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Au coeur du Pérou sur le Huayhuash trek

Camp Huayhuash : du bleu et de l’ocre sur fond de monts embrumés. ©Léa et Laurent Thévenot

La Cordillera Huayhuash est un joyau des Andes Péruviennes. Sa haute altitude la rend plus exigeante et plus sauvage que sa voisine la Cordillera Blanca. Six de ses sommets culminent à plus de 6000 mètres, dont le Siula Grande (6344m), rendu célèbre par le récit de l’alpiniste Joe Simpson : La mort Suspendue. Le long du trek, cinq cols culminent au-dessus de l’altitude du mont blanc. Ces derniers dominent des vallées isolées aux paysages époustouflants. Réunissant glaciers titanesques et lagunes d’émeraude, ce trek est considéré comme l’un des plus beaux et des plus difficiles au monde. Carnet de voyage. 

Léa et Laurent Thévenot, fidèles arpenteurs des sommets alpins reviennent sur leur trek de sept jours, réalisé au cœur de la Cordillera Huayhuash au Pérou en septembre 2019… Un trek longtemps tenus à l’écart à cause de son éloignement de ses semblables dans la très touristique Cordillera Blanca et d’un contexte politique instable dans les années 1990. Aujourd’hui, le tour de la Cordillera Huayhuash se démocratise de plus en plus, mais reste une alternative sauvage au coeur des Andes péruviennes. 

 

Jour 0 : Faux départ

Après 6h de voyage d’abord sur une bonne route goudronnée, puis une piste bien exposée notre taxi s’éloigne. Ce dernier vient de nous déposer au départ de notre périple : Matacancha. Nous et nos sacs à dos, de quoi tenir en autonomie pour 8 jours, il est 11 h. Devant nous, la première journée avec un col à 4600m. C’est parti ! Ah non, il pleut déjà, même pas le temps de marcher 500 mètres… Nous décidons de poser la tente et d’attendre que la pluie se calme. C’est ce que nous ferons, jusqu’à 8h le lendemain matin ! De toute façon Laurent a prévenu, il ne marchera pas sous la pluie. On le sait, en septembre le climat change, la mousson se rapproche, il vaut mieux compter sur les matinées pour marcher au sec. Ambiance escargot pour ce premier jour mais nous sommes heureux et excités de commencer notre aventure et d’enfin mettre des images sur les courbes de niveaux. Seul avantage à ce faux départ, cette première nuit au-dessus de 4000 mètres améliore notre acclimatation.

 

Sur fond de Siula Grande. ©Léa et Laurent Thévenot

Des séracs s’effondrent des glaciers surplombants et se fracassent dans l’eau claire : un spectacle incroyable.

Jour 1 :  Matacancha – Lac Mitucocha – Lac Carhuacocha

 

Nous partons vaillants vers ce premier col. Une mise en bouche musclée qui nous attend pour cette étape car si ce col n’est pas le plus haut, il est le plus raide du trek. On aura rarement marché aussi doucement de nos vies, entre l’altitude et nos sacs, on respire fort. De l’autre côté du col, on découvre une vallée incroyable avec un lac flamboyant qui doit sa couleur à la température de ses eaux. Autre particularité, bien que situé à 100 km du Pacifique et 2500 km de l’Atlantique, les eaux de cette vallée se dirige vers le deuxième ! Arrivé assez tôt au camp 1, nous décidons de doubler l’étape afin de rattraper notre retard accumulé la veille. Le mauvais temps est toujours menaçant en ce début d’après-midi mais c’est optimistes que nous partons vers le col Carhuac que nous franchissons finalement sous l’orage et la neige. Pas étonnant, on a joué, on a perdu ! Mais pas question de dormir à 4600 mètres. Nous accélérons sur la descente, au pas de course. Malgré des chemins boueux, nous arrivons au camp 2 vers 16h sous une légère pluie. Nous montons le camp trempés et fatigués. Bon, cette fois la leçon est retenue, la météo est très instable l’après-midi, il va falloir s’adapter si on ne veut pas finir dans cet état chaque soir.

 

Jour 2 : Lac Carhuacocha – Camp Huayhuash

 

Après un séchage de tente express, nous revoilà sur les chemins. Nous serpentons le long de trois superbes lacs émeraudes qui bordent le flan Est du Siula Grande. Des séracs s’effondrent des glaciers surplombants et se fracassent dans l’eau claire : un spectacle incroyable. Ce jour-là nous dépassons l’altitude de notre si cher Mont Blanc pour franchir le col Portachuelo. Une fois passé, le paysage est d’abord rocheux puis rapidement nous découvrons une nouvelle vallée verdoyante aux milles mousses ! Ces mousses très dures recouvrent le sol, elles ne sont pas gorgées d’eau et nous permettent de marcher en douceur, un régal ! Nous arrivons au camp vers 15h. À peine le temps de poser la tente que la pluie regagne la partie. Au moins cette fois nous ne sommes pas trempés ! Le temps de monter le camp, se faire un thé, préparer à manger, les journées sont bien remplies. Le soir, après une bonne mousse au chocolat lyophilisée, nous prenons une petite heure pour sortir la liseuse, ou regarder un bout de film sur le téléphone et nous sombrons rapidement pour au moins 10 heures de sommeil !

