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Libres comme l’air

Le livre de l'himalayisme polonais

Ils sont aujourd’hui encore à la pointe de l’himalayisme hivernal : les alpinistes polonais ont pourtant déjà épinglé une bonne partie des 8000 en hiver, au cours de trois décennies flamboyantes. Comme le raconte Bernadette McDonald en précieuse historienne de ce pan méconnu de l’himalayisme, l’Himalaya fut longtemps pour les polonais l’appel d’air qui leur faisait défaut derrière le rideau de fer.

Kukuczka, Kurtyka… le sgrands noms de l’himalayisme polonais ne manquent pas. Si le premier, né en 1948, est connu pour être le second homme, après Messner, à avoir bouclé les quatorze 8000, peu savent que « Jurek » (son surnom) avait coché nombre de 8000 par des voies nouvelles, ou en hiver, avant de trouver la mort en tentant la face sud du Lhotse en 1989. Survivant de cette époque, l’autre géant connu de l’himalayisme polonais est Voytek Kurtyka, auteur de l’ascension peut-être la plus fameuse de l’Himalaya, le Gasherbrum IV avec Robert Schauer, un Kurtyka auquel nous avons consacré un grand portrait. Mais le job de Bernadette McDonald va au-delà : dans son livre Libres comme l’air, la journaliste a fait un travail d’historienne, pour raconter l’épopée de l’himalayisme polonais.

Par Bernadette McDonald, éditions Nevicata, 328 pages, 22 euros.

Pendant les seventies, les Polonais se mirent à gravir les plus hautes montagnes du monde, de préférence en hiver ou par des voies nouvelles. Ils s’appellaient Voytek Kurtyka, Jerzy Kukuczka,Wanda Rutkiewicz, Krystof Wielicki. Comment firent-ils pour partir en expé et devenir les meilleurs du monde, avec leurs zlotys, leur monnaie sans valeur ? Au début, ils partaient en camion, depuis la Pologne, six semaines jusqu’au Pakistan… après avoir repeint des cheminées d’usine pendant des mois pour financer le départ. Au retour, certains revenaient plus riches qu’à l’aller grâce à la contrebande ramenée d’Inde et du Karakoram (des vêtements, disent-ils…) beaucoup finirent par se tuer en réalisant parmi les ascensions les plus dures de l’Himalaya.