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Nos vies appliquées

Elles s’en contrefichent mais je les aime peu ces choses qui assistent et disciplinent nos existences. Comme si nous ne pouvions plus nous passer d’elles. Les applications.
Au début, elles répondaient gentiment à nos questions puis elles ont décidé qu’il n’était plus la peine que l’on s’interroge. Nous scrutons le monde par leur lorgnette, les nouvelles icônes, et nous attendons qu’elles guident nos bonnes pratiques. La médecine alerte, nos yeux collés aux Retina, nous ne savons plus voir au loin, une myopie d’un nouveau genre est entrée dans nos vies. Rivés sur nos écrans, nous serons pour toujours la génération qui a baissé la tête.
Observez. Un soir, une cité gourmande, les hommes ont le regard bas, vissé sur leur machin qui va leur dire où manger. Autrefois, nous errions, nous humions, nous osions même demander leur avis à d’autres humains, nous écoutions les signes ; parfois nous nous trompions, béhavioristes sans autre bonheur qu’être curieux, sans autre prétention que ne pas savoir. Aujourd’hui, nous allons là où le triage nous dit d’aller et si nous nous trompons, nous sommes comme soulagés de partager l’erreur avec le plus grand nombre. Ces choses forgent notre rapport au monde, dis Siri, dessine-moi des moutons.
Elles nous disent quand tourner à droite, où manger, quoi aimer, comment bat notre cœur et combien de pas danser. Tout ceci est très pratique, penser ne sert plus, vie prémâchée où l’on ne manque de rien sauf d’être surpris. Nous perdons tranquillement l’orientation, la vue, le