Avec un sac à dos.

Non seulement Benjamin Védrines se paye le luxe de battre le record de Lambert Santelli, qui avait battu celui de François D’Haene, qui lui-même avait battu celui de Peretti (vous suivez ?) mais Benjamin passe sous la barre mythique des trente heures, avec un temps annoncé de 29 heures 55 secondes, soit 30 secondes de moins que le traileur corse. Et encore, Védrines avait un sac à dos. Et il aurait pu faire mieux : à cause de la neige encore présente sur certaines sections comme le Monte Cinto Benjamin a dû se faire prêter une paire de raquettes : « la première et la dernière fois que j’en utilise » a commenté Benjamin. Avec une météo parfois complexe, Benjamin Védrines a ainsi réalisé un rêve de plus, qualifiant l’ambiance du GR20 de « superbe », avec une arrivée chargée en émotions que n’ont pas entaché les « petits panneaux indicateurs troués de balles » aperçus ici et là.

Les conditions difficile du printemps en Corse l’ont obligé à sortir les raquettes.

On attend toutefois la trace GPX de son GR20 : en effet sa montre n’a pas résisté à la traversée à la nage depuis Nice, donc Benjamin Védrines n’a pu fournir qu’une trace à vélo de Briançon-Nice. On pourra toutefois examiner sa performance une fois encore surhumaine avec le film en préparation autour de ce nouvel exploit. D’après nos informations, Jimmy Chin et son cadreur étaient présents sur le bateau d’Eric, avec l’idée de faire une suite au biopic Insubmersible, mais cette fois avec un éphèbe frenchie « à la Delon » qui fera se pâmer tout Hollywood. De là à voir Benjamin oscarisé, il y a un pas que nous ne franchirons pas. Quel a été le plus difficile dans cette aventure ? Sans doute la traversée de la Méditerranée à la nage, où l’alpiniste haut-alpin a croisé « de gros poissons. » En a-t-il eu peur ? Ce serait mal connaître le personnage.