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Mont Blanc : l’arête Payot, alternative déconseillée au couloir du Goûter

Mont Blanc. Au centre gauche on distingue le couloir du Goûter, l'arête Payot est la ligne qui sépare l'ombre de la lumière . ©J. Chavy

Dans l’objectif de trouver une alternative au couloir de l’Aiguille du Goûter et ses tristement célèbres éboulements, la fondation Petzl et plusieurs scientifiques ont réalisé un diagnostic sur l’arête Payot, autre itinéraire menant au Goûter. Cette arête Payot pourrait-elle devenir la solution à l’accès au Goûter ? Rien n’est moins sûr.

Passage obligé de la voie normale du mont Blanc, le couloir du Goûter est connu pour être soumis à de fréquents éboulements, le rendant risqué pour les alpinistes. Une alternative au couloir existe, à gauche, et s’appelle l’arête Payot. Mais cette dernière est-elle réellement une bonne alternative ? Selon l’analyse et le diagnostic réalisée par la fondation Petzl et deux scientifiques du Bureau d’Ingénieurs Conseils GEOLITHE, cette arête Payot n’est pas une alternative conseillable pour gravir le Goûter et atteindre le mont Blanc. Voici pourquoi.

Extrait du diagnostic éboulement rocheux de l’arête Payot en lien avec la pratique de l’alpinisme. © Fondation Petzl

L’arête payot peut-elle constituer une voie d’accès
suffisamMent sûre et techniquement accessible
pour la voie normale du mont Blanc ? Les experts disent non.

La question de départ de l’équipe était simple : « L’itinéraire de l’arête Payot peut-elle constituer une voie d’accès suffisamment sûre et techniquement accessible pour le public qui emprunte la voie normale du mont Blanc ? » Après avoir établi un état des lieux rigoureux, basé sur l’expertise d’un géologue et les regards croisés de trois alpinistes, les experts se prononcent par la négative. 

Le diagnostic d’éboulement rocheux en lien avec la pratique de l’alpinisme a évalué que l’arête Payot « présente dans sa partie haute un rocher très délité qui constitue un aléa résultant qualifié de élevé à très élevé », soit un risque de chute de pierres très important. De plus, l’arête est très exposée « dans sa partie médiane aux phénomènes pouvant provenir du versant (tronçons 4 et 5 entre 3500 et 3600 mètres). » Le rehaussement du permafrost serait, d’après les experts, susceptible de particulièrement affecter la zone, la rendant impraticable pour les alpinistes en chemin vers le refuge du Goûter (et le mont Blanc).

Extrait du diagnostic éboulement rocheux de l’arête Payot en lien avec la pratique de l’alpinisme. © Fondation Petzl

D’autres facteurs entre en jeu dans la conclusion des experts qui tend vers l’abandon de l’arête payot comme alternative à l’ascension du mont Blanc : 

➢ La cotation alpinisme de l’arête Payot est de niveau AD, supérieure à la cotation de la voie normale du Goûter.

➢ L’équipement et la purge de sécurisation de l’arête Payot seraient nécessaires pour envisager une fréquentation significative, mais cette solution ne nous paraît ni opportune ni pérenne.

➢ La fréquentation de l’arête Payot engendrera un accroissement de l’aléa résultant sur la traversée du grand couloir de la voie normale du Goûter et donc un risque accru en cas d’usage simultané des deux itinéraires.

➢ Envisager le parcours à la descente de l’arête Payot nous semble particulièrement délicat. Ce parcours présente un risque de chute de pierres très élevé sur l’itinéraire et dans le grand couloir du goûter. Il nécessite également de trouver le meilleur cheminement de descente dans un terrain très délité. La qualité des amarrages à placer est problématique et plusieurs ressauts nécessitent de faire de petits rappels ou désescalade technique.

Dans l’état actuel, nous considérons que l’itinéraire de l’arête payot
ne constitue pas une alternative sécurisante et crédible
à la voie normale du goÛter.

L’enseignement à tirer de cette analyse est que le passage constitue clairement une zone exposée pour les alpinistes voulant réaliser l’ascension. De plus, entre 3600 et 3800 mètres d’altitude, les ressauts sont très délicats à grimper, « du fait de la mauvaise qualité du rocher. »

Et la conclusion tient en une phrase claire : « Dans l’état actuel, nous considérons que l’itinéraire de l’arête Payot ne constitue pas une alternative sécurisante et crédible à la voie normale du Goûter. »