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Distraction

J’aurais pu vous parler de ski de rando, d’un spot pas loin de chez moi, enfin, mille mètres plus haut, en Chartreuse, souvent pris d’assaut. On s’y parque à toute heure, on y skie tout l’hiver, quand pourtant le coin était désert, avant l’ère des réseaux sociaux, et des sites communautaires. Sur les premiers, certains ne peuvent s’empêcher de s’étaler, moi le premier, tandis que sur les seconds, la neige cotée s’affiche éternellement bardée d’étoiles.

J’aurais pu vous parler, justement, de la popularité de l’activité, des néophytes qui couinent devant la neige pas assez damée, ou des grincheux qui couinent parce que d’autres néophytes dérapent dans « leur » couloir, ou, sacrilège, font des trous sur la trace à grand coup de raquettes. L’art de rester poli, ou l’art de rester humble, en montagne ou sur la toile, y a encore du boulot, et de quoi faire un édito.

L’art de rester poli, ou l’art de rester humble, en montagne ou sur la toile, y a encore du boulot.

J’aurais pu vous parler de nos tests ski de rando 2021-2022, en cours ! ©JC

J’aurais pu vous parler de Martina Valmassoi, italienne bien connue dans le trail running qui a établi l’étonnant record féminin du dénivelé en moins de 24 heures, 17645 mètres de dénivelé, soit plus que vous et moi le mois dernier. C’est beau car Martina n’a pas flanché, je lui aurais bien demandé si elle se serait lancée dans pareil défi circulaire sans le covid ? Est-ce l’avenir d’une pratique qui peut devenir olympique ?

J’aurais pu vous parler de la fin de l’après-ski-de-rando, mais ce qui me paraît important, c’est de rappeler comment marche le monde de la montagne en France. Avec deux fédérations, dont l’une va changer de boussole.

J’aurais pu vous parler des sauvages qui vandalisent les refuges fermés, des cromagnons qui circulent en moto-neige sur les pistes des stations, et surtout, de la fin de « l’après-ski-de-rando », à savoir l’interdiction de boire une binouze dans la rue à Chamrousse ou à Cham’ tout court. J’aurais pu vous parler d’un tas de choses, mais ce qui me paraît important, c’est de rappeler comment marche notre petit monde de la montagne, pour tous les amateurs : c’est-à-dire avec le travail de deux fédérations, qu’il s’agisse des règles officielles (interlocuteurs Covid), de la formation, des hébergements, des compétitions, de l’entretien des falaises.

Cette semaine, les 3 et 4 avril, un nouveau président sera élu à la tête de la FFME, fédération délégataire pour l’escalade et le ski-alpinisme, alors que celle-ci comme nombre d’autres associations, voit ses adhérents confinés ne pas renouveler leur licence, et, corollaire, ses finances plonger dans le rouge. Pour répondre aux défis actuels, dont le moindre n’est pas celui de la gestion des falaises, ou du libre accès aux sports de nature, la FFME a besoin d’une nouvelle boussole, mais aussi d’un nouvel équilibre : entre le national et les clubs, entre le haut-niveau et le loisir, entre l’escalade indoor et outdoor, entre l’escalade tout court et les autres activités.

La façon bicéphale dont sont organisés en France les sports de montagne est sûrement perfectible. Que l’on soit adepte d’escalade ou skieur de rando, il en va de notre intérêt à tous de nous y intéresser. Plus que jamais.