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Une apparente absurdité

Dans tous les paradoxes du monde, il se cache une part de vérité et une autre de beauté.
C’est le cas en littérature où l’oxymore, mot pourtant presque laid, magnifie l’écriture depuis que l’on écrit. Des splendeurs invisibles aux délices insensibles, Rimbaud en faisait son affaire.
C’est vrai, aussi, en montagne. Nous ne sommes qu’à demi surpris, la montagne a toujours été ce haut lieu de rencontre des contraires : chérir la vie mais accepter de la perdre, prier le soleil puis le fuir, craindre mais sans cesse revenir et tant d’autres merveilleux dilemmes. Comme si la montagne et ce qu’on y fait dessus avaient été inventés pour régler le contraste de nos vies.
Parfois, paradoxes des mots et de la verticalité ont la bonne idée de se rejoindre. Il en naît des alliances encore plus improbables. Le solo à deux.
Le solo à deux, c’est parcourir la montagne, à deux, ensemble mais sans encordement. Même la difficile, même la dangereuse. Tout seuls les deux, voisins d’évasion. Tantôt l’un devant, tantôt l’autre, parfois à côté, ici et là une pause pour se réunir et se souvenir deux. Le baudrier toujours prêt, un brin de corde dans le sac, au cas où, car si la montagne l’exige, on tirera une longueur ou plus, les règles de ce jeu sont souples. On avance vite sans que cela ne soit la priorité du jour, fluidité et efficience sont au rendez-vous. C’est un jeu qui va à l’alpinisme, moins à l’escalade.