Elle a découvert l’escalade à 23 ans. Nasim Eshqi a ensuite décidé d’être la première femme à grimper en extérieur en Iran. Elle a réalisé des voies parmi les plus difficiles du pays, jusqu’au 8b+. La voix de Nasim Eshqi résonne particulièrement à l’heure où la répression contre le mouvement populaire est plus violente que jamais dans la République islamique. La destinée de la grimpeuse iranienne est le sujet d’un très beau documentaire, Climbing Iran, disponible gratuitement sur France TV.
Nasim a les mains ornées de vernis à ongles rose vif. Elle est une pionnière de l’escalade féminine en Iran, particulièrement en falaise. Pourquoi ? Parce qu’en Iran, les femmes grimpent en salle, à des heures fixes, et uniquement entre femmes. « La gravité ne me demande pas quel est mon passeport. Elle vous fait descendre de la même manière, peu importe que vous soyez riche ou pauvre, noir ou blanc, iranien ou italien… ». Le film dresse le portrait d’une femme extraordinaire déterminée à repousser les barrières qui s’opposent à sa passion, qu’elles soient physiques, sociales, psychologiques, géographiques ou idéologiques. Déterminée à changer les choses petit à petit, elle emmène quelques autres jeunes femmes sur les falaises des environs de Téhéran, leur apprenant à grimper et à devenir indépendantes.
Nasim Eshqi.
Née en 1982 à Téhéran, Nasim a commencé par la boxe, et plus spécialement le kickboxing, où elle obtiendra le titre national qu’elle conservera pendant dix ans d’affilée. Le passage de l’art martial à l’escalade s’est fait par hasard lorsqu’elle a été recrutée par son université de Téhéran pour une expédition sur le Damavand (5604 m). Elle découvre alors le monde de la montagne. De là, elle va se tourner vers l’escalade avec un franc succès. Nasim Eshqi a coché certaines des voies les plus difficiles d’Iran comme Mr Nobody 8b+, Pink Panther 8b, ou la grande voie A girl for all seasons en 7b max.
Pionnière, parce que les femmes n’avaient le droit de grimper qu’entre elles, en salle, à l’abri des regards
Laissons lui la parole : » Je n’ai jamais parlé de politique, je suis une grimpeuse, ce n’est pas mon domaine. Mais maintenant, ce sont les droits de l’homme qui sont en cause, et je ne peux pas me taire : les droits de l’homme ne sont pas respectés en Iran et les gens en ont marre parce qu’ils ne sont pas écoutés, ils sont ignorés. »
Nasim Eshqi
En 2019, l’Italienne Francesca Borghetti lui a consacré un documentaire de 52 minutes. Récompensé par le Grand Prix du Jury du festival Femmes en Montagne 2022 et par le Prix du Public au Festival du Film de Trente, le documentaire est désormais gratuitement disponible sur France Télévision.
