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Swissway to Heaven de Guillaume Broust

Paroles de réal'

Vétéran des tournages de film d’escalade, Guillaume Broust dévoile au Chamonix Film Festival son dernier-né, Swissway to Heaven. Ce superbe documentaire décrit la quête des plus belles grandes voies de Suisse par Cédric Lachat, mais pas seulement ! Tout est parti d’un constat : la Suisse est un paradis de l’escalade alpine, et les voies dures et mythiques ne manquent pas mais sont peu connues. Le tournage, exigeant, s’est étalé sur deux ans, du Rätikon à l’Eiger. Le résultat vaut sans nul doute le déplacement au Chamonix Film Festival où Swissway to Heaven sera projeté le 9 juin. Guillaume nous raconte les coulisses du film.

Comment est né ce film ?

Guillaume Broust : Cédric Lachat est venu me voir. Son idée était de présenter les massifs de la Suisse à travers ses parois, puis des voies dures. Le projet sportif n’était pas au premier plan à ce moment-là. L’objectif était d’abord de montrer des paysages, que la Suisse était un vivier de grandes voies. Puis Cédric s’est mis au défi de faire ces grandes voies extrêmes. Dans un deuxième temps, je suis arrivé avec l’idée de faire un parallèle avec la création de ces voies, le comment et le pourquoi de ces voies, l’évolution de l’escalade libre, l’historique des voies dures… J’avais envie de parler de la Suisse de manière générale, et qu’on comprenne comment l’escalade a évolué en Suisse. Le premier tournage a eu lieu en mai 2019, avant le Covid. Cédric s’est aperçu qu’il ne connaissait pas si bien son propre pays. Il n’était jamais allé à l’Eiger, et ne connaissait pas ou peu le Wendenstock… il était motivé pour grimper des bijoux qui sont situés dans son pays d’origine. Le dernier tournage a eu lieu en juin 2020, et il m’a fallu un an de montage et de post production.

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Comment était l’Eiger ?

Guillaume Broust : Après y être allé tourner une première fois, on avait toujours l’espoir d’y retourner, que Cédric enchaîne Odyssée, 8a max. Ce n’est pas la voie la plus dure, mais il manquait la météo. Et puis l’Eiger, il y a eu une semaine de créneau dans l’année, il neige vite, ou la voie est mouillée. En fait Cédric Lachat travaillé l’été, il fait des saisons de canyon, il n’est pas grimpeur pro au sens où il n’en vit pas à 100% donc il n’a pas forcément le temps quand il faut.

Guillaume Broust plein gaz devant l’équipe du film © GB

Le sujet a-t-il été compliqué à mettre en images ? Comment tourner dans de telles parois ?

Guillaume Broust : Disons que c’est un avantage de filmer avec Cédric Lachat : il est moniteur BE spéléo, et surtout il est doué pour placer des cordes. Mieux, il a été capable d’équiper jusqu’à 400 mètres de cordes fixes pour certaines voies ! Quand j’arrivais il avait fixé les cordes, donc c’était très agréable. C’est un énorme boulot : avec un copain Cédric montait avant, ils posent les cordes statiques, ils travaillent les longueurs. Une fois cette grosse préparation faite je venais tourner, deux jours pour deux longueurs en pleine paroi. Par exemple on faisait une journée sur corde, puis Cédric enlevait les cordes statiques et après on faisait une journée drone, avant de remettre les stats.. Cela fait déjà 3 jours de beau entre guillemets gâchés pour faire les images, c’est donc un challenge pour faire un film dans ces conditions. Entre les vidéos, les photos et le drone, Cédric pouvait faire 5 enchaînements de la même longueur : ça coûte de la peau et une énergie considérable pour ce type de voies, donc faire un film est très exigeant, bien plus que « juste » faire des voies. Quand tu tapes dans le niveau extrême que représente des voies comme WoGu, le moindre truc peut faire capoter le tournage, et/ou l’enchaînement.

Cédric Lachat et Nina Caprez au relais © G. Broust

Une image aérienne de Cédric Lachat et Nina Caprez dans WoGu. ©Guillaume Broust

Comment s’est organisée la post-production ?

Guillaume BroustLe but du jeu c’est d’aller taper à toutes les portes, ce qu’a fait Cédric, obtenant le soutien de Petzl, Karpos, entre autres et à l’arrivée, j’ai eu plusieurs budgets, dont la subvention du FODACIM. Quand j’ai atteint ce que j’appelle une « green line » j’ai pu me lancer dans ce projet qui au début devait faire 26 minutes et qui finalement fait 52 minutes. Mais malheureusement le business model du documentaire de montagne n’est pas viable. Par exemple on ne peut pas toucher le CNC, c’est pour une diffusion chaînes TV uniquement. Heureusement que les marques soutiennent mais tu ne peux pas faire que ça. A coté je fais des films de commande. En ski il y a un peu plus d’argent. En montagne, c’est plus difficile. Après ce sont des films sur lesquels il y a beaucoup de visibilité.

Quels sont tes moments marquants à propos du film ?

Guillaume Broust. : Côté tournage, l’enchaînement de WoGu au Rätikon par Cédric pendant que l’on filmait a été marquant. Même si j’ai déjà vécu des enchaînements là c’est autre chose, on était deux pour filmer, on devait monter en même temps, à la même vitesse. Il faut que tu t’effaces, que tu ne gênes pas, que ta corde ne soit pas sur les dégaines. C’est stressant mais à l’image ça transpire la vérité ! Et mis à part ces grands moments, j’ai fait un gros boulot sur les archives, sur les premiers ouvreurs de ces voie, par exemple les frères Rémy qui sont interviewés et qui sont au coeur du film, mais aussi Beat Kammerlander… ou Anderl Heckmair à l’Eiger en archives pures, de belles images aussi.

Infos : Swissway to Heaven au Chamonix Film Festival, le 9 juin 

Le teaser :