La montagne a plus qu’inspiré ce livre devenu succès de librairie. La montagne pyrénéenne, et plus précisément le Couserans dans les Pyrénées Centrales devient vivante au fur et à mesure que l’on tourne les pages de ce dense et lumineux roman. Clara Arnaud y dépeint un tableau ambitieux des étages de la montagne dans tous les domaines : biologique, historique, social, mythique, avec au centre de la toile l’ours, qui cristallise peurs et mystère, qui s’invite au milieu de la montagne contemporaine. L’ours, ou plutôt l’ourse, comme un sujet central où s’affrontent les anciens et les modernes, les bergers et les écologues, nature et culture. Alors, pour paraphraser Bruno Latour, la question n’est pas de savoir où faire atterrir cet encombrant invité, mais de savoir où nous – les humains – voulons atterrir.
l’ours, sujet central entre nature et culture
Autour de l’estive, version pyrénéenne de l’alpage, l’histoire mêle le destin de deux personnages principaux, ponctué par le récit d’un troisième, Jules, montreur d’ours parti d’Aruège chercher fortune grâce à la capture d’un ourson un siècle plus tôt. Jules est la métaphore d’une montagne encore sauvage mais qu’on exploite en opportuniste.
Les deux personnages contemporains, eux, sont un berger, Gaspard, ancien citadin reconverti, et Alma, une éthologue du Centre National de la Biodiversité. L’un se débat dans un monde où l’élevage se cogne à la rentabilité, « où les bergers sont devenus des employés (…) et les brebis des numéros » un monde où il faut toujours plus de
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