La 26ème édition du Festival Aventure et Découverte de Val d’Isère a tenu ses promesses, avec des films qui couvrent tout le spectre de l’aventure, des cinquantièmes hurlants à la face nord des Jorasses. Voici le palmarès et les films que nous avons appréciés.
Vingt-sixième édition et toujours autant de belles rencontres au Festival international du film aventure et découverte de Val d’Isère dont Alpine Mag est partenaire. Des onze films de la sélection officielle on retiendra quelques pépites, pour la plupart récompensées – sauf une. Un festival, c’est une compétition entre des bons, voire des très bons films, et à la fin, c’est Hamid Sardar qui gagne !
Nouria Newman et David Arnaud, prix du public pour Wild Waters.
Le palmarès
Grand Prix, Aigle d’Or : MONGOLIE, LA VALLÉE DES OURS
Directeur de la zone protégée de la Taiga rouge en Mongolie, Tumursukh s’est donné pour mission de veiller à la préservation des espaces naturels comme des animaux sauvages, en convertissant des anciens chasseurs en Gardiens de la Forêt. Une lente évolution des mentalités soudain compromise par l’intrusion d’une famille d’ours dans un village, un ours qu’il va falloir gérer. Après le fantastique Cavalier Mongol le documentariste iranien Hamid Sardar filme à nouveau la Mongolie avec son talent au plus près des acteurs façon « Striptease », la fameuse série docu. C’est un beau film, sans doute pas aussi puissant que son Cavalier Mongol. Certains reprochent aussi à Hamid Sardar d’avoir filmé les ours de trop près avec son drone, une méthode que les naturalistes réprouvent.
Prix du public : WILD WATERS
Dans le monde du kayak extrême, archi-dominé par les hommes, elle fait figure d’exception. Elle, c’est Nouria Newman, une Française de 30 ans qui s’est hissée au plus haut niveau de son sport, pulvérisant les barrières de genre avec un palmarès unique : titres mondiaux, rapides démesurés et expéditions engagées… Nouria déploie son talent sur les rivères du monde entier avec détermination, au milieu d’un monde de testostérone. On a aimé ses aventures engagées notamment quand elle descend en solo la rivière Tarap au Ladakh, une descente où elle a failli rester coincée dans un siphon ! Un film sans doute trop long (1h30) mais dont le public a plébiscité la protagoniste, heureuse sur scène de recevoir le prix du public avec son réalisateur David Arnaud. Vous retrouverez très bientôt Nouria Newman sur Alpine Mag, dans un bel entretien qu’elle nous a accordé.
©Felix et Chépa
Prix Ushuaïa TV : FÉLIX ET CHÉPA
Dubitatifs devant les premières minutes du film montrant Félix divaguant avec son cano-vélo et sa roulotte, nous avons été comme le jury conquis par ce beau documentaire qui nous déplace en Valais, dans le val d’Hérens. Ingénieur, Félix a tout plaqué pour vivre sans contrainte ni projet, tel un Diogène en roulotte. Un mode de vie et de pensée atypiques fait de rencontres, le point-clé du film étant de questionner notre rapport au travail, l’addiction de chacun à la société de consommation. Tel un saddhu occidental, Félix n’a gardé sur soi que le strict nécessaire. Mais contrairement aux moines pélerins du bouddhisme, ou aux saint hommes de l’hindouisme, Félix n’a pas de but. Pas de route, pas d’objectif : aucune boussole, vraiment ? Un membre du jury s’interrogera sur le biais du réalisateur, qui, s’il a rencontré Félix par hasard, n’a pas pu réaliser tout le film sans direction. Présent sur scène, Félix tente de répondre à la question du but, mais nous n’en apprendrons guère plus sur sa vie actuelle, plusieurs années après le film.
Prix Espoir Titra Film : UPURKUSHUN
Les jeunes chamoniards s’éclatent au Pérou, en ridant des sommets de haute altitude. Drôle et dynamique, ce documentaire retrace l’histoire de cette équipe au milieu des Andes perchée sur certaines des plus belles montagnes du monde. Une aventure humaine et sportive portée par la glisse qui a convaincu le jury, et une bonne partie du public ! Sur scène, deux membres de l’équipe sont heureux, mais curieusement éteints, « cuits dur » même. La faute à la nuit passée à la Doudoune, sans doute, haut-lieu de la fête avaline.
Prix technique Alain Estève : DE L’OMBRE À LA LUMIÈRE :
Vous connaissez forcément « De l’ombre à la lumière » qui retrace l’ascension solitaire de Charles Dubouloz aux Grandes Jorasses. « Je pleure parce que je ne sais pas ou j’ai mis la limite… » Voici les premiers mots de Charles Dubouloz après 6 jours d’ascension solitaire en hiver dans la mythique face nord des Grandes Jorasses. Sur scène, le couple Davina et Seb Montaz-Rosset reçoivent le prix technique Alain Estève, une relative déception pour Seb Montaz qui reçoit ce prix pour la deuxième fois consécutive (après Out of the Blue). Un prix qui récompense « les qualités techniques d’un film », qui, malgré tout, méritait sans doute plus.
Mais la concurrence, ou la compétition dans un festival, est redoutable. Loin des Jorasses, le meilleur film que nous ayons vu, et qui repart sans prix, est aussi une histoire de face nord ultime, celle que représente, pour les marins, le Vendée Globe. Ce film, 29 173 NM, est une claque visuelle et sonore. 29 173 miles nautiques : c’est la distance du tour du monde effectuée par Thomas Ruyant seul à la barre de son voilier lors du Vendée Globe. En 2020, le skipper s’est lancé dans la fameuse course avec à son bord un dispositif novateur de captation d’images et de sons. Le résultat ? Un loft story au cap Horn, un huis clos de 80 jours, transcendé par le magnétisme et le chaos des éléments naturels. Une expérience sonore et visuelle extrême, orchestrée par l’artiste vidéaste et compositeur Molécule associé au réalisateur Vincent Bonnemazou, à voir absolument !
Voir les teasers des films récompensés sur le site du FAD