«Nous filons à camp IV, c’est le ghetto des grimpeurs de tous bords, de tous poils. À l’époque ils sont un peu les parias du parc, mais une certaine aura les protège. Ils sortent des sentiers balisés, ils flirtent avec le danger… Le camp annonce déjà la couleur : pas une caravane, pas un trailer, des tentes par monts et par vaux, des cordes, des sacs, de la nourriture pendue aux arbres. Les ours savent que c’est ici le meilleur restaurant de la vallée », écrit sur son passage dans le Yosemite Christine de Colombel, ancienne journaliste au Monde et éditrice chez Gallimard et Flammarion.
Ce qui a déclenché son attrait pour la montagne ? Le film Annapurna, premier 8000 de Maurice Herzog. Elle se promet alors d’y aller, se testant d’abord (difficilement) sur l’Eiger en 1967. Ses nombreux textes sur le sujet sont a retrouver dans Voix de femmes au K2, Everest, Voyage au bout du vide ou encore 1 000 mètres de vide. Mais plus récemment, elle nous présente Quand les montagnes reviennent, un livre qui raconte simplement cinquante années d’aventures audacieuses.
Christine de Colombel se livre et nous offre
des moments de voyage au fil des pages
Elle qui a toujours mené de front son travail et l’alpinisme, qui s’est confrontée aux grandes faces nord des Alpes (Eiger, nous l’écrivions, mais aussi Walker et Badile) et qui a affronté l’Himalaya (K2, Shishapangma, Everest…) se confie dans l’ouvrage. Récits factuels, anecdotes de camps de base, récits historiques qu’on lit comme en étant dans les coulisses, contrées à explorer… Christine de Colombel se livre et nous offre des moments de voyage au fil des pages.
Celle qui lisait les livres d’expéditions des plus grands a rédigé le sien. Accompagné de nombreuses photographies d’époque, on plonge avec elle dans son monde. Aux côtés d’Yvon Chouinard, Reinhold Messner, Gaston Rébuffat, Walter Bonatti, Françoise Verny et ses chers Polonais Wanda Rutkiewicz et Yurel Kukuczka, tant de souvenirs nous sont dévoilés.
« Onze heures. Les brumes montent à nouveau dans la face. Elles nous enferment dans un monde cotonneux et nous dissimulent la verticalité du couloir. Deux bombements de glace, un passage en IV et nous débouchons sur une sorte de rampe diagonale, une longueur sous le Headwall, présence fantomatique et inquiétante. Tout ici est éphémère, changeant, instable. » À lire !