La longue descente avec vue. ©Léa et Laurent Thévenot

Jour 3 : Camp Huayhuash – Viconga

 

On ne se le sait pas encore mais cette nuit-là, nous essuierons les dernières gouttes de pluie du trek. Au levé, une brume glaciale est présente. Petit à petit, le ciel s’ouvre et c’est une belle journée qui se profile. Qu’est-ce ce qu’on était content de découvrir le panorama ensoleillé que nous allions bientôt arpenter ! Le sol pourpre et les montagnes chargées de glace se découpent dans le ciel. Quelle chance que les nuages n’aient pas tout englouti ! Nous saluons une dernière fois le 6000 qui a lui, bien faillit engloutir Joe Simpson. Nous sommes motivés car c’est l’étape la plus courte mais c’est aussi là que la carte indique « Agua Termal » proche du camp visé. Après un nouveau col, nous descendons en direction du lac Viconga et après un barrage nous trouvons le camp et les fameuses sources chaudes. Il est 13 h. Nous profitons enfin d’une après-midi à se baigner et se reposer. Cette bonne douche remonte le moral des troupes.

 

Jour 4: Viconga – Huayllapa

 

La veille en barbotant dans les eaux thermales, on pensait à ce fameux col Coyoc et ses 5100 mètres d’altitude qui nous attendait le lendemain. C’est le plus haut point de passage de notre périple et nous supposions qu’il serait le crux de la journée. Départ vers 8h, comme chaque jour. Après 3 heures de marche nous arrivons au col. La proximité du Nevado Coyoc rendait déjà cette étape mémorable. Nous sentons que l’acclimatation fait son effet et que nous en avons encore sous le coude. Malgré les jours qui s’enchaînent, nous avançons à un meilleur rythme que nous ne l’aurions imaginé. Une fois au col, revigorés par cette imposante masse de glace, nous descendons rapidement vers le camp. Il est 12h. Suite à une rapide réflexion nous décidons de continuer. Après tout, en autonomie on pose la tente où l’on veut, c’est l’avantage. Nous allons vite, mais malgré les kilomètres qui filent, l’heure tourne. Nous dévorons la vallée du Rio Calinca, quittant les glaciers et les plaines jaunies pour retrouver plus de végétations, les cultures et la civilisation ! En effet cette longue journée nous amène au village de de Huayllapa. Perché à 3600 d’altitude, ce point de passage est le plus bas du trek. Une nuit à basse altitude, plus chaude, c’était la motivation pour avancer un peu plus aujourd’hui. Nous arrivons à la nuit tombante après 8 heures de marche. Les deux tiers du trek sont faits ! Nous préparons un bon repas à base de lyophilisé option entrée plat dessert. On vient de gagner 1 jour, il faut manger pour 2 ! Nous nous endormons tout bien posés sur le stade de foot du village, terrain servant sûrement de piste de VVT tellement de creux et de bosses le forme !

 

Jour 1 : Laguna-Pucacocha, les couleurs du Pérou vues du ciel. ©Léa et Laurent Thévenot

Jour 5 : Camp Gushpampa ©Léa et Laurent Thévenot

Jour 5 : Huayllapa – Camp Gushpampa

 

Cette étape s’annonçait courte en kilomètre mais longue en dénivelé. Un col à 4800m et 1200m de D+ pour les chiffres. La fatigue accumulée la veille se fait sentir. Nous quittons lentement le petit village de Huayllapa pour les montagnes, par le chemin des bergers. Il remonte le lit d’une rivière bordée de cactus. Nous traversons de verts pâturages et leurs troupeaux d’alpaga, sérieusement gardés par des chiens. Après le passage venté du col Tapush Punta, nous découvrons un site époustouflant. Le lac de Susucocha sous le glacier du Nevado Raju Collota. L’alliance de la glace, de l’eau et des pierriers colorés, invite à la contemplation. Encore une belle occasion de sortir le drone. Tout proche, le camp pour la nuit est surplombé par ce décor onirique. Depuis le troisième matin il fait beau, nous savourons. Demain c’est notre dernier jour de trek.

 

Jour 6 : Camp Gushpampa – Llamac

On range le dernier camp, un peu nostalgique de tous ces paysages et ces vallées que nous avons parcourues. Nous serpentons le long d’un cours d’eau au lit doré par la rouille. Encore des paysages et des couleurs qui nous surprennent. Nous rejoignons le fond de vallée puis après le passage d’une rivière nous remontons pour rejoindre une ancienne piste d’exploitation minière. En effet, comme à beaucoup d’endroit au Pérou, cette activité économique est très développée. Des mines sont exploitées dans des vallées très reculées et certaines sont situées à plus de 5000 mètres d’altitude. Après une dernière longue descente nous arrivons à Llamac, la petite ville qui marque le point final de notre périple !

 

Bilan :

Nous avions estimé huit jours d’autonomie (ça en faisait des mousses au chocolat lyophilisées) mais finalement six jours et six nuits nous aurons suffi. Bien qu’isolés, nous avons croisé quelques groupes en treks organisés : avec porteurs, cuisinier, mules etc. Chacun son rythme pour ce périple. Laurent est plus habitué à l’altitude, mais pour Léa c’était une première, et cela s’est très bien passé, une chance. C’était une expérience exigeante, demandant une bonne préparation. Les merveilles de cette cordillère sont nombreuses, nous ne pouvons que vous la recommander.

Merci à AdidasTerrex et Looking For Wild pour leurs soutiens.

 

 

Détails organisationnels et techniques

  • Départ en transport en commun depuis Huaraz : 6h de taxi ;
  • Point de départ : Matacancha (ou Llamac : +1 jour de marche) ;
  • Altitude : entre 3600 et 5000 mètres (autour de 4400 mètres en moyenne) ;
  • Nombre de jours pour le trek : entre 6 et 10 ;
  • Distance : environ 90 km ;
  • Dénivelé cumulé : environ 5500 m.
  • Arrivée : Llamac.
  • Permis / droits d’entrées : 75 euros par personne.

Jour 5 : Laguna Susucocha. ©Léa et Laurent Thévenot