Le département de l’Isère subit des intempéries et des crues depuis plusieurs jours. En Oisans, les pluies diluviennes ajoutées à la fonte des neiges ont gonflé les torrents dont celui des Étançons qui a complètement débordé, submergeant la Bérarde et détruisant plusieurs maisons. Centre historique de l’alpinisme, la Bérarde est coupée du monde, les habitants, alpinistes et randonneurs ont été évacués en hélicoptère ce vendredi matin. [Article publié le 21 juin, mis à jour le 22 juin]
Les habitants le craignaient avec les fortes pluies des dernières quarante-huit heures, comme ils en témoignent dans le reportage de nos confrères de France 3. Le hameau de la Bérarde, qui dépend de Saint-Christophe, à 11 km, a été complètement sinistré par les intempéries survenues la nuit dernière. Le torrent des Étançons, issu de la Meije, a débordé, gonflé de surcroît par une fonte des neiges très importante. Il a emporté le pont à l’entrée de la Bérarde. Pis : débordant de son lit, qui le fait tourner à l’ouest, le torrent des Étançons a submergé la Bérarde, emportant plusieurs maisons.
« Depuis 2 heures du matin ce 21 juin, il a été constaté une rupture des aménagements sur le torrent des Étançons (affluent du Vénéon) avec des embâcles importants ayant entraîné des inondations au coeur du hameau de La Bérarde » a communiqué la Préfecture de l’Isère. Sur les vidéos aériennes, on distingue le hameau complètement inondé, avec encore de forts déversements d’eau marron, qui ont détruit murs de séparation et quelques maisons. L’église de la Bérarde est entourée d’eau.
Capture vidéo ©France 3
L’électricité est coupée, de même que la route D530. Le hameau des Étages, en aval, a vu certaines de ses maisons inondées. Ce matin, la Sécurité Civile a effectué des dizaines de rotation d’hélicoptère pour évacuer les habitants de la Bérarde, alpinistes et randonneurs de passage, soit 97 personnes environ. À Bourg d’Arud les campings près du Vénéon ont été évacués hier, tandis que la route est coupée après Venosc. Jusqu’à quand ? Ce qui est certain, c’est qu’une partie de la route a été emportée en aval de la Bérarde (au-delà des Étages).
C’est une catastrophe pour la Bérarde, haut-lieu de l’alpinisme dans le massif des Écrins, versant isérois. Et de nouveaux soucis pour le Parc National des Écrins qui venait justement d’effectuer des réparations sur des passerelles et des réfections de sentiers près de la Bérarde, après les crues et orages de 2023.
Nos pensées vont aux familles, aux habitants et aux socio-professionnels de la Bérarde.
Mise à jour 22 juin
Aucune victime n’est à déplorer ce jour et c’est un miracle au vu de la situation. Le PGHM a réussi à sauver (puis à héliporter) un habitant coincé dans la charpente de son chalet, entouré d’eau. La route a été emportée à l’entrée de la Bérarde, mais aussi aux Étages. Plus bas, St Christophe et Venosc sont isolés, la route a été emportée en amont et surtout en aval, coupant la voie vers Bourg d’Oisans.
Mais pour la Bérarde, son accès, la situation est catastrophique. Les reconnaissances aériennes réalisées ce matin samedi 22 juin montrent que le nouveau lit du torrent des Étançons a ravagé le centre de la Bérarde, emportant plusieurs maisons. L’église de la Bérarde est aux trois quarts détruites. C’est un paysage d’apocalypse pour tous les alpinistes et randonneurs qui ont un jour visité ces hauts lieux.
Le communiqué du Parc national des Écrins
« La situation dans le massif est actuellement très compliquée, avec de nombreux accès routiers coupés. Dans le Vénéon, le hameau de La Bérarde est inondé ; toutes les personnes présentes au village et dans les refuges du Châtelleret, du Carrelet et de Temple Écrins sont en train d’être évacuées par les airs. L’accès routier à Saint-Christophe-en-Oisans et à La Bérarde est en outre impossible jusqu’à nouvel ordre. Même situation dans le Valgaudemar où la route montant au Gioberney est fermée (…). Dans le Champsaur, la route menant aux Auberts est coupée après le hameau des Clots et l’accès au pré de la Chaumette est impossible. En Vallouise, le pré de Madame Carle est sous l’eau dès le pont du Ban, la route menant à Entre les Aygues (vallée de l’Onde) est fermée, tout comme celle menant au parking des Cascades à Freissinières (…). Dans le Briançonnais, l’accès aux vallons du Petit Tabuc (montée vers le lac de la Douche et le col d’Arsine) et du Grand Tabuc est impossible ; les pistes ayant été emportées, la commune a pris un arrêté d’interdiction de circulation motorisée et piétonne dans ces deux vallons.
Il est à noter que le maire de Saint-Christophe-en-Oisans et le préfet de l’Isère ont chacun pris un arrêté interdisant de se rendre dans la zone sinistrée du haut Vénéon-La Bérarde en raison des risques pesant sur les personnes (bâtiments menaçant de s’écrouler, impossibilité de franchir les torrents…).»
D’autres infos ici.
À lire, les témoignages recueillis par Thomas Pueyo, la Bérarde, le jour d’après (23 juin)
La lien vers la cagnotte Leetchi
