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« Il faut réorienter les investissement lourds en montagne » Frédi Meignan

Pour les acteurs du tourisme et les professionnels de la montagne la période est incontestablement compliquée. La crise du Covid nous a mis de sérieuses claques à tous et elle a aussi terriblement fragilisé économiquement les acteurs montagnards. Et les trois premières semaines détrempées depuis la réouverture début juin en rajoutent une couche… pour le moral et les finances. Les secousses sont  d’autant plus dures que cette crise inédite tombe au moment où «le milieu montagne» était de plus en plus en sérieux questionnement face aux effets accélérés du réchauffement climatique et à ses conséquences à toutes altitudes. Mais la période de confinement, avec de fait une prise de recul, a aussi fait cogiter et a clairement généré plus d’envie, plus d’énergie pour penser différemment nos pratiques de la montagne et du tourisme. La question est posée à chacun personnellement mais aussi à nous tous collectivement.

la période de confinement a fait cogiter et a généré plus d’envie, plus d’énergie pour penser différemment nos pratiques de la montagne.

Les mois qui viennent vont être importants avec la reprise des activités cet été et les retours, bons ou moins bons, d’initiatives nouvelles, d’expérimentations. La rentrée et les mois d’automne, après on l’espère tous un bel été, seront les bons moments pour se retrouver et réfléchir ensemble aux transitions, aux transformations souhaitables et indispensables. Les Etats Généraux de la Transition du Tourisme de Montagne prévus pour les 18 et 19 Novembre arrivent à point nommé. Avec l’appui de l’Etat* et des Régions**, ils sont co-organisés par Mountain Wilderness et le tout nouveau Cluster de la Transition des Territoires de Montagne. Ils réuniront simultanément dans 40 sites (villages, vallées, villes, massifs…) les citoyens et les acteurs de tout l’éco système montagnard. Pendant ces deux journées nous serons également en lien avec les acteurs de la montagne de l’Arc Alpin (Suisse, Italie, Autriche, Allemagne…) ainsi que des Pyrénées, des Vosges et du Massif Central. Tous les participants pourront à la fois travailler ensemble localement et partager des moments de réflexions et d’échanges communs à l’échelle globale. Avec la participation de scientifiques, d’économistes, d’écologistes, d’élus et de « grands acteurs » de la montagne. Un « village » de 50 initiatives sélectionnées dans nos territoires permettra à tous d’aller à la rencontre (en visio) des hommes et des femmes qui portent ces expérimentations pour vivre différemment la montagne.

ne plus continuer comme avant : en réduisant dès de façon drastique les nouveaux investissements dans les aménagements lourds pour les réorienter vers les savoirs faire humains.

L’objectif est d’accélérer les coopérations pour la transition en montagne. D’abord dans chaque territoire, là où la dynamique de changement peut être très concrète et partagée. Et ensemble autour des grands enjeux communs: tourisme, pratiques de la montagne, biodiversité, énergie, éducation, mobilité, consommation… Ce rendez vous important d’une forme inédite vise à marier efficacement « ancrage local et dynamique globale ». Les territoires montagnards, dont on connait à la fois la richesse de ses espaces naturels exceptionnels et le grand nombre de ses acteurs motivés, engagés et créatifs, pourraient être à la pointe des transitions environnementales, économiques et sociales. Un beau défi au moment où les Etats, les régions vont inciter et accompagner fortement la relance. Au moment aussi où les attentes des citoyens européens évoluent vite.

De ce point de vue il est remarquable de noter comment les Régions et les grands acteurs comme France Montagnes communiquent en ce moment. En s’appuyant sur les études d’opinions convergentes, tout est axé sur le milieu naturel, sa beauté, ses bienfaits, sa préservation et la place des humains. Tant mieux. Dans la foulée, il y aurait sans doute un travail à fournir pour que les choix d’investissements soient mis en cohérence avec cette démarche.

Dans ce débat, et de mon point de vue de responsable d’ONG, il est important de ne plus continuer comme avant : en réduisant dès maintenant et de façon drastique les nouveaux investissements dans les aménagements lourds pour les réorienter. Par exemple, vers les savoirs faire humains. Toutes ces professions tournées vers, la découverte du milieu, la richesse extraordinaire de cette nature encore sauvage, la force des expériences que nous pouvons y vivre dans un total respect du vivant et du «non vivant». Vers l’artisanat, les producteurs locaux, l’agriculture de montagne, la création culturelle… Bref vers des territoires de montagne vivants équilibrés dans lesquels chacun d’entre nous pourrait se sentir à l’aise, impliqué et en phase avec les enjeux vitaux de notre temps.

 

 

*Les Etats Généraux sont inscrits dans la feuille de route de la SUERA (Stratégie de l ‘Union Européenne pour la Région Alpine) présidée en 2020 par l’Etat  Français.

** Régions AURA, SUD et Bourgogne Franche Comté