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Mont Blanc : comment améliorer la sécurité sur la voie normale ?

Le couloir du Goûter est le passage obligé sur la voie normale du mont Blanc. Soumis aux chutes de pierres naturelles et à celles provoquées par les candidats au sommet, considéré comme l’un des plus meurtriers des Alpes, le couloir du Goûter et plus largement la voie normale du mont Blanc est la cible d’une réflexion de la fondation Petzl afin d’en réduire l’accidentologie. Quelles solutions choisir pour améliorer la sécurité ? C’est l’objet d’une étude dont les résultats viennent d’être communiqués par la fondation.

Bon an mal an, la voie normale du mont Blanc est devenue une des voies les plus populaires des Alpes. En effet, chaque année c’est plus de 21 000 alpinistes qui en tentent l’ascension. Malheureusement, c’est aussi une des voies les plus accidentogènes car les chutes de pierres sont fréquentes dans le tristement célèbre couloir du Goûter. En effet on déplore en une trentaine d’année plus d’une centaine de morts et près de 230 blessés. 

La Fondation Petzl mène depuis une dizaine d’années des travaux scientifiques. Grâce notamment aux études sur les facteurs à l’origine des déstabilisations rocheuses dans le couloir du Goûter menée par Jacques Mourey, un chercheur en géographie de l’EDYTEM Chambéry.

Dans la continuité de cette étude, la Fondation a réalisé en novembre 2020 un questionnaire auprès des alpinistes amateurs et des professionnels sur les solutions à envisager pour réduire les risques sur la voie normale du mont Blanc. Cette enquête menée sur un échantillon de 400 alpinistes de nationalités différentes, qui sont des pratiquants amateurs ou professionnels de la montagne, a reçue 121 réponses exploitables.

Le questionnaire comportait 22 questions, dont 15 étaient des propositions pour diminuer l’exposition au danger du Couloir du Goûter, il fallait y répondre par une échelle de pertinence numérotée de 1 à 10. Au niveau des réponses, on peut voir plusieurs grandes lignes se dégager. Et grosso modo, si les attentes en matière de plus de sécurité sont fortes, les auteurs des réponses ne sont pas prêts non plus à avoir une modification dans un sens ou dans un autre de l’équipement du Goûter. Statu quo ?

Le couloir du Goûter. ©Petzl

Solutions actives ou passives

Tout d’abord, il y a une proposition qui a été plébiscitée avec 89% d’avis favorable. C’est celle d’un horaire plus matinal du train du mont Blanc afin de permettre aux alpinistes de franchir le couloir du Goûter avant 10 heures du matin. En effet les résultats de l’études de Mourey montrent bien que les risques de chutes de pierre augmentent significativement plus on avance dans la journée. Cela serait donc une piste intéressante et relativement facile à mettre en place. Néanmoins, la Compagnie du Mont-Blanc (CMB) en charge du train rappelle qu’une expérimentation a déjà été menée avec un départ à 6h30. « Cela avait été un échec avec seulement 10 alpinistes par jour en moyenne », précise Damien Girardier, directeur d’exploitation à la CMB, qui se dit tout de même « ouvert à une nouvelle expérimentation entre le 15 juin et 10 juillet ». 

les propositions qui ont le moins fédéré les sondés sont celles proposant l’installation d’équipement de protection de type pare-pierre ou de type tunnel

Globalement, les autres propositions qui ont retenu l’adhésion des sondés concerne celles en faveur d’avantage d’information au public. Notamment via les réseaux sociaux et la presse spécialisée en communiquant sur les risques que comportent la traversée du couloir du Goûter, et via la poursuite d’études scientifiques sur les chutes de pierres.

A l’inverse, les propositions qui ont le moins fédéré les sondés sont celles proposant l’installation d’équipement de protection de type pare-pierre ou de type tunnel. De même pour les propositions de restrictions d’accès via l’instauration de permis dans le même principe que ceux délivrés pour l’ascension d’un sommet en Himalaya, ou via l’obligation d’un guide par mauvaise condition qui a reçu 73% d’avis défavorable.

Certaines propositions ont reçu des avis mitigés, comme celles de réduire la fréquentation des refuges ou bien de démonter les câbles dans la traversée et sur l’arête du Goûter.

Au final, les mesures valorisant davantage d’information au public ont eu un grand succès, contrairement aux idées d’aménagement ou de nouvelles réglementations, qui pour la plupart ont été largement rejetées à l’exception de celle de création d’un parc protégé. Ceci posé, la portée de l’enquête est sans doute limitée puisque le chiffre de 121 questionnaires semble peut-être non représentatif par rapport au nombre annuel d’ascensions, tout de même 173 fois supérieur.