Survoler des sommets à plus de 8000 mètres, atteindre des camps de base en parapente ou faire des sommets de 7000 à la journée : l’équipe de parapentistes sous l’égide d’Antoine Girard a continuer à révolutionner le parapente et l’himalayisme l’été dernier au Pakistan. À la clé, trois hommes au-dessus de 8000, dont Antoine Girard à 8407 mètres, et une nouvelle manière d’appréhender la haute altitude dans le Karakoram. Le futur, c’est maintenant, et c’est ici en portfolio.
maginez : vous êtes dans un hôtel à plus de quarante kilomètres du Spantik, 7027 mètres. Vous marchez une heure, vous décollez en parapente à onze heures du matin. Vous posez à 6400 mètres, marchez deux heures pour atteindre le sommet à 7027 mètres avant de redescendre, et redécoller. Vol de retour et vous rentrez mettre les pieds sous la table à dix-neuf heures. Ce n’est pas de la science-fiction, mais bien la façon dont Antoine Girard, Julien Dusserre et Guillaume Omont ont « fait » le Spantik, à la journée, avec un aller retour en vol de 80 km.
Cette expédition au Pakistan de deux mois rassemblait l’élite du parapente, mais aussi des montagnards et skieurs de talent : autour d’Antoine Girard, vétéran du Pakistan comme Julien Dusserre se trouvaient également Fabian Buhl (alpiniste allemand), Guillaume Omont, Alex Jofresa, François Ragolski et Sébastien Brugalla.
François Ragolski a atteint un premier record à 8225 m. puis Antoine Girard a atteint 8407 m.
L’Himalaya en combo ski-parapente
Comme nous le raconte Antoine Girard, l’expédition était un groupe avec des cordées qui se formaient au gré des projets. Avec deux périodes : une première partie autour de Karimabad, proche du Rakaposhi. Et une deuxième, en juillet, sur le Baltoro. Du vol distance, et surtout des combos : ski-parapente, alpinisme-parapente, avec ou sans bivouac atteint en …parapente. Guillaume Omont et François Ragolski ont écumé des sommets à 5500 voire 6000. François Ragolski s’est malheureusement blessé mais il a eu le temps, à peine débarqué au Pakistan, d’établir un nouveau record d’altitude en parapente : 8225 mètres avec un déco à 2500 ! Ce nouveau record sera de courte durée puisqu’en juillet Antoine Girard va atteindre 8407 mètres au-dessus du Broad Peak : un exploit qu’il nous raconte en détail dans son interview.
Échecs et succès
Cette première partie de l’expédition fut riche en (belles) tentatives alpines : Antoine, Julien et Fabi ont ainsi tenté l’Ultar Sar, un sommet de 7388m très difficile. Avec un accès au camp de base en parapente, à 5000 mètres d’altitude ! L’équipe a ainsi pu perfectionner la méthode mise au point par Antoine en 2017 (avec Julien Dusserre au Népal, sur le Langtang Lirung) et en 2018 (avec Damien Lacaze), mixant vol bivouac et himalayisme light. (lire le Survol des géants, notre série par Damien Lacaze). Avec les autorisations dûment négociées avec les autorités pakistanaises, Antoine Girard et ses compagnons ont ensuite pu voler au-dessus du Baltoro, près du K2, et des Broad Peak. L’objectif était clairement d’établir un nouveau record du monde, sans pression puisque François Ragolski avait déjà porté la marque à 8225 m ! Succès pour Antoine qui le dernier jour de l’expé, profitant de l’expérience acquise en 2016 où il atteignait 8157 mètres, survole à nouveau le Broad Peak et atteint l’altitude de 8407 mètres ! Le tout en partant de 3300 mètres d’altitude.
Objectif 8000
Sur le Baltoro, un troisième homme est parvenu au-delà de 8000 mètres : Sébastien Brugalla, heureux d’atteindre cette altitude mythique, et de compléter cette moisson avec François et Antoine.
Seb Brugalla a également atteint l’altitude fatidique de 8000 mètres
Seb Brugalla
Vol au-dessus du Baltoro, avec le Gasherbrum IV 7925 m. à gauche.
Magie du Baltoro : Fabian Buhl en vol avec en toile de fond le K2 8611 m à droite, et le Broad Peak à l’extrême droite.
Toutes les photos de l’expédition sont signées © Antoine Girard, François Ragolski, Fabian Buhl, Guillaume Omont, Julien Dusserre, Seb Brugalla et Alex Jofresa.
La vidéo historique d’Antoine Girard lors de son vol à 8407 m :