Certains alpinistes sont tellement accrocs à la grimpe qu’ils en font un métier, par-delà les sommets de roc et de glace. Ces travailleurs en hauteurs, spécialistes des travaux « acro » (pour acrobatiques) vont même jusqu’à exporter leur savoir-faire à l’étranger, dans d’exotiques contrées. Voyage avec les cordistes sur les hauteurs de tours autrement glacées, à Séoul, en Corée.Â
Il était une fois une équipe de joyeux cordistes, Spéléologues pour la plupart mais aussi grimpeurs et alpinistes, tous expérimentés. Originaires des Alpes, des Cévennes et des Pyrénées, ils se retrouvent plusieurs fois par an aux quatre coins du monde pour célébrer un rituel explosif et artistique. Tous amoureux de nature, de montagne et de grands espaces, leurs rendez-vous se font pourtant en milieu urbain, au coeur des plus grandes cités de la planète, sur les plus impressionnante constructions faites par l’homme. Toute grande ville se doit d’avoir une tour, un building qui s’elève vers le ciel, le plus haut possible. Question d’image, de symbole, de puissance aussi…
Pour être honnête ces oeuvres sont belles, impressionnantes et élégantes. Quoi de mieux qu’un feu d’artifice pour glorifier et magnifier ces édifices exceptionnels. C’est là que le croisement de deux univers opère : Les artificiers, maîtres du feu et de la couleur rencontrent les cordistes, maîtres du vertige et de la verticalité. La rencontre ouvre des portes et le champ des possibles. En ce cas, elle a permis d’installer les effets pyrotechniques le long des parois et ainsi de créer un feu vertical. Une invention de Groupe F, sa force et sa marque de fabrique dans le monde.
Après Dubaï en décembre et la célèbre Burj Khalifa, nous somme en ce moment à Séoul sur la Lotte tower et ses 555 m de haut. Nous y étions déjà en 2017 pour l’inauguration. Le feu d’artifice cette fois n’a pas de raison particulière, nul besoin d’autre prétexte que de la rendre plus belle pour un soir. Pour l’illuminer et donner à voir un spectacle magique à tous les habitants du pays et bien au-delà . Nous, cordistes, nous sommes de modestes artisans dans ces installations complexes et minutieuses. Nous avons le plaisir et un soupçon de fierté d’y avoir participé. La satisfaction aussi d’avoir apporté un instant de bonheur et d’émerveillement à tant de personnes.
Les artificiers, maîtres du feu et de la couleur
rencontrent les cordistes,
maîtres du vertige et de la verticalité.
Vous me direz que tout cela n’a rien de très écologique et que notre bilan carbone est catastrophique. C’est vrai et on en a tous conscience. Mais faut-il supprimer dans nos sociétés les spectacles, les tournées concert de stars internationales, les tournages de films à gros budget ? La question est ouverte… Je n’ai pas la réponse. Pour notre part, notre travail consiste à poser des centaines de supports le long de 6 arêtes sur 500 m de haut pour accueillir des milliers d’effets pyrotechniques qui, par la magie de l’informatique et des câblages, vont s’harmoniser dans un jeu de formes et de lumière esthétique et poétique, créé par le designer du spectacle.
On travaille par équipes de trois sur une ligne de 200 m de haut et, une fois installée, on passe à la suivante. Ainsi de suite jusqu’à ce que tout soit en place, testé et validé. Cela représente 200 m par descente, 4 à 6 fois par jour. Au final, ce sont des kilomètres de cordes avalés par nos descendeurs. Le jour J, une tension presque palpable monte crescendo jusqu’aux dernières secondes avant le décompte final. L’échec est impossible, tout doit fonctionner.
Cela représente 200 m par descente, 4 à 6 fois par jour.
des kilomètres de cordes avalés par nos descendeurs
Des millions de personnes attendent de voir LE spectacle. Dans la rue bondée, aux fenêtres et sur les toits de la ville, derrière les postes de tv, sur internet… 3 2 1 Feu ! C’est parti, le temps s’arrête. Les yeux de la ville sont braqués vers le ciel et on entend des « hooo » monter de la foule. 21 h, c’est terminé, Tout était parfait. La fin du spectacle est toujours un moment particulier, joyeux, festif, avec le plaisir du travail accompli et bien fait. Le feu lui est terminé mais pas le travail ! tout reste maintenant à désinstaller, démonter, ranger. Jusqu’à la prochaine fois, dans un autre pays, avec un autre public…