Sans bouger, je me demandais combien de temps nous allions résister. Peut-être ne s’agissait-il pas d’un orage mais d’une vaste dépression.
Alain me secouait. Je me suis approché de lui. J’ai dû crier pour qu’il m’entende.
« Alain ! On bivouaque l »
Je n’ai pas compris ce qu’il me répondait II semblait me demander où je voulais que nous attendions.
« On attend ici… On traversera plus tard. »
Il n’a pas dû comprendre puisqu’il m’a désigné de la main les rochers au-dessus de nous. Que voulait-il dire? Si nous décidions de bivouaquer, mieux valait le faire ici, à proximité du couloir. A chaque rafale de vent, nous tentions de nous protéger, mais rien n’y faisait. Le grésil nous frappait le visage et il me semblait que nous ne parviendrions jamais à nous libérer de ses piqûres. Alain m’a fait signe d’approcher. Il criait de toute la force de sa voix, hachant les mots pour mieux les séparer :
« On-ne-reste-pas-là … On-monte! »
Je ne comprenais plus. Qu’espérait-il? D’un geste, je lui al montré tout l’espace autour de nous, la tempête, la neige sans cesse plus serrée et dure. Il s’est approché plus près encore.
«Il faut essayer de monter. Souviens-toi de ce qu’a dit Simond. On y va? »
Alors j’ai revu la cuisine du chalet de Béroux, le poêle à l’entrée, l’échelle qui menait à la grange, les tabourets courts et trapus, Simond qui se taisait et qui m’avait semblé posé là pour toujours.
J’ai
